Le 71ème numéro de la revue War Raok vient de sortir. Ci-dessous, l’éditorial et le sommaire;
L’inexorable défense de l’identité bretonne
La notion de communauté ethnique revient plus souvent dans mes propos que celle de citoyenneté. C’est d’abord qu’un grand nombre d’ethnies européennes n’ont pas d’État propre. C’est aussi qu’il s’agit de restituer à un peuple une personnalité dont il est dessaisi, ainsi que les moyens de la développer. La notion de citoyenneté ne répond pas, bien que rapportée à la notion antique, non contractuelle, de civitas elle ait aussi son utilité et sa grandeur. Même la réappropriation d’un territoire national reste secondaire par rapport à la reconquête de l’identité.
Mais cet appel à la communauté ethnique ne doit pas faire illusion. En bien des régions d’Europe, même dotées d’un État, une telle notion ne recouvre plus qu’une réalité très fragile. Il existe un utopisme national qui méconnaît ou sous-estime l’actuelle désagrégation des appartenances traditionnelles, territoriales et communautaires. La réalité n’a que peu à voir avec l’image idéalisée que beaucoup continuent de se faire de leur nation. Les solutions institutionnelles, pour utiles qu’elles soient, ne suffiront pas à tirer les peuples du monde mécanisé où ils se trouvent plongés. Seule le pourrait une forme nouvelle encore à naître sur les ruines des traditions moribondes.
Il faut se garder, aussi, d’exalter un peuple idéalisé, un État idéal où la nation, enfin réconciliée avec son propre destin, accédrait au bonheur parfait, hors des turbulences de l’histoire. Cette projection dans l’avenir d’un État idyllique, dont l’heure n’offre à l’évidence aucun trait, peut justement être qualifiée de « stade infantile du nationalisme ». La rêverie, romantique ou progressiste, sur la pureté et l’éternité d’un peuple, le messianisme écologique confondu avec la saine écologie, le césarisme centralisateur, la croyance en l’universalité d’une langue et d’une civilisation… autant de niaiseries aliénantes qui empêchent un véritable projet national de voir le jour.
Il importe de le souligner, les caractéristiques spécifiques d’une population, sa langue, sa définition ethnographique, ne sont nullement durables par elles-mêmes. Elles ne se maintiennent que tant que le groupe a la cohésion et la volonté nécessaires à leur affirmation et à leur transmission. Dans une société européenne vouée à l’histoire, qu’elle le veuille ou non, par détermination géographique et géopolitique, on ne peut sous peine d’échec méconnaître le risque constant de disparition qui menace la réalité du peuple, fût-il doté d’un État. On doit ici mentionner le cas de notre voisin français : son État, devenu simple contenant, peut parfaitement se maintenir tandis que la population qu’il contrôle se transformera lentement, par le jeu de la croissance effrénée du cosmopole parisien, d’un système d’enseignement homogénéisant et de l’immigration afro-asiatique, jusqu’à la totale dénaturation ethnique de tous ses citoyens. L’ordre social ne va pas nécessairement de pair avec la protection du peuple en tant que tel.
Il importe d’insister également sur la spécification nocive des termes français de « nation » et de « nationalisme ». Au sens strict, « nation » désignant le peuple ethniquement différencié, est « nationalisme » tout service volontaire de ses intérêts. Dans la pratique, le nationalisme a couvert toutes sortes de marchandises, dont le système universaliste anti-ethnique exporté par les Lumières. S’il m’arrive d’employer et de revendiquer le mot, ce sera sans aucune référence aux idéologies « nationalistes » qui ont pu dans le passé se manifester en Europe ou en d’autres points du monde. Il y a autant de nationalismes que de nations. L’emploi occasionnel de ces termes ne saurait devenir une référence dogmatique.
Padrig MONTAUZIER
SOMMAIRE WAR RAOK N° 71
Buhezegezh vreizh page 2
Editorial page 3
Buan ha Buan page 4
Religion
Le christianisme est-il contre les patries ? Page 8
Europe
Les dangereuses dérives de l’Union Européenne page 11
Mythologie celtique
Le cygne page 12
Musique bretonne
Le violon, instrument roi du traditionnel breton page 14
Traditions
Petite histoire du sapin de Noël page 15
Santé alimentaire
L’alimentation : un enjeu culturel majeur page 16
Billet d’humeur
La gauche mondialiste : riche et intolérante page 18
Hent an Dazont
Votre cahier de 4 pages en breton page 21
LES CAHIERS DE L’EMSAV
Frañsez Debauvais, une vie pour la Bretagne 23
Portrait de Frañsez Debauvais page 24
La vie d’un combattant, soldat de la Bretagne libre page 25
Frañsez Debauvais devant les tribunaux français page 29
Histoire de Bretagne
Le vol de la souveraineté bretonne par la France page 31
Nature
La buse variable, un rapace diurne page 35
Lip-e-bav
Le haggis, emblématique de la gastronomie écossaise page 37
Keleier ar Vro
Promotion de l’apprentissage du breton par les adultes page 38
Bretagne sacrée
La tour du Brégain ou ancien prieuré du Brégain page 39.
Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
3 réponses à “Frañsez Debauvais, une vie pour la Bretagne. Le 71ème numéro de la revue War Raok vient de sortir”
Particulièrement apprécié l’article intitulé « La gauche bretonne… la kermesse des illusions » de Goulc’hen Danio de Rosquelfen.Analyse parfaitement exacte, sans outrance et d’une cruelle réalité de cette gauche dite bretonne qui oublie et nie le combat national breton.Strapontin et docile valet de la gauche française anti-bretonne ! La satisfaction c’est qu’elle n’a aucune audience auprès du peuple breton.
Emaoñ o lennañ an niverenn-se(emaoñ=me a zo o lennañ…). Mat-tre eo an niverenn ha plijadur bras ‘zo ganim setu bepred e vo kaset deoc’h priz un enskrivadur.Goude va zad a oa aet d’an Anaon ka’et ‘m-eus niverennoù amzer gwechall Breiz Atao.
Un bon numéro 71 et bravo pour le dossier « Cahiers de l’Emsav ». Cette revue reste une référence pour les nationalistes bretons. Dalc’hit mat ha pell mignoned