Louis-Marie Guénégan, l’un de nos lecteurs, nous adresse une tribune que nous reproduisons volontiers ci-dessous. Ce dernier nous indique : Français, républicain, laïc, démocrate, La Bretagne est mon berceau, la France ma passion, la République ma liberté, la laïcité ma religion, la démocratie mon respect du Peuple, la citoyenneté mon exigence de liberté et de responsabilité.
Tribune : La révolte citoyenne
Aux portes de l’enfer politique, les Français ont peur de l’avenir.
Les citoyens de confession juive quittent massivement la France pour se réfugier en Israël… un pays pourtant en guerre depuis 1948. Les femmes n’osent plus s’habiller comme elles le veulent, ni se promener seule le soir dans la rue, sans évoquer les violences physiques, verbales, les viols, les féminicides. Les forces de l’ordre sont insultées, agressées, au cours d’opérations de maintien de l’ordre de manifestations infiltrées par des black-blocs d’extrême gauche… mais pas seulement, quand on se souvient des affrontements d’une violence extrême sur le site de Sainte-Soline. Des policiers et des gendarmes sont blessés, même parfois tués au cours de contrôles routiers. Sans évoquer les incivilités et violences exercées dans la rue, les transports en commun, les écoles, les cabinets médicaux, etc…souvent par des mineurs munis d’armes blanches.
La lutte des classes sociales de l’époque communiste a pris de nos jours l’allure d’une lutte de générations entre les « jeunes » et les « vieux » dans une société individualiste. Un comportement clairement affiché lors de la pandémie du Covid 19, envisageant même la possibilité d’un confinement différencié avec des règles plus strictes pour la population des personnes âgées. En 2021, au cœur de la crise, un sondage d’opinion montre que 56% des Français craignent un conflit intergénérationnel, dont beaucoup parmi les jeunes estiment que les « vieux » sont « irresponsables », « égoïstes », « vulnérables », une population stigmatisée. L’explication n’est pas tant pour des raisons médicales mais pour prévenir des effets économiques, du fait que la crise pouvait générer une situation de pénurie, nécessitant de facto une obligation de partage ! Peut-on accepter cette philosophie de la société ? Quel sera le futur de la génération de ces jeunes d’aujourd’hui quand ils seront devenus âgés ? Sur le principe du système des retraites par répartition, comment seront payées leur retraite si les cotisations des actifs ne le permettent plus ?
Français, républicain, laïc, démocrate, je ne peux plus supporter cette dégradation vertigineuse de la vie sociale, qui se traduit par l’inaction des passants ou des usagers pour venir en aide aux victimes d’agressions, non pas par indifférence mais par peur d’être pris pour cible. Les Français sont les témoins quotidiens de l’insécurité publique, la démission coupable des parents de mineurs délinquants, de la loi imposée par la guerre des gangs de narcotrafiquants, semant la mort en pleine rue et jusque chez soi, comme la mort de Socayna, tuée dans sa chambre par une salve de tirs d’arme de guerre qui a touché son immeuble proche d’un point de deal.
Que fait la Police ? Ce qu’elle peut avec des effectifs de terrain amputés des tâches administratives. Près de 70 % des fonctionnaires de police expliquent ne plus pouvoir faire face à leur charge de travail, tous services confondus. Les services de police croulent sous les saisines du parquet « en raison d’un nombre considérable de dossiers qui engorgent ces services pour un résultat vain ». Le découragement ressenti par le comportement clément de la justice face à des prévenus mineurs, théorisant l’éducation sociale à la condamnation pénale, anéantit l’autorité de la Police et fragilise l’autorité de l’Etat.
Face à ce sujet, et combien d’autres aussi préoccupant en France, la déculpabilisation des gouvernements est déconcertante et coupable, par la sempiternel référence à l’Etat de droit, la liberté d’expression, la liberté de circulation, le respect des droits de l’Homme et de la laïcité, ayant depuis des décennies laissé progresser une idéologie wokiste, l’insécurité intérieure, l’immigration incontrôlée et clandestine, le recul de la laïcité, amplifié par la démission compréhensible des professeurs à l’enseigner dans les écoles de la République, le rejet croissant de l’influence française en Afrique par des régimes soutenus financièrement, politiquement, militairement, appelée son « pré carré », quand l’explication officielle était que la présence de la France dans ces pays africains devait éviter l’exportation du terrorisme islamique sur le territoire français. Or les militaires Français sont expulsés du Burkina-Faso, Centrafrique, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, faisant dire aux officiels Français et au Président de la République, Emmanuel Macron, qu’il s’agit d’un « malentendu », d’une « campagne de désinformation ».
Cette situation traduit en réalité la désinformation menée envers les citoyens Français depuis des décennies, en cachant la vérité de l’impuissance de la France à faire échec au djihadisme parce que le terrorisme se nourrit des problèmes locaux dans les pays faibles, comme en France où il piétine l’Etat de droit, exploitant la libre expression, la liberté opinion, la libre circulation, et notre narcissisme comme « le pays des droits de l’homme » et le seul pays laïc au monde sous le régime d’une République. A ce stade d’aveuglement du monde réel en pleine mutation idéologique, civilisationnelle, sociologique, scientifique, politique, géopolitique, notre arrogance enferme la France dans un isolement diplomatique international.
S’ajoute à la dévalorisation de la politique étrangère de la France, la dégradation de l’économie et l’effondrement des finances publiques. Des situations toujours justifiées par nos dirigeants comme les effets et les conséquences de circonstances exceptionnelles auxquelles la France a été confrontée au 20ème siècle : le choc pétrolier de 1973, la crise financière de 2008, le Covid 19 de 2020 à 2022, la guerre en Ukraine depuis 2022… alors que l’OCDE établit le classement par PIB des pays les plus riches du monde en 2023 : Etats-Unis, Chine, Japon, Allemagne, Inde, Royaume-Uni, la France en 7ème position (5ème en 2010).
En plagiant Georges Clémenceau qui déclarait en 1887 à la suite d’un incident diplomatique avec l’Allemagne, à l’origine de la tension militaire entre les deux pays qui débouche sur la guerre de 14/18 : « La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires », ne faut-il pas se rappeler cet avertissement en considérant aujourd’hui que la « démocratie est une chose trop sérieuse pour la confier à la politique » ?
C’est précisément la situation dans laquelle la France se trouve maintenant, par des initiatives politiques inappropriées. La plus conséquente, pourtant considérée comme l’étendard de la démocratie française, est la décision du général de Gaulle de constituer une République « monarchique », usant de l’argument démocratique et de son aura historique pour faire voter les Français par référendum en 1962, d’élire le Président de la République au suffrage universel, lui conférant un pouvoir discrétionnaire.
Pour revenir à l’actualité politique de la France, la dissolution de l’Assemblée nationale entraîne de facto une crise politique. Si la crise politique est inévitable dans le cas d’une cohabitation, parce que la majorité parlementaire est représentée par la minorité présidentielle, aujourd’hui, il n’y a pas une situation de cohabitation, ni de majorité parlementaire ni de majorité relative. La situation a donc pour effet de favoriser une crise de régime et une crise institutionnelle. Le Président bénéficie d’un pouvoir discrétionnaire par la Constitution, substituant la démocratie en autocratie, en sanctionnant le Parlement d’une dissolution selon sa volonté, confisquant ainsi aux citoyens le pouvoir de souveraineté nationale. Une perversion de l’esprit gaullien quand on reprend le discours du général de Gaulle à Bayeux le 16 juin 1946 :
«…/… la rivalité des partis revêt chez nous un caractère fondamental, qui met toujours tout en question, et sous lequel s’estompent trop souvent les intérêts supérieurs du pays. Il y a là un fait patent qui tient au tempérament national, aux péripéties de l’histoire et aux ébranlements du présent, mais dont il est indispensable à l’avenir du pays et de la démocratie que nos institutions tiennent compte et se gardent, afin de préserver le crédit des lois, la cohérence des gouvernements, l’efficience des administrations, le prestige et l’autorité de l’État. C’est qu’en effet le trouble dans l’État a pour conséquence inéluctable la désaffection des citoyens à l’égard des institutions. Il suffit alors d’une occasion pour faire apparaître la menace de la dictature ».
Le Président est ainsi devenu le « guide suprême » de l’Etat, au détriment de la séparation des pouvoirs du Gouvernement, du Parlement, et indirectement de l’autorité judiciaire, en plaçant le Ministère public, le Parquet, sous l’autorité du Garde des Sceaux. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) considère d’ailleurs que le Parquet français ne présente pas les garanties d’indépendance et d’impartialité requises pour en faire une autorité judiciaire. Cette position dominante et discrétionnaire du Président de la République, au regard des dispositions constitutionnelles, a eu pour effet au cours de la Vème République, de placer le Conseil constitutionnel comme l’autorité de tutelle de l’Etat, disposant ainsi aujourd’hui d’un pouvoir de censure politique de l’Exécutif sur des dispositions législatives, un « pouvoir des juges ». Le général de Gaulle n’avait d’ailleurs jamais accepté de reconnaître la compétence de la Cour européenne des droits de l’homme : « En France, la seule Cour suprême, c’est le peuple français ».
Les décisions politiques (ou souvent plutôt les non-décisions), se paient aujourd’hui avec les intérêts de retard, après 60 ans… de crises de foi dans la démocratie, incitant Emmanuel Macron à déclarer le 9 juin 2024 la dissolution de l’Assemblée Nationale, une quasi situation de procédure de redressement judiciaire, un constat qui aurait dû en toute responsabilité, le contraindre à démissionner. Emmanuel Macron s’est pris « les pieds dans le tapis » ayant servi à glisser toute la poussière de la Vème République !
Par la nomination du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron a entériné sa doctrine politique caricaturale du « en même temps », par la nomination d’un ministre de la justice de gauche, Didier Migaud, et un ministre de l’intérieur de droite, Bruno Retailleau, ce qui revient à favoriser l’immobilisme et une confrontation stérile dans un gouvernement de crise, traduisant bêtement et politiquement que la justice est une idéologie de gauche et l’ordre une idéologie de droite !
Par cette déclaration de dissolution de l’Assemblée nationale, le Président de la République ostracise les 3/4 de l’électorat ne les considérant pas comme… des citoyens européens, s’adressant en démocrate… aux autres Français, avec l’accent gaullien « J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l’Assemblée nationale », c’est-à-dire en langage subliminal, il intimait aux (mauvais) Français de modifier leur choix électoral pour faire siéger des députés pro-européens à l’Assemblée Nationale… donc partisans de ses ambitions européennes.
Pour la deuxième fois en 20 ans, les citoyens Français sont déboutés de leur choix politique par un Président de la République (François Mitterrand, Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron) n’acceptant pas la mise en cause de l’avenir de l’Europe. Rappelez-vous le sort du vote des Français au référendum de 2005, refusant par 55% des suffrages le traité établissant une Constitution pour l’Europe, sous la présidence de François Mitterrand qui n’a pas ratifié les résultats du vote. N’ayant pas l’intention de procéder à un nouveau référendum sur le projet européen, à peine modifié par le traité de Lisbonne, le 4 février 2008 Nicolas Sarkozy réunit en Congrès à Versailles le Parlement, afin d’approuvé la révision constitutionnelle, obtenant 560 votes pour, 181 contre, et 152 absentions. La France peut ratifier le projet de Constitution pour l’Europe.
Français, républicains, laïcs, démocrates, il n’est pas possible de continuer à accepter une atteinte aussi grave et récurrente à la démocratie et au fonctionnement des Institutions. Il s’agit bien de cela quand le syndicat de la magistrature affiche le « mur des cons » dans ses locaux ; quand une tribune publiée le 14 juin 2024, accompagnée d’une pétition, est signée par plusieurs centaines de cadres de l’Éducation nationale affirmant qu’ils désobéiraient en cas d’arrivée du Rassemblement National au pouvoir ; quand la Ministre de l’Education nationale déclare que « « La théorie du genre, elle n’existe pas, elle n’existe pas non plus dans ce programme évidemment », réfutant ce concept wokiste, en réponse à son ministre délégué à la Réussite scolaire qui avait affirmé la veille devant le Sénat : « Je m’engagerai personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles ».
Il n’y a que deux attitudes en réponse à cette dérive politique et identitaire : se résigner ou se révolter. Ce choix nécessite la lucidité, la liberté de pensée et d’opinion, la fierté d’être Français ou d’avoir épousé en « secondes noces » la culture française.
Lé révolte citoyenne reste une définition pacifique et civique, conforme à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, issue de l’esprit des Lumières, définissant les droits « naturels et imprescriptibles » que sont la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l’oppression, et reconnaissant l’égalité devant la loi et la justice, ainsi que le principe de la séparation des pouvoirs.
Légitimement, les Français peuvent donc s’inquiéter à juste titre en assistant au triste spectacle de perversion qui commence à gangréner les services publics, la remise en cause de la laïcité, l’effondrement de l’économie, l’abolition de la souveraineté nationale des citoyens au profit de L’Union européenne, l’étouffement de la parole et de la libre expression, dès lors qu’elles « indisposent » la théorie du politiquement correct et la bien-pensance de gauche, et qu’elles dénoncent la déconstruction méthodique de l’histoire de la France. Pour paraphraser le concept woke de Simone de Beauvoir « on ne naît pas femme, on le devient »… on naît Français et on le reste.
Louis-Marie Guénégan