Une récente étude internationale révèle un paradoxe troublant : bien que l’espérance de vie continue d’augmenter grâce aux avancées de la médecine moderne, ces années supplémentaires s’accompagnent souvent d’une détérioration de la santé. En moyenne, les individus passent près d’une décennie de leur vie à gérer des maladies chroniques ou des incapacités.
Une décennie en mauvaise santé : le constat global
Selon une analyse publiée dans JAMA Network Open, une personne moyenne consacre aujourd’hui 9,6 ans de sa vie prolongée à des problèmes de santé chroniques. Ce phénomène touche particulièrement les femmes, qui subissent en moyenne 2,4 années de plus en mauvaise santé que les hommes. Cette disparité s’explique en partie par leur espérance de vie plus longue et une prévalence accrue des maladies non transmissibles.
Les maladies non transmissibles, comme le diabète et les maladies cardiaques, jouent un rôle central dans cet écart.
L’impact croissant des maladies chroniques
Le diabète illustre parfaitement cette tendance. Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), 14,3 % des adultes aux États-Unis en souffrent, dont une proportion significative n’est pas diagnostiquée. L’incidence augmente avec l’âge, touchant 3,6 % des moins de 40 ans, mais 20,5 % des personnes âgées de 60 ans et plus.
Les maladies cardiaques restent également une cause majeure de mortalité, ajoutant un poids significatif aux années vécues en mauvaise santé. À cela s’ajoutent les troubles musculo-squelettiques (arthrite, ostéoporose) et les problèmes de santé mentale, qui contribuent largement à réduire la qualité de vie.
Une augmentation de l’espérance de vie, mais pas de la qualité de vie
Au cours des deux dernières décennies, l’espérance de vie mondiale a augmenté de plus de six ans. Toutefois, l’espérance de vie ajustée à la santé, qui prend en compte la qualité de vie, n’a progressé que de 5,4 ans. Cette différence met en lumière un problème majeur : si nous vivons plus longtemps, nous ne vivons pas nécessairement mieux.
Les répercussions économiques de cette tendance sont importantes. Des coûts de santé accrus, une diminution de la participation à la population active et une pression accrue sur les systèmes sociaux et médicaux comme la Sécurité sociale sont autant de défis à relever.
Repenser les priorités : qualité plutôt que quantité
Les auteurs de l’étude appellent à un changement de paradigme : au lieu de se concentrer uniquement sur l’allongement de la vie, les politiques de santé publique doivent désormais viser à en améliorer la qualité. Cela passe par des initiatives visant à prévenir et mieux gérer les maladies chroniques, tout en encourageant le bien-être général.
À mesure que la population mondiale vieillit, il devient crucial de réduire l’écart entre la durée de vie et la durée de vie en bonne santé. L’objectif ultime : permettre à chacun de profiter pleinement de ses années supplémentaires, en bonne santé et avec une qualité de vie optimale.
Illustration : pixabay (cc)
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