La politique, c’est d’abord de l’argent (appui du CAC 40 pour la présidentielle et les législatives), ensuite des entrées dans les médias, enfin un pouvoir de nuisance. Les cadres et les militants font le reste… Lors d’une récente convention, les responsables de l’UDB ont fait part de leur insatisfaction quant au déroulement des élections législatives de juin-juillet 2024 qui ont suivi la dissolution. « L’UDB avait décidé de ne pas y participer, faute de temps et surtout dans un contexte où l’émotion primait et où le risque d’être écrasé était évident. » (Le Peuple breton, septembre 2024). Gael Briand s’est montré plus précis : « L’UDB a choisi, face à un risque très fort de voir le Rassemblement national gagner des circonscriptions en Bretagne, de soutenir la démarche du Nouveau Front populaire dès l’annonce de la création de cette coalition, et donc de ne pas présenter de candidats. C’était, selon les chefs à plumes parisiens, la condition sine qua non pour négocier. La « négociation » a pourtant tourné court avec les états-majors qui n’ont pas considéré que l’UDB était un parti suffisamment important pour participer à l’attelage. Résultat : Paris a une nouvelle fois partagé des circonscriptions non pas en fonction de la capacité des forces politiques à gagner selon la sociologie électorale locale, mais en fonction du poids politique présumé de chacun. » (Le Peuple breton, septembre 2024)
Gael Briand s’empresse de souligner les inconvénients présentés par cette absence de candidats : « Ce coup politique du Nouveau Front populaire a des conséquences budgétaires sur l’UDB, qui perd à la louche 30 000 euros annuellement (les législatives financent les partis politiques). » Effectivement, la règle est fixée par la loi n°88-227 du 11 mars 1988. Une première fraction est attribuée aux partis et groupements qui ont présenté des candidats ayant obtenu chacun au moins 1 % des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions ; avec l’alliance Régions et peuples solidaires, être présent dans cinquante circonscriptions est possible et obtenir ces 1 % l’est tout autant. En 2024, la “tarif“ était de 1,64 euro par voix chaque année. Précisons simplement que la seconde fraction est attribuée aux partis et groupements politiques qui ont des députés et des sénateurs.
Mobilisation générale pour les prochaines élections législatives
Il faudra donc éviter de se laisser rouler dans la farine la prochaine fois. C’est ce qu’explique Gael Briand : « Il est clair que ce “coup“ sera unique et que le NFP devra y réfléchir à deux fois quand l’UDB présentera ses candidats un peu partout en Bretagne. » (Le Peuple breton, septembre 2024). Notons toutefois que 37 circonscriptions, cela signifie 37 candidats et 37 suppléants – donc 74 militants. Et des réserves financières car, avant de toucher l’aide de l’Etat, il faut payer les factures…
« Les législatives n’ont guère suscité d’enthousiasme : bien que l’union avec d’autres forces de gauche, au sein du Nouveau Front populaire, ait été perçue comme nécessaire face à la montée du Rassemblement national, elle a laissé un sentiment d’effacement électoral pour l’UDB, et, de fait, d’un non-respect. » Ce constat amène Tifenn Siret, porte-parole de l’UDB, à retirer quelques enseignements de cet épisode : « D’abord qu’en politique seul le rapport de force compte et que, à ce jeu-là, l’UDB est trop timorée. D’une façon ou d’une autre, il faut toujours être prêts. Nous pouvons d’ores et déjà affirmer que ce sera le cas pour les prochaines législatives et qu’on ne nous y prendra plus ! Hélas, la politique consiste à démontrer sa capacité de nuire. Il n’y a qu’ainsi que s’ouvrent les négociations. La loyauté de l’UDB ne pèse pas lourd face au rapport de force. » (Le Peuple breton, décembre 2024)
Tifenn Siret apprend le métier : les grosses cylindrées (LFI, PS, EELV, PCF) ne feront pas de cadeau à l’UDB. Une “négociation“ n’est qu’une partie de bras de fer. Le Nouveau Front populaire est un cartel électoral – efficace pour les grands partis – piloté depuis Paris dans lequel l’UDB n’a pas sa place. Enfin, pour être pris en considération, il faut être en mesure de créer un rapport de force favorable ; tout changerait si l’électorat autonomiste tournait autour de 10 %. On n’y est pas.
Bernard Morvan
Illustration : DR
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4 réponses à “Tifenn Siret (UDB) découvre le « rapport de force »”
la raison de vivre (et ça l’a toujours été) de l’UDB c’est empecher l’autonomisme breton d’exister pleinement :
pour 3 raisons :
1) déjà ils scindent son electorat potentiel en 2 (les gens n’aimant pas la gauche ne voteront pas pour eux)
2°) l’UDB fait tout poiour empecher l’emergence d’un parti breton de droite (se rappeler ses manouvers àç l’encontre du Parti Breton)
3) l’UDB fait tout pour rendre impossible un parti breton transverse par son ostracisme
donc c’est bloqué de chez bloqué et ça fait 50 ans que ça dure , à qui profite le crime ?
L’UDB ou les idiots utiles et fiers de l’être !
Les « valets de pisse » des socialistes en Bretagne !
On ne peut courrir deux lièvres à la fois : l’UDB préfère son mantra ‘être de gauche’ à sa raison d’etre initiale ‘être breton’. Et comme la gauche française est jacobine jusqu’au trognon, ils sont pour toujours sur un strapontin éjectable. L’ont ils seulement compris ?