Depuis l’été 2023, la fermeture nocturne des urgences de l’hôpital de Carhaix (Finistère) (appelée « régulation » par des autorités qui refusent de mettre des mots sur les maux) crée une pression intenable sur les sapeurs-pompiers de la région Centre-Ouest Bretagne. Lors d’une réunion organisée le 10 décembre 2024 par le syndicat CGT du service départemental d’incendie et de secours (Sdis) au centre de secours de Carhaix, les pompiers ont dénoncé une situation qui menace directement leur capacité à assurer leurs missions et alerte sur le risque croissant d’un drame.
Une surcharge opérationnelle alarmante
La fermeture nocturne des urgences oblige les pompiers de Carhaix et des communes voisines à transporter les patients vers des hôpitaux situés à des heures de route. Les trajets, auparavant limités à 30 minutes, s’étendent désormais sur trois heures pour des destinations comme Brest, Quimper ou Guingamp. Ces missions prolongées mobilisent plusieurs pompiers et un véhicule, réduisant considérablement les effectifs disponibles pour répondre à d’autres urgences locales.
Cette surcharge de travail impacte particulièrement les pompiers volontaires, qui cumulent déjà leurs interventions avec un emploi principal. Fatigués par des nuits d’intervention prolongées, ils peinent à concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales avec leur engagement au service des secours.
Une réouverture urgente des urgences réclamée
Les pompiers, soutenus par le syndicat CGT, réclament une réouverture immédiate des urgences de l’hôpital de Carhaix en service 24h/24. Ils demandent également des renforts pour pallier la pression croissante sur leurs équipes. La situation acutelle compromet non seulement la rapidité des interventions, mais aussi la sécurité des populations et des pompiers eux-mêmes.
Les représentants syndicaux insistent également sur la nécessité de recruter 96 nouveaux pompiers pour alléger les rythmes de travail dans les grandes casernes du département, notamment à Quimper, Brest, Concarneau et Morlaix, où des gardes de 24 heures aggravent la fatigue. La transition vers des gardes de 12 heures est perçue comme une solution essentielle pour améliorer les conditions de travail et prévenir les risques d’accidents liés à l’épuisement.
La situation soulève des inquiétudes quant à la sécurité des habitants. La réduction de la capacité d’intervention rapide pour des situations critiques, comme les incendies, pourrait entraîner des conséquences graves. Les pompiers redoutent un drame inévitable si des mesures ne sont pas prises rapidement.
Cette situation met également en lumière un déséquilibre des priorités : tandis que les pompiers sont accaparés par des missions de transport prolongées, d’autres urgences locales restent en attente, augmentant les risques pour la population.
Les conditions de travail des pompiers volontaires et professionnels se dégradent. Leurs efforts pour maintenir un service de secours efficace malgré les contraintes actuelles se heurtent à des limites physiques et psychologiques. Les nuits de garde, souvent suivies de journées de travail, créent une fatigue chronique qui, selon les syndicats, pourrait entraîner des accidents.
Le syndicat CGT appelle l’Agence régionale de santé (ARS) et le médecin-chef de Brest à débloquer les moyens nécessaires pour rétablir les urgences à Carhaix et renforcer les effectifs des pompiers. Les pompiers insistent sur le fait que leur rôle principal est de répondre aux urgences locales et non de pallier les défaillances du système hospitalier. Dans quelle langue faut-il parler pour que le peuple du Centre-Bretagne se fasse entendre d’une administration aveugle, en plus d’être sourde ?
Illustration : DR
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