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Marc Mercier : « Le catch était bien plus populaire en France comme en Angleterre dans les années d’après guerre » [Interview]

Si le catch connut son âge d’or avec ses héros, ses antihéros et ses polémiques au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il rencontra en France un succès important pendant les Trente Glorieuses et connaît un nouvel intérêt auprès d’un public toujours plus nombreux depuis le début du XXIe siècle.

Un livre publié aux éditions La Manufacture de Livres évoque cette discipline. Et cce n’est rien moins qu’une légende qui se confie aujourd’hui : Marc Mercier a enchaîné les titres : champion de France, d’Europe puis champion du monde. Entraîné par son père Guy Mercier, figure du catch en France, Marc Mercier raconte la carrière sportive extraordinaire d’une famille. Plus encore il revient sur une discipline finalement méconnue. Il raconte les luttes de son père qui seront aussi les siennes pour la défense et la reconnaissance des athlètes de ce sport.

Son témoignage regorge aussi d’anedoctes sur cet univers et sur le monde du cinéma qu’il a fréquenté tant les passerelles entre les plateaux de tournage et les rings sont nombreuses. Avec Catcheur, Marc Mercier nous plonge aux racines d’un pan entier de la culture populaire française et livre un récit inédit sur le monde du catch.

Pour vous mettre en appétit avant de vous offrir (ou d’offrir) un livre passionnant sur le Catch pour Noël, nous avons interviewer Marc Mercier.

Breizh-info.com :  Vous êtes une légende du catch français, et votre livre Catcheur retrace une carrière exceptionnelle. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce témoignage maintenant ?

Marc Mercier : Je venais de mettre fin à ma longue carrière, qu’elle soit celle de catcheur mais aussi celle d’organisateur et producteur de galas de catch. J’ai pensé que le temps était venu de coucher sur papier mon propre bilan de cinq décennies passées dans cette discipline.

Par ailleurs, si beaucoup décrivent le catch à leur façon, peu de gens connaissent réellement l’univers interne de ce métier du sport spectacle et encore moins ses fondamentaux qui remontent au années 30 en France. Une façon, donc, de donner son historique et de comprendre comment le catch était organisé à l’époque lorsqu’il était au somment de sa popularité ramenant aux organisateur, une manne de rentrées d’argent considérable.

Breizh-info.com :  Votre père, Guy Mercier, a marqué l’histoire du catch en France. En quoi son héritage a-t-il influencé votre carrière et votre vision de cette discipline ?

Marc Mercier : Oui, mon père à marqué l’histoire du catch en France et dans bien d’autres pays. C’est en partie de ce fait, qu’enfant, j’idolâtrais mon père « ce héros ». Je le voyais chaque semaine sur mon écran de télévision. Je constatais le train de vie qu’il nous offrait. De même j’étais en extase par ses successives voitures, plus belles les unes que les autres. C’est à partir de ce moment là que mon rêve de vie est apparut.

Tout jeune et grâce à mon père, je pratiquais une quantité de sport dont bien entendu la lutte amateur. J’avais donc les bases physiques et morales pour accéder plus tard au milieu fermé du catch. Mon rêve ne m’a jamais quitté et j’ai fais en sorte de le réaliser. J’en parle avec détail dans ce livre.

Breizh-info.com :  : Le catch est souvent critiqué pour son côté scénarisé. Pensez-vous que cela nuit à sa reconnaissance en tant que discipline sportive ?

Marc Mercier : Absolument pas ! Le public n’est pas idiot, les fans non plus…Tous savent que c’est un spectacle sportif dangereux. Je crois avoir répondu avec sincérité à cette question dans mon livre tout en livrant avec exactitude le côté scénario des combats. Néanmoins, il faut savoir que ce n’est pas une règle récurrente. Il y à beaucoup d’improvisation aussi lorsque les deux catcheurs sont des professionnels avertit. Il y à, selon les combats, des débordement où ça peut se terminer en pugilat comme ce dernier championnat du monde où j’ai affronté, en 2006, un jeune adversaire qui voulait me briser…Je l’explique aussi en détail dans mon livre.

Breizh-info.com :  Le catch a connu un immense succès en France pendant les Trente Glorieuses. Qu’est-ce qui explique selon vous cet engouement à l’époque ? Vous évoquez un regain d’intérêt pour le catch au XXIe siècle. Comment expliquer ce renouveau, et comment se positionne le catch français face à la domination des fédérations américaines comme la WWE ?

Marc Mercier : Il faut savoir que le catch était bien plus populaire en France comme en Angleterre dans les années d’après guerre. Les catcheurs Américains venaient combattre chez nous afin d’avoir une bonne visibilité via les télévisions. Les organisateurs de catch en France étaient de grands entrepreneurs et brassaient énormément d’argent. La télévision française à contribuée à cette popularisation. Les Zitrone, Coudert, Druker, Chapatte et j’en oublie, se sont fait connaître et son devenus des stars du petit écran grasse au catch.

