Il fut secrétaire d’Etat à la Mer et à la Biodiversité. Son ambition était grande alors : « Moi, je ne cherche pas la visibilité, je veux faire de la France une véritable puissance maritime », lançait-il. Sa méthode : « terrain, terrain, terrain, action » (Le Canard enchaîné, 19 avril 2023). Malheureusement pour lui, conséquence de la dissolution, arrive à Matignon un nouveau Premier ministre, un certain Michel Barnier qui estime le maire de Lorient Fabrice Loher mieux placé pour occuper le poste de ministre délégué à la Mer et à la pêche.
Voilà donc Hervé Berville redevenu député de base, activité qui peut laisser beaucoup de loisirs mais aussi provoquer un indiscutable ennui. Porté par la vague macroniste de 2017, notre Breton du Rwanda fut élu dans un fauteuil dans la circonscription de Dinan grâce à l’enseigne “La République en marche“ – au second tour (18 juin), il écrase le candidat LR Didier Déru (26 834 voix-64,17 %/14 980 voix-35,83 %), mais l’abstention atteint 51,07 %. Au second tour de 2022, toujours candidat de l’écurie présidentielle (Ensemble-Renaissance), il parvient à battre facilement Bruno Ricard (Nupes-EELV) avec 6 000 voix d’avance (29 411/23 264, soit 55,83 %/44,17 %). « On ne se retrouve pas dans une cohabitation mais on n’a pas la majorité absolue. Il faut savoir le dire avec beaucoup d’humilité : les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances au niveau national », reconnaît-il, tout en notant « le score trop important du Rassemblement national » (Ouest-France, Côtes-d’Armor, lundi 20 juin 2024) Effectivement, il a des raisons de se méfier de ce dernier puisqu’au second tour des législatives de 2024 – après la dissolution -, c’est à un candidat du RN qu’il sera confronté. Le secrétaire d’Etat chargé de la Mer et de la biodiversité l’emporte facilement (47 119 voix-63, 63 %), tandis qu’Antoine Kieffer (RN) se contente de 26 935 suffrages (36,37 %). Ce beau résultat, Berville le doit en partie au coup de main du Nouveau Front populaire ; en effet, son candidat Jérémy Dauphin (EELV), arrivé troisième au premier tour (19 685 voix-25,71 %), s’était désisté et avait appelé à voter pour Berville au second – il s’agissait de “faire barrage au RN“. Le soir même, le député sortant et réélu se lance dans un beau discours : « La responsabilité de ma génération est immense. Nous ne pouvons pas continuer à faire de la politique de la même manière. Nous devons agir avec détermination et ensemble. Avec Chantal Bouloux [sa suppléante], je ferai tout pour être à la hauteur et écrire une nouvelle page. » (Ouest-France, Côtes-d’Armor, lundi 8 juillet 2024)
Le retour du clivage gauche-droite
Dans Le Nouvel obs (28 novembre 2024), Alexandre Le Drollec nous explique comment se présente cette « nouvelle page ». Berville se réclame de la social-démocratie et est « partisan de la constitution d’un vaste pôle de gauche capable de l’emporter en 2027 » ; il noue donc des contacts avec François Hollande, Bernard Cazeneuve et Philippe Brun (député PS de l’Eure qui joue les médiateurs entre une partie du Nouveau Front populaire et l’aile progressiste du camp présidentiel). « Le macronisme, c’est fini, tranche le député de Dinan. Nous avons vécu une belle aventure, je ne la regrette absolument pas, elle a permis de nombreux progrès, mais la rivière va rentrer dans son lit et le clivage gauche/droite reprendra ses droits. » Alexandre Le Drollec explique ensuite que Berville est peu à l’aise de voir sa famille politique cohabiter avec la droite « rance, violente et brutale » de Bruno Retailleau (Intérieur) et de Nicolas Daragon (Sécurité du quotidien). Hervé Berville regrette par ailleurs le positionnement de son camp lors de l’examen du budget, qui, en se cramponnant au refus d’augmenter l’impôt, a définitivement glissé vers une droite « orléaniste et bourgeoise ».
A la vérité, le rêve d’un pôle “social-démocrate“ revient périodiquement à la surface. En septembre, on a vu Sophie Errante, députée de Vertou-Clisson, quitter Renaissance-EPR pour aller végéter sur les bancs des non-inscrits. Elle aussi considérait appartenir à l’aile gauche du camp présidentiel et ambitionnait d’ « ouvrir une nouvelle page » (Presse Océan, dimanche 22 septembre 2024). Elle espérait la constitution d’une « coalition centrale autour de Cazeneuve » (Le Monde, dimanche 22-lundi 23 septembre 2024) Trois mois plus tard, on n’a rien vu venir…
Une certitude pour les prochaines élections législatives : les candidats du « pôle social-démocrate » qui ne bénéficieraient pas du soutien de LFI au second tour, voire dès le premier, auront du mal à tenir le choc face au RN et à l’inévitable candidat centriste-libéral (Macron-LR). Le Nouveau Front populaire a montré son efficacité électorale.
Bernard Morvan
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3 réponses à “Hervé Berville ne veut plus être macroniste”
Être de gauche pour Berville, c’est être contre le RN et augmenter les impôts…
BLA….BLA….BLA….la soupe est bonne ! un guignol qui change de monture au milieu de la course, un guignol oportuniste !
Un bouffon macroniste de plus , ils sont interchangeables et totalement incompétents . Ce gusgus ne savait sans doute pas faire la différence entre une lotte et un merlus sur la criée de Lorient ou du Guilvinec. Par contre, la soupe de poissons politique est bonne pour ce godillot woko-centriste.