Le maire de Carhaix et grande voie autonomiste Christian Troadec réactive son mouvement « Pour la Bretagne » à l’approche des élections municipales de 2026 et des départementales/régionales de 2028. C’est en ce sens qu’il appelle, dans un récent communiqué, toutes celles et tous ceux qui sont attachés à la défense des intérêts et des droits de la Bretagne, des Bretonnes et des Bretons, à une réunion plénière de notre formation politique «Pour la Bretagne » le samedi 14 décembre à 10 h en mairie de Carhaix afin d’évoquer ensemble les solutions à apporter aux difficultés de plus en plus importantes que vit la Bretagne tant au niveau social, culturel, politique, qu’économique »
Et l’édile de Carhaix de rajouter, aux côtés de Michel Hellequin, porte-parole du mouvement :
« Jamais, en effet, depuis des années, nous n’avons subi autant de mauvais coups de la part de l’Etat français. Nous ne pouvons pas rester sans réagir. Yvon Ollivier, auteur bien connu et défenseur des intérêts bretons, viendra nous présenter son « Appel de la société civile bretonne à s’engager aux élections municipales pour défendre la Bretagne ».
Que les autonomistes bretons préparent largement à l’avance les échéances électorales à venir c’est une bonne nouvelle puisque généralement les listes nationalistes bretons se lancent 3 mois avant l’échéance et font, à l’arrivée, un flop monumental, à la grande surprise des dits-candidats qui en étaient à se battre pour savoir qui allait « diriger la Bretagne » avant même le premier tract imprimé. Par contre, on peut légitimement s’inquiéter si LA question qui fâche va être abordée lors de cette réunion du 14 décembre ou est-ce que le mouvement breton va continuer à se croire dans les années 90 quand « la Bretagne montrait à chaque scrutin son allergie au Front National ».
Car soyons clair : contrairement à certains observateurs parisiens, nous pensons que les Bretons sont largement pour l’autonomie de la Bretagne. Les esprits sont prêts. Et c’est là tout le paradoxe des différents scrutins :
les Bretons sont autonomistes alors que les partis autonomistes sont groupusculaires (généralement sous les 3% lors des scrutins électoraux). Et pourtant, et c’est une spécificité bretonne, les idées autonomistes ont gagné les différentes formations françaises représentées au Conseil Régional de Bretagne. Le PS breton est pour l’autonomie, les LR bretons sont pour l’autonomie, les macronistes bretons sont pour l’autonomie et les Verts bretons sont pour l’autonomie.
Aucune de ces formations ne s’affiche « autonomiste » mais elles sont toutes pour l’autonomie,
un vote solennel en octobre 2023 ayant même formellement acté cette caractéristique de la vie politique bretonne.
Toutes les formations politiques présentes sur l’échiquier politique breton sont donc acquises plus ou moins à l’idée de l’autonomie (plus qu’aux idées autonomistes) sauf une : le Rassemblement National. Parti totalement jacobin, centraliste, le Rassemblement National prévoit même, dans son programme, de supprimer les Conseils Régionaux ! Si Marine Le Pen ou Jordan Bardella arrivent au pouvoir, on peut cependant parier que cette lubie néo-bonapartiste née dans les esprits de quelques caudillos parisiens sera jetée aux orties. Si le RN veut déclencher une révolution en Bretagne ou en Corse, elle a ici le bouton adéquat ! Or quand le RN sera aux responsabilités, il devrait avoir d’autres chats à fouetter, entre émeutes de banlieue, sédition gauchiste et sabotage systématique d’une partie de l’administration, que de mettre en oeuvre une suppression des régions que personne ne demande !
Mais revenons à nos autonomistes bretons.
Depuis la disparition d’Adsav (devenu un « think tank » à ce qu’on dit) et de Jeune Bretagne, le mouvement politique et culturel breton est intégralement à gauche. Mais pas à gauche « mod kozh » (ancienne mode), celle qui défendait les travailleurs, mais bien à gauche woke. Le pire du wokisme ! Et puisque le mouvement breton a toujours peur d’être assimilé aux « Breiz Atao », il en fait des tonnes. Selon la légende, les tout derniers défenseurs du bunkers d’Hitler était des Bretons, les derniers défenseurs du wokisme seront sûrement les 10 militants d’une de ceux obscures formation anarcho-nationalistes bretonnes que le monde ne nous envie pas. C’est écrit !
Mythe et réalité
Et puis en Bretagne existe le mythe de la Bretagne « allergique au Rassemblement National », dernier bastion contre « la bête immonde ». Les éditos de Gaël Briand, rédacteur en chef du « Peuple Breton » l’organe de l’UDB, bruisse régulièrement de ce genre de mythe, sans parler des écrits d’
Erwan Chartier, le rédacteur en chef du « Poher Hebdo », l’hebdomadaire du Kreiz Breizh dont Carhaix est la capitale symbolique.
Nous avons, ici, toujours défendu l’idée que la raison principale (mais pas la seule !) des scores moindre du FN/RN en Bretagne par rapport à la France étaient dû au fait que la Bretagne comptait, jusqu’alors, une immigration plus faible que les territoires les plus favorables au RN. Bien entendu, il y a d’autres explications : le poids historique des organisations chrétiennes de gauche type JOC/JAC, le rôle de Ouest-France et du Télégramme, la résistance au jacobinisme viscéral du FN/RN, etc… mais, inutile de chercher des raisons romantiques à cette autre particularité bretonne, la raison principale était bien le « retard » de la Bretagne sur le plan de l’invasion migratoire et uniquement cela.