Malheureusement, ces grands manager/match maker de l’époque, donc les organisateurs de catch, ont tous investit leurs bénéfices dans d’autres domaines que celui du catch. C’est à la fin des années 70 que les américains sont rentrés en piste à coups de millions de dollars afin de créer un concept télévisuel qui inonderait le monde. Ils ont donc crée la WWF devenue quelques années plus tard la WWE. En arrosant les différents pays de la planète en leur livrant une cassette enregistrée par semaine, la France étant l’un des premier pays distribué en 1980, ces derniers ont pris la main !

Si nos anciens organisateurs l’avaient souhaité, ils se seraient associés et mis leur argent sur ce genre de concept dès les années 70 et ils auraient gardé la mains. Mais ils commençaient à être vieux et leur investissement hors catch leur permettait de vivre paisiblement…

Le catch, qu’il soit français ou américain reste du catch, donc, ils auraient pu.

Breizh-info.com :  Votre livre regorge d’anecdotes sur le catch et le cinéma. Pouvez-vous partager une histoire marquante qui illustre la relation entre ces deux univers ?

Marc Mercier :  J’en décris quelques unes dans mon livre. Ce qu’il faut savoir, c’est que lorsque Lino Ventura s’est fait connaître au cinéma, il avait imposé comme régleur des cascades de combats, Henri Coguan, ce même Henri qui avait cassé une jambe à Lino lors d’un combat au Cirque d’Hivers de Paris. De ce fait, Henri Coguan faisait tourner un maximum de catcheur de l’époque.

Ce qui est à souligner c’est que la majorité des grands catcheurs de cette époque étaient aussi connu que les vedettes de cinéma. C’est ainsi qu’un jour, le grand Robert Duranton fût embauché dans un film aux côtés de Louis de Funès. Cette star du cinéma était un professionnel à part entière donc, un homme très concentré sur ses rôles et de ce fait très distant voir antipathique…Duranton qui lui aussi était une star des médias dit à ce dernier, alors qu’il arrivait sur le premier jour de tournage ; « Bonjour, qui êtes vous ? Moi je suis Robert Duranton ! » Cela sous un air très sur de lui et assez hautain. Ce Robert Duranton avait mis au pas la star du cinéma et n’a pas arrêté de le taquiner lors du tournage. Il y à d’ailleurs une scène mythique dans ce film resté dans la mémoire des gens, celle où Duranton fat rouler ses puissants muscles sous une douche de camping à côté de de Funès…

En fin de carrière, certains catcheurs sont devenus garde du corps et chauffeur de stars comme Alain Delon, Jean Paul Belmondo et bien d’autres. Le lien du catch et du cinéma s’est fait comme ça.

Breizh-info.com :  Quelles sont les plus grandes difficultés ou défis que vous avez rencontrés sur le ring, que ce soit face à un adversaire ou dans les coulisses du milieu ?

Marc Mercier : De mon époque, on ne rentrait pas dans le catch comme aujourd’hui. C’était un milieu d’hommes à l’ancienne avec ses propres codes. Il n’y avait pas de sentiments et encore moins de bienveillance. Il fallait avoir un mental d’acier, être combatif, affranchit et laisser parler les anciens qui avaient fait leur preuves. Lorsque vous aviez réussit à y mettre les pieds, il fallait s’attendre à tout même au pire. En ce qui me concerne, j’avais eu cette chance d’avoir été prévenu par mon père. Au moins, je savais où j’allais mettre les pieds et je n’ai pas été déçu ! Il fallait faire ses preuves avant de pouvoir créer un lien plus détendu avec ce monde rustre.

J’ai eu aussi à faire mes preuves de technicien face à des adversaires coriaces qui voulait me casser. Venant de la lutte amateur, je pouvais heureusement contre braquer les attaques et c’est comme ça que je me suis fait un prénom et que l’on à stoppé de m’appeler « le fils de mon père ! »

Breizh-info.com :  Vous mentionnez les luttes de votre père pour la reconnaissance des athlètes. Quels combats menez-vous aujourd’hui pour la défense des catcheurs en France

Marc Merciezr :  Aujourd’hui, j’ai définitivement pris ma retraite du monde du catch. Je travailles pour le cinéma.

En 2006, alors que je venais de prendre le poste de Président de la Fédération Française de Catch, j’ai voulu rétablir les règles que mon père avait instaurées. En effet, victime d’un grave accident de voiture, comme je l’explique dans mon livre, je m’étais éloigné du catch durant de longues années. Lorsque j’ai réapparu, ce monde avait changé et l’anarchie régnait. Les nouveaux promoteurs travaillaient sous couvert d’associations de la loi 1901 et les catcheurs, catcheuses, arbitres et membres techniques étaient rémunérés en espèce, « au cul du camion » ! Plus aucunes assurances sociales n’apparaissaient. Les catcheurs en cas d’handicap grave lors de blessures sur un ring, prenaient le risque de n’avoir aucune assurance sociale, l’accident de travail ne pouvant être déclaré. Ils ne toucheraient aucunes pensions de retraite et ne pouvaient bénéficier des avantages sociