Le cinéma et le théâtre français perdent une figure majeure. Niels Arestrup, acteur, metteur en scène et réalisateur, est décédé ce 1er décembre 2024 à Ville-d’Avray, des suites d’une longue maladie. Né le 8 février 1949 à Montreuil-sous-Bois, il laisse derrière lui une carrière riche et multiple, marquée par des interprétations inoubliables et une présence singulière, tant sur les planches que sur le grand écran.
Un parcours atypique, entre modestie et grandeur
Issu d’une famille modeste, avec un père danois et une mère bretonne, Niels Arestrup découvre tôt la difficulté mais aussi la richesse de la vie collective. Après des débuts hésitants, marqués par l’échec du baccalauréat et des petits boulots, il trouve sa vocation au théâtre. Formé par Tania Balachova, il s’impose progressivement comme un artiste hors du commun, alternant entre la scène et le cinéma.
Son premier rôle au cinéma dans Miss O’Gynie et les Hommes fleurs (1973) marque le début d’une longue carrière cinématographique. Mais c’est au théâtre qu’il forge d’abord son identité artistique, avant de devenir l’un des visages les plus respectés du cinéma d’auteur.
Une carrière cinématographique et théâtrale couronnée de succès
Niels Arestrup n’a cessé de surprendre, incarnant des personnages souvent complexes, ambigus, voire sombres. Son talent éclate dans des rôles marquants comme celui du père dans De battre mon cœur s’est arrêté (2005) ou du parrain corse César Luciani dans Un prophète (2009), deux interprétations qui lui valent des Césars du meilleur second rôle. Il reçoit un troisième César en 2014 pour son rôle dans Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier, confirmant son statut d’acteur incontournable.
Au théâtre, il s’illustre dans des œuvres majeures comme Diplomatie, où il incarne le général von Choltitz, ou encore Acting, qui lui vaut le Globe de Cristal du meilleur comédien en 2017. En 2020, il remporte un Molière pour son rôle dans Rouge. Ses mises en scène et sa direction d’acteurs, notamment au Théâtre-École du Passage, témoignent de son engagement pour transmettre son savoir.
Avec plus de 50 ans de carrière, Niels Arestrup laisse une empreinte indélébile. Ses rôles puissants, sa voix grave et son regard intense continueront de hanter les mémoires. Acteur de talent, formateur généreux et metteur en scène visionnaire, il restera une source d’inspiration pour les générations futures.
Filmographie de Niels Arestrup
Cinéma
Années 1970
- 1973 : Miss O’Gynie et les Hommes fleurs de Samy Pavel – Yves
- 1974 : Stavisky d’Alain Resnais – Rudolph, secrétaire de Trotski
- 1974 : Je, tu, il, elle de Chantal Akerman – Camionneur
- 1975 : La Passion d’une femme sans cœur de Moïse Maatouk (court-métrage) – Karl
- 1976 : Lumière de Jeanne Moreau – Nano
- 1976 : Si c’était à refaire de Claude Lelouch – Henri Lanot
- 1976 : Le Grand Soir de Francis Reusser – Léon
- 1976 : Demain les mômes de Jean Pourtalé – Philippe
- 1977 : Les Apprentis Sorciers d’Edgardo Cozarinsky – Danton
- 1977 : Plus ça va, moins ça va de Michel Vianey – Vincent
- 1977 : La Chanson de Roland de Frank Cassenti – Le commerçant/Oton
- 1979 : La Dérobade de Daniel Duval – André
Années 1980
- 1980 : La Femme flic d’Yves Boisset – Dominique Allier
- 1981 : Du blues dans la tête de Hervé Palud – Dan
- 1981 : Seuls de Francis Reusser – Jean
- 1984 : Le Futur est femme de Marco Ferreri – Gordon
- 1985 : Signé Charlotte de Caroline Huppert – Mathieu
- 1985 : Diesel de Robert Kramer – Nelson
- 1985 : Les Loups entre eux de José Giovanni – Mike
- 1986 : La Rumba de Roger Hanin – Commissaire Detaix
- 1987 : Barbablù, Barbablù de Fabio Carpi – Gastone
- 1987 : Charlie Dingo de Gilles Béhat – William
- 1987 : Doux amer de Franck Appréderis – Jean
- 1988 : Ville étrangère de Didier Goldschmidt – Gregor Keuschnig
Années 1990
- 1991 : La Tentation de Vénus de István Szabó – Zoltan Szanto
- 1994 : Délit mineur de Francis Girod – Claude
- 1998 : Rewind de Sergio Gobbi – Fabrice Rivail
Années 2000
- 2000 : Le Pique-nique de Lulu Kreutz de Didier Martiny – Jascha Steg
- 2001 : Une affaire privée de Guillaume Nicloux – Le père de Rachel
- 2002 : Parlez-moi d’amour de Sophie Marceau – Richard
- 2005 : De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard – Robert Seyr
- 2006 : Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel – Roussin
- 2009 : Un prophète de Jacques Audiard – César Luciani
- 2009 : L’Affaire Farewell de Christian Carion – Vallier
Années 2010
- 2010 : Elle s’appelait Sarah de Gilles Paquet-Brenner – Jules Dufaure
- 2010 : L’Homme qui voulait vivre sa vie d’Éric Lartigau – Bartholomé
- 2011 : Tu seras mon fils de Gilles Legrand – Paul de Marseul
- 2013 : Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier – Claude Maupas
- 2014 : Diplomatie de Volker Schlöndorff – Général Dietrich von Choltitz
- 2017 : Au revoir là-haut d’Albert Dupontel – Marcel Péricourt
Années 2020
- 2020 : Villa Caprice de Bernard Stora – Luc Germon
- 2023 : Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar – Sergiu Celibidache
Télévision
- 1974 : Messieurs les jurés – Jean-Roger Pasquier
- 1982 : La Cerisaie de Peter Brook – Lopakhine
- 1983 : Mademoiselle Julie d’Yves-André Hubert – Jean
- 2016 : Baron noir de Ziad Doueiri – Francis Laugier
- 2022 : Les Papillons noirs d’Olivier Abbou – Albert Desiderio
Théâtre
- 1981 : La Cerisaie d’Anton Tchekhov, mise en scène de Peter Brook
- 2011 : Diplomatie de Cyril Gély, mise en scène de Stéphan Meldegg
- 2016 : Acting de Xavier Durringer
- 2019 : Rouge de John Logan, mise en scène de Jérémie Lippmann
Illustration : DR
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