En Bretagne, l’épisode des Gilets jaunes est tombé aux oubliettes. Sauf à Saint-Nazaire. A tel point qu’on y a organisé un forum consacré au sixième anniversaire du mouvement. C’était l’occasion pour quelques « anciens » d’expliquer pourquoi ils se sont lancés dans cette affaire. Chez les Gilets jaunes, « j’y ai reconnu les miens. Des gens pauvres, sans pouvoir, délaissés, abandonnés. Le peuple s’est réveillé et j’ai voulu en être sans savoir où on allait. J’ai senti de la joie, de la fraternité, l’envie de déplacer les montagnes », se souvient Christel. « En même temps que la colère, on observait des naïvetés au début : un côté bon enfant et la croyance qu’enfin on allait se faire entendre. Mais la répression du gouvernement pour nous faire taire a été une claque, elle a créé de la peur. Oui, il y a eu de la désillusion. Des Gilets jaunes, sans doute désabusés, ont disparu. Qu’avaient-ils dans la tête en partant ? Je l’ignore. Il est resté un sentiment de défaite, car la vie concrète des gens n’a pas changé », complète Ludovic. « Au début, j’ai trouvé de la fraternité. J’ai senti une convergence. Eux comme moi avions le réfrigérateur vide et subissions la hausse du prix de l’essence (…) Chez les Gilets jaunes, j’ai trouvé ma place, j’ai pu m’émanciper, m’exprimer. L’horizontalité m’a séduite », insiste Kty, issue d’une famille « communiste cégétiste » (Ouest-France, Saint-Nazaire, mercredi 20 novembre 2024)
A coup sûr, le Système (classe politique, médias, intellectuels, Medef…) a eu peur devant l’ampleur d’un mouvement qui bénéficiait d’un soutien populaire. D’où une répression sévère qui a permis d’écraser les Gilets jaunes. On n’a jamais osé en faire autant avec les immigrés lorsqu’ils organisent des émeutes – il est vrai que journaux, radios et télévisions auraient pris leur défense et auraient dénoncé les « violences policières ». Prière de ne pas confondre Gilets jaunes et immigrés… Il se trouve tout de même quelques journalistes à tenir un discours qui sort de l’ordinaire. C’est le cas de Xavier Eman : « Je me souviens pour ma part pendant fort longtemps de ces policiers hilares se mettant la main sur l’œil au passage de Jérôme Rodriguez pour se moquer de celui à qui eux ou leurs collègues avaient fait perdre un œil dans une précédente manifestation. Jérôme Rodriguez fait en effet partie, avec également Fiorina Lignier, des 23 éborgnés du mouvement des Gilets jaunes. Aucun d’entre eux n’a obtenu la moindre condamnation, même symbolique, du responsable de leurs blessures. » (Eléments, octobre-novembre 2024) Si Jérôme Rodriguez s’était appelé Adama Traoré, on imagine le tintamarre que les médias auraient organisé…
« Si cela devait repartir, ce serait plus fort encore », prédit Angélique. Car, « pouvoir d’achat, inflation, pauvreté, c’est de pire en pire. La souffrance sociale s’est aggravée en six ans », constate-t-elle (Ouest-France, Saint-Nazaire, mercredi 20 novembre 2024). En attendant, 78 % des Français sont mécontents d’Emmanuel Macron comme président de la République (Ifop, Le Journal du dimanche, 24 novembre 2024).
B. Morvan
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