Le magazine Elle est choquée et le fait savoir sur Tik Tok ! A Borkum, île allemande de 5000 habitants au large de la mer du Nord, s’est tenue le 2 décembre dernier une manifestation de 200 à 300 femmes. Celles-ci protestaient contre les autorités médiatiques et policières du continent, coalisées contre une coutume de Noël un peu loufoque.
Chaque année, le 6 décembre, au jour de la Saint Nicolas, sont désignés parmi les jeunes hommes célibataires de l’île, 6 « Klaassohm », littéralement les « tontons Nicolas », en patois frison. Ces jeunes gens revêtent des bottes, une tunique blanche à rayures rouges et de grands masques archaïques en peau de mouton et plumes de mouette qui les rendent méconnaissables. Un septième jeune se travestit en femme et tous font la tournée nocturne des lieux publics de l’île : le but est d’y capturer avec l’aide d’« attrapeurs » les jeunes femmes qu’ils y rencontreraient et de leur infliger une série de fessées non contractuelles, à l’aide d’une corne de vache. Pour tout dédommagement, les « victimes » ont droit à un gâteau de miel fait maison. En fin de soirée, après quelques bières et des combats rituels entre garçons, la troupe se rend sur le « pilier des jeunes » pour se jeter dans la foule, un peu comme dans un concert punk-rock.
Cette tradition de l’Avent est attestée depuis 1830, mais elle est probablement plus ancienne : le scénario de la fête évoque des rites primitifs de fécondité et mélange humour bon enfant et traits plus inquiétants, comme dans d’autres folklores européens. Mais nous sommes maintenant au 21ème siècle et ce genre de grivoiseries passent de moins en moins.
Nos ancêtres étaient des punks
En 2023, la chaîne publique ARD a envoyé une équipe de reporters pour enquêter, mais sous couverture, car les locaux refusent tous contacts avec des médias jugés inquisiteurs.
Les journalistes d’Etat ont pu tout de même recueillir trois témoignages anonymes de femmes plus ou moins consentantes au départ et qui n‘ont pas bien vécu l’expérience du Klaasohm, il est vrai propice aux débordements alcoolisés.
« J’ai vraiment pleuré, raconte la première, et en même temps, j’étais en colère contre moi-même parce que je me suis demandé pourquoi j’étais allée avec eux, pourquoi j’avais écouté les autres plutôt que mon intuition. Et alors je les ai tous maudits ». Pour la deuxième, sa fessée non méritée a été administrée de façon si énergique qu’elle en a gardé des « bleus » pendant plusieurs jours. La troisième a été la plus traumatisée : surprise dans la rue à la date fatidique, elle a réussi à échapper à des hommes qui auraient tenté de l’emmener de force dans une camionnette ; après avoir frappé l’un d’eux au visage pour se dégager, elle s’est vue traiter de « vache folle », insulte qu’elle n’arrive pas à digérer et qui semble l’avoir autant marquée que la tentative d’enlèvement elle-même.
Bien que qualifié de « douteux » par le maire de Borkum, le reportage de l’ARD a eu des répercussions politiques.
Christine Arbogast, secrétaire d’État de Basse-Saxe en charge des Affaires sociales, s’est saisie du dossier et a posé des limites à l’édition 2024 : « Celles qui veulent être fessées pourront l’être et celles qui ne le veulent pas doivent être respectées ».
Message reçu 5 sur 5 par l’association des jeunes de Borkum, prête à faire de progrès dans la culture du consentement : elle s’est excusée pour les « actions des années précédentes » et a promis de ne commettre à l’avenir « aucune forme de violence à l’égard des femmes ».
Alors qu’elles n’ont enregistré aucune plainte à ce sujet au cours des 5 dernières années, les autorités policières ont pris également les choses au sérieux : « Ce sera tolérance zéro », a prévenu le porte-parole de la police du Land dans une déclaration à l’agence de presse DPA. « Suite à un grand intérêt médiatique dépassant les frontières régionales, la police a sensiblement accru sa présence sur l’île. La fête de Klaasohm 2024 s’est déroulée pacifiquement, nous sommes satisfaits » », a confirmé le chef de la police de Borksum après le 6 décembre.
La majorité des femmes de Borkum restent toutefois attachées à cette coutume qu’elles jugent drôle et excitante. En manifestant contre l’hystérie édiatique, elles ont également eu à coeur la réputation des garçons de leur île, caricaturés en adeptes de la « culture du viol ».
Enora
Le reportage en allemand de l’ARD, avec force musique inquiétante
Illustration : DR
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5 réponses à “Les femmes de Borkum réclament leur traditionnelle fessée de Noël”
Merci de l’annonce ! l’année prochaine je sais ou je prendrais une semaine de vacance !
On a des truc aussi loufoques chez nous comme la fête des Pailhasses à Cournonterral dans l’Hérault. Une Réunion des jeunes gens déguisés pour faire peur à l’origine et qui date de plusieurs siècles. Costume de cérémonies s’abstenir, sinon grosse note de pressing.
Une coutume absolument idiote ! Einstein avait entièrement raison de dire que la bêtise humaine est sans doute la seule chose infinie dans l’univers …
Après ces protestations, comment s’étonner que les jeunes n’osent plus tenter de faire un bébé?
Sympa cette tradition toujours prisée par les femmes locales…Mais attention, il faut fesser gentiment et avec amour, voire caresser…Et en plus çà réchaufe !