Comme à chaque fois que nous avons l’occasion de découvrir un pays suite à un évènement (ici, les manifestations en Géorgie et le premier match de Coupe d’Europe du RC Vannes), nous en profitons pour vous proposer d’autres articles et reportages, touristiques et historiques, sur le pays visité. On commence avec le cadre géorgien, c’est à dire son histoire. Ci-dessous.
Nichée entre les montagnes du Caucase et les rives de la mer Noire, la Géorgie est un pays dont l’histoire, à la fois ancienne et tumultueuse, a façonné une culture unique. Ce petit territoire, à la croisée des grandes civilisations, séduit par sa profondeur historique et sa résilience face aux défis imposés par son emplacement stratégique.
Les origines antiques : une terre de légendes
L’histoire de la Géorgie commence bien avant l’ère chrétienne. La région était habitée dès la préhistoire par des peuples proto-géorgiens, et elle apparaît dans la mythologie grecque sous le nom de Colchide, célèbre pour l’histoire de Jason et des Argonautes à la recherche de la Toison d’or. Ce récit légendaire illustre déjà l’importance stratégique et symbolique de la Géorgie comme terre de richesses et de mystères.
Au 4ᵉ siècle avant J.-C., le royaume d’Ibérie se constitue dans l’intérieur des terres tandis que la Colchide prospère sur la côte ouest. Ces royaumes, bien que distincts, partagent une culture et une langue qui posent les bases de l’identité géorgienne.
L’adoption du christianisme : un tournant majeur
L’histoire de la Géorgie prend une nouvelle dimension au 4ᵉ siècle après J.-C., lorsqu’elle devient l’un des premiers pays au monde à adopter le christianisme comme religion d’État, peu après l’Arménie. Cette conversion, sous l’influence de sainte Nino, ancre la Géorgie dans la sphère culturelle chrétienne et la distingue des puissances environnantes souvent zoroastriennes ou musulmanes.
Le christianisme devient un élément central de l’identité géorgienne, et les magnifiques églises et monastères qui parsèment le pays témoignent de cette période. Les monastères troglodytiques de David Gareja et la cathédrale Svetitskhoveli, à Mtskheta, aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, incarnent cet héritage spirituel.
L’âge d’or médiéval : puissance et rayonnement
Entre le 11ᵉ et le 13ᵉ siècle, sous le règne des Bagratides, la Géorgie atteint son apogée politique et culturel. Sous la direction de rois comme David IV le Reconstructeur et la reine Tamar, la Géorgie devient un royaume puissant et influent dans la région.
Cette période voit la création d’œuvres littéraires majeures, comme Le Chevalier à la peau de panthère de Shota Rustaveli, un chef-d’œuvre épique qui demeure un pilier de la littérature géorgienne. Sur le plan architectural, les églises et les forteresses construites durant cette période témoignent de la richesse et de la sophistication du royaume.
Cependant, cet âge d’or est interrompu par l’arrivée des envahisseurs mongols au 13ᵉ siècle, suivie par d’autres invasions dévastatrices, notamment celle de Tamerlan.
Une lutte constante pour l’indépendance
Du 16ᵉ au 18ᵉ siècle, la Géorgie devient un enjeu entre les grandes puissances de la région : l’Empire ottoman et la Perse. Les guerres constantes, les invasions et les divisions internes affaiblissent le pays. Pour survivre, certains royaumes géorgiens se tournent vers une nouvelle puissance montante : la Russie.
En 1783, le roi Héraclius II signe le traité de Gueorguievsk, plaçant le royaume de Kartl-Kakhétie sous la protection de la Russie. Cependant, cette alliance se transforme rapidement en annexion. En 1801, la Russie incorpore officiellement la Géorgie dans son empire, mettant fin à plusieurs siècles d’indépendance.
La Géorgie au 20ᵉ siècle : de l’espoir à la répression
Après la chute de l’Empire russe en 1917, la Géorgie déclare son indépendance en 1918. Cette période, bien que brève, voit la mise en place d’une république démocratique. Cependant, en 1921, l’Armée rouge envahit le pays, et la Géorgie est intégrée de force à l’Union soviétique.
Pendant l’ère soviétique, la Géorgie subit une répression culturelle et politique, mais elle reste un bastion de dissidence. C’est aussi la patrie de Joseph Staline, un paradoxe souvent embarrassant pour le pays.
La fin de l’URSS en 1991 marque un nouveau départ, mais les premières années d’indépendance sont marquées par des conflits internes et une grave instabilité économique.
Une renaissance moderne
Malgré ces défis, la Géorgie a su se réinventer au 21ᵉ siècle. Sous l’impulsion de réformes ambitieuses, notamment après la Révolution des Roses de 2003, le pays a modernisé ses infrastructures, attiré des investisseurs étrangers et développé son tourisme. Aujourd’hui, la Géorgie est connue pour ses paysages époustouflants, ses vignobles (la Géorgie est l’un des berceaux historiques de la viticulture) et sa gastronomie unique. La capitale, Tbilissi, est un mélange fascinant d’architecture médiévale, soviétique et contemporaine, témoignant de l’histoire complexe du pays.
La Géorgie reste à la croisée des chemins, partagée entre ses aspirations européennes et ses relations complexes avec la Russie. Pourtant, son histoire prouve qu’elle a toujours su surmonter les défis grâce à la résilience de son peuple. Découvrir la Géorgie, c’est plonger dans une mosaïque culturelle et historique qui ne cesse de fasciner.
Voici une bibliographie sur l’histoire de la Géorgie, en français, qui pourra vous aider à approfondir vos connaissances sur ce sujet passionnant :
Ouvrages généraux:
- Histoire de la Géorgie de Nodar Asatiani (Éditions L’Harmattan) : Une introduction complète à l’histoire de la Géorgie, de l’Antiquité à l’époque contemporaine.
- Histoire de la Géorgie : La clé du Caucase de Pierre Razoux (Perrin) : Une analyse approfondie de l’histoire géorgienne, avec un focus sur les enjeux géostratégiques.
- Géorgie de Stéphane Dugast (Que sais-je ?) : Une synthèse concise et claire sur l’histoire, la culture et la société géorgiennes.
Illustration : DR
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Une réponse à “La Géorgie : une histoire riche et complexe au carrefour de l’Europe et de l’Asie”
Staline était un tyran épouvantable, mais une partie de son oeuvre n’est pas si condamnable. Aux premiers temps de l’URSS, en tant que commissaire aux nationalités, il a cherché à protéger l’identité des peuples de l’empire russe, ce qui n’était pas évident dans le climat uniformisant du communisme. C’est d’ailleurs ce que Poutine reproche à Staline, plus encore que ses crimes, qu’il admet du bout des lèvres.
Béria était aussi natif de Géorgie, ou plus exactement d’Abkhazie, territoire occupé par la Russie depuis une trentaine d’années.