Les élections générales en Irlande de cette année marquent un tournant dans le paysage politique du pays. Avec des résultats très serrés entre les trois principaux partis — Sinn Féin, Fine Gael, et Fianna Fáil — le futur gouvernement reste une énigme. L’élection de 174 Teachtaí Dála (TDs) dans les 43 circonscriptions du pays, utilisant le système de représentation proportionnelle par vote transférable, montre à quel point la situation est complexe.
Sinn Féin en tête, mais sans majorité claire
Selon les sondages sortie des urnes, Sinn Féin arrive légèrement en tête des votes de première préférence, devant Fine Gael et Fianna Fáil. Cependant, les deux partis traditionnels, Fine Gael et Fianna Fáil, semblent en meilleure position pour former une coalition, avec un total combiné estimé entre 75 et 80 sièges, juste en dessous des 88 nécessaires pour une majorité absolue au Dáil.
Mary Lou McDonald, leader de Sinn Féin, a qualifié ces résultats de « mandat historique et transformateur ». Elle a néanmoins admis qu’aucun parti n’a de « chemin direct » vers la formation d’un gouvernement. McDonald a également relancé le débat sur l’unification de l’Irlande, déclarant qu’il était urgent de « préparer un référendum sur le changement constitutionnel ».
Fine Gael et Fianna Fáil : une alliance incontournable ?
Simon Harris, Taoiseach et leader de Fine Gael, a qualifié cette élection de « très serrée ». Il a reconnu que déterminer les derniers sièges dans certaines circonscriptions était un défi.
De son côté, le leader de Fianna Fáil, Micheál Martin, a exprimé sa satisfaction concernant la compétitivité de son parti dans toutes les circonscriptions, malgré la montée en puissance de Sinn Féin et des candidats indépendants. Les deux partis traditionnels ont d’ores et déjà exclu toute possibilité de coalition avec Sinn Féin, laissant peu d’options viables pour former un gouvernement.
Le système électoral : un processus complexe et long
Le système de représentation proportionnelle à vote unique transférable en Irlande ajoute une couche de complexité au dépouillement. Chaque bulletin est initialement attribué au premier choix du votant. Une fois qu’un candidat atteint le quota nécessaire, ses votes excédentaires sont redistribués selon les préférences suivantes. Ce processus peut durer plusieurs jours, voire des semaines.
Les premières tendances ont montré que certains ministres pourraient perdre leur siège, un coup dur pour le gouvernement sortant. Cependant, les négociations pour former un gouvernement pourraient prendre plusieurs mois, comme ce fut le cas après les élections de 2020, où un accord entre Fine Gael, Fianna Fáil et les Verts avait mis quatre mois à se concrétiser.
Les enjeux à venir : un gouvernement à construire
Avec une première réunion du Dáil prévue pour le 18 décembre, il est peu probable qu’un gouvernement soit formé avant cette date. La possibilité d’un gouvernement minoritaire dirigé par Sinn Féin, soutenu par des partis de gauche et des indépendants, reste sur la table, bien que difficile à réaliser.
En attendant, les débats sur des questions cruciales comme le coût de la vie, la crise du logement, l’immigration et l’unification de l’Irlande promettent de dominer les discussions politiques dans les mois à venir. Les résultats finaux de ces élections redéfiniront peut-être le paysage politique irlandais pour les années à venir.
Illustration : DR
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