Si le Thanksgiving célébré par les Pèlerins en 1620 à Plymouth Rock est souvent considéré comme le premier de l’histoire américaine, une célébration antérieure a eu lieu en Virginie, le 4 décembre 1619. Cet événement, moins connu mais tout aussi significatif, marque une journée de prière et de gratitude des premiers colons anglais à leur arrivée sur les côtes américaines, bien avant l’établissement des traditions associées à la fête moderne.
Une traversée périlleuse vers une nouvelle vie
À bord du navire Margaret, 38 hommes ont bravé une traversée dangereuse de l’Atlantique pour atteindre une terre qu’ils ont nommée Berkeley Hundred, dans l’actuelle Virginie. Ces colons, sous la direction du capitaine John Woodlief, avaient reçu pour instruction de consacrer leur jour d’arrivée à un acte de reconnaissance envers Dieu. Cette journée n’était pas un festin, comme le Thanksgiving moderne, mais un moment solennel de prière et de gratitude.
Les conditions de vie des colons étaient rudes. Indentés par la Berkeley Company, basée à Londres, ils devaient exploiter des terres et cultiver des récoltes pour rembourser leur traversée et garantir leur installation. Leur mission : transformer un terrain de 8 000 acres en un lieu prospère, malgré des défis importants, notamment les conditions climatiques et les relations complexes avec les tribus locales Powhatan.
Un leadership forgé par l’expérience
Le capitaine John Woodlief n’était pas étranger aux difficultés de la colonisation. Survivant de la période de famine de 1609-1610 à Jamestown, il avait tiré des leçons de ces épreuves pour guider cette nouvelle expédition. Son approche pragmatique l’a conduit à sélectionner des colons qualifiés – charpentiers, forgerons, agriculteurs – capables de construire et de maintenir une communauté autonome dans un environnement hostile.
À leur arrivée, ces hommes se sont mis à prier sur les rives de la rivière James, remerciant pour leur survie et la nouvelle opportunité qui s’offrait à eux. Ils ont rapidement commencé à défricher les terres et à ériger des habitations pour établir la colonie.
Les premiers temps de la colonie ont été marqués par des relations relativement cordiales avec certaines tribus Powhatan. Les colons ont même construit une maison pour l’un des chefs locaux, un geste symbolique pour instaurer une cohabitation pacifique. Cependant, cette harmonie n’a pas duré. En 1622, une série d’attaques coordonnées, connues sous le nom de massacre des Indiens de 1622, a dévasté la colonie de Berkeley Hundred, mettant fin à cette expérience communautaire et reléguant son histoire dans l’oubli pendant des siècles.
Une redécouverte historique
Ce n’est qu’au XXᵉ siècle que l’histoire du Thanksgiving de Virginie a refait surface, grâce aux recherches de Lyon G. Tyler, fils du président John Tyler et historien passionné. Ses découvertes ont mis en lumière la signification de cet événement oublié, soulignant qu’il s’agissait d’une célébration religieuse empreinte de solennité, et non d’un festin. En 1958, la tradition a été ravivée par le sénateur de Virginie John Wicker, qui a initié une célébration annuelle sur les rives de la rivière James, à la Berkeley Plantation. Cet événement est devenu un rendez-vous annuel, où l’histoire de ces premiers colons est honorée.
En 1963, le président John F. Kennedy a inclus la célébration de Virginie dans son proclamation de Thanksgiving, rendant hommage à la foi et à la gratitude des premiers colons de Virginie et du Massachusetts. Ce geste a offert une reconnaissance tardive mais essentielle à cet épisode méconnu de l’histoire américaine.
Le Thanksgiving de 1619 rappelle que l’histoire des États-Unis est tissée de récits variés, souvent oubliés, mais essentiels pour comprendre les origines de ses traditions. Il incarne une époque où des hommes et des femmes, malgré des conditions éprouvantes, ont trouvé dans leur foi et leur résilience les moyens de bâtir une nouvelle vie sur un continent inconnu. Ce récit historique mérite de retrouver sa place dans la mémoire collective, aux côtés des histoires plus connues des Pèlerins de Plymouth.
Thanksgiving : une fête emblématique de la gratitude et du partage
Chaque année, le quatrième jeudi de novembre, des millions d’Américains célèbrent Thanksgiving, une tradition riche en histoire et en symbolisme. Cette fête nationale, profondément ancrée dans la culture nord-américaine, est l’occasion de rendre grâce pour les bénédictions reçues tout en partageant un moment privilégié en famille ou entre amis. Mais quelles sont les origines de cette célébration, et que symbolise-t-elle réellement ?
Thanksgiving remonte au XVIIᵉ siècle, lorsque les Pèlerins anglais, arrivés à bord du Mayflower en 1620, organisèrent un festin pour remercier Dieu et leurs alliés autochtones de leur aide. Après un premier hiver éprouvant, la récolte abondante de 1621 permit aux colons de survivre. En signe de gratitude, ils organisèrent une grande fête réunissant les colons et les membres de la tribu Wampanoag.
Thanksgiving ne devint une fête nationale qu’en 1863, lorsque le président Abraham Lincoln déclara un jour de gratitude pour unir la nation divisée par la guerre civile. Depuis, Thanksgiving est célébré chaque année, incarnant des valeurs telles que la gratitude, l’entraide et le partage.
Cette journée est également marquée par des traditions bien ancrées. Aux États-Unis, le repas typique de Thanksgiving met à l’honneur la dinde, farcie et accompagnée de purée de pommes de terre, de sauce aux canneberges et de tarte à la citrouille. Ce repas, souvent préparé avec soin, reflète l’importance de la communauté et des moments partagés.
Illustration : DR
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