Immigration : la double peine pour la Bretagne
Or, depuis quelques années, ce retard est largement en train d’être comblé. Nantes, Rennes, Brest, Vannes, Saint-Nazaire, Morlaix étaient des paradis sécuritaires, ils deviennent de plus en plus des villes sous contrôle mafieux. Plus incroyable encore : l’invasion se répand à marche forcée dans les campagnes : Locminé, Pontivy, Loudéac, Hennebont, Redon et bien sûr Carhaix deviennent de plus en plus des endroits où la population « découvre » les bienfaits de l’immigration. Et cette immigration nous arrive à marche forcée car, en plus des « centres pour mineurs isolés » et autres « délestages de la région parisienne », nous avons également l’immigration de l’agro-alimentaire qui va chercher sa main d’oeuvre à l’étranger via des sociétés d’intérim spécialisées. Double peine pour la Bretagne et envahissement à flux redoublé !
La conséquence en est fatale : est-il besoin de rappeler ici les scores du RN et de Reconquête aux dernières élections européennes et législatives ? Ce n’est qu’une question de temps pour que la Bretagne rejoigne les « standards français » en matière de vote RN.
Partant de ce constat, il convient de s’interroger sur la place de la question migratoire dans les débats du 14 décembre prochain. LA question qui fâche. Le problème migratoire n’est pas l’unique cause qui grève le quotidien et l’avenir de la Bretagne mais il les aggrave tous.
Le mouvement breton s’est lancé ces dernières années sur la question du logement. Très bien ! Mais il s’est uniquement concentré sur la question des résidences secondaires. Sans aborder celle des dizaines de milliers de logements occupés par des familles immigrés dans les quartiers populaires des grandes villes. Pourquoi se battre contre les résidences secondaires à Arzon alors qu’il existe des immeubles entiers où aucun breton ne peut ou ne veut plus vivre à Villejean ou Bellevue ? On peut légitimement se demander pourquoi il y a 70,6% de résidences secondaires à Carnac occupées par des parisiens ou des nantais fortunés mais il est criminel de, en même temps, faire silence sur les milliers d’appartements de Bois du Château ou Kervénanec à Lorient occupés par des immigrés.
Mais c’est ça le mouvement breton : toujours en retard d’une guerre, d’une thématique ! Et le réflexe de se mettre la tête dans le sable sur l’immigration-invasion.
Aujourd’hui, les Bretons sont rongés par l’insécurité issue de l’immigration, par les problèmes de logement issus, en partie, de l’immigration, par les changements culturels issus, en partie, de l’immigration mais le mouvement breton, par une sorte de tiers-mondisme issu des années 60-70 réactivé dans les 90’s joue la politique de l’autruche et pense que les immigrés apprendront le breton ou le gallo ou que les émeutes de quartchiers sont une sorte de prolongement de la thématique « Bretagne=colonie ». Totalement hors du temps ! Totalement irresponsable !
Les nationalistes bretons et le « monde comme si »
Les nationalistes corses, avec Palatinu, ont révisé leur positionnement à ce sujet, les Catalans commencent largement à le faire, les Flamands l’ont fait depuis longtemps, les nationalistes irlandais immigration-sceptique d’Aontù viennent de faire une percée significative aux dernières élections irlandaises (et ce après les émeutes anti-immigration de Dublin) mais les formations bretonnes ne réagissent toujours pas et en sont encore à se demander combien de pronoms il faut mettre sur les cases de leurs bulletins d’adhésion. « Le monde comme si ».
Alors qu’en sera-t-il le 15 décembre à Carhaix ? Le sujet qui fâche sera-t-il abordé par un courageux intervenant ou faudra-t-il entendre les mêmes fadaises sur « la Bretagne allergique au RN » que d’habitude ? C’est aujourd’hui qu’il faut faire son aggiornamento sur le sujet ! Christian Troadec sera-t-il assez rebelle pour mettre enfin le pavé dans la mare ?
Mathurin Le Breton
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5 réponses à “Bretagne : Réunion des autonomistes autour de Christian Troadec, va-t-on aborder LE sujet qui fâche ? [L’Agora]”
Grande voie autonomiste !? Hent bras pe mouezh kreñv ?
Et le Parti National Breton ?
Christian Troadec sera-t-il assez rebelle pour mettre enfin le pavé dans la mare ?
E GWIRIONEZ, NE GREDAN KET !
HONNÊTEMENT, JE NE CROIS PAS !
Si, par une « divine surprise », tous ces partis institutionnels s’alliaient dans un Front commun pour arracher l’autonomie de la Bretagne, rien ne changerait véritablement. La même caste de politicards repus et retors, le même poison idéologique des droits de l’homme qui les animent, aboutiraient malgré tout à la disparition de notre identité ethnique et religieuse. Qu’est ce qui est, de nos jours, le plus important ? Un conseil régional qui participe activement au Grand Remplacement ou la préservation de notre socle biologique pour mieux rebondir demain et recouvrer nos droits historiques ?
Absolument d’accord avec le paragraphe Mythe et Réalité. Nous n’étions pas concernés par les égorgeurs depuis la disparition de Carrier à Nantes, Rennes était une aimable ville paisible et de même dans tout le reste. Et oui la JAC et bien sûr la JOC que je connais moins ont contribué à pourrir les esprits. Et on se gargarisait plus de généreuses conneries que de problèmes agricoles. Au XIXe Monsieur le Comte de Kergorlay propriétaire au centre de la Manche organisait avec d’autres des comices agricoles pour améliorer l’agriculture et les races aujourd’hui le patronat apatride exige l’importation de sous races pour nous dégénérer!