L’insuffisance cardiaque, souvent perçue comme une pathologie touchant principalement les personnes âgées, affecte de plus en plus les adolescents et jeunes adultes âgés de 10 à 24 ans à travers le monde. Une étude publiée dans The Lancet basée sur les données de l’étude mondiale Global Burden of Disease (GBD) de 2021 met en lumière une augmentation notable des cas et des années vécues avec une incapacité (YLDs) dues à cette pathologie dans cette tranche d’âge, entre 1990 et 2021. Ces tendances alarmantes appellent à une intervention ciblée et urgente.
Des chiffres en hausse
En 2021, 2,79 millions de jeunes souffraient d’insuffisance cardiaque, une augmentation significative par rapport à 1990. Les taux de prévalence ont également augmenté, passant de 125,5 à 148,1 cas pour 100 000 habitants. Bien que les hommes soient plus touchés que les femmes (158 cas pour 100 000 contre 137,6), les deux sexes montrent une progression similaire au fil des décennies.
Les jeunes adultes âgés de 20 à 24 ans affichent la plus forte augmentation de la prévalence, tandis que les adolescents de 10 à 14 ans restent la tranche d’âge la plus représentée en termes de cas totaux.
Les causes principales
L’insuffisance cardiaque chez les jeunes diffère des formes observées chez les adultes plus âgés. Les principales causes identifiées sont :
- La cardiomyopathie et la myocardite (32,7 % des cas en 2021).
- Les malformations cardiaques congénitales (27,3 %).
- Les cardiopathies rhumatismales (23,8 %).
Fait notable, les cardiopathies rhumatismales ont légèrement diminué depuis 1990, probablement en raison des progrès en matière d’hygiène et de prévention. En revanche, les cas de cardiomyopathies ont augmenté, en partie grâce aux avancées technologiques facilitant leur diagnostic, comme l’imagerie par résonance magnétique.
Disparités régionales et socio-économiques
Les tendances varient considérablement selon les régions et les niveaux de développement :
- Les pays à revenu élevé, comme les États-Unis et la Suède, affichent les taux de prévalence les plus élevés, liés à une meilleure détection.
- Les pays à indice socio-démographique (SDI) intermédiaire montrent les hausses les plus marquées, notamment la Chine, où les changements économiques et l’amélioration des soins de santé ont favorisé une identification accrue des cas.
- Les pays à faible SDI semblent sous-estimer le problème, faute de ressources et de systèmes de santé performants.
Vers une aggravation d’ici 2030
Les projections indiquent une hausse continue des cas d’ici 2030, atteignant près de 3 millions de jeunes affectés. Cette tendance soulève des inquiétudes quant à l’impact économique et social de l’insuffisance cardiaque dans cette population.
Les chercheurs appellent à des mesures urgentes pour endiguer cette crise :
- Renforcer la prévention : Des campagnes de sensibilisation sur les facteurs de risque, tels que l’obésité, le diabète et l’hypertension, sont cruciales.
- Améliorer le diagnostic précoce : Investir dans des outils de détection comme l’imagerie avancée et des tests génétiques.
- Adapter les soins : Développer des traitements spécifiques pour les jeunes souffrant de cardiomyopathie ou de malformations congénitales.
- Privilégier l’éducation prénatale : La prévention des malformations cardiaques congénitales passe par un suivi prénatal renforcé, notamment dans les régions défavorisées.
L’augmentation de l’insuffisance cardiaque chez les jeunes reflète un défi de santé publique souvent négligé. Les solutions existent, mais elles nécessitent une volonté politique et des investissements conséquents. Cet enjeu global interpelle tant les pays développés que ceux en développement, et une approche concertée pourrait inverser cette tendance préoccupante.
Illustration : DR
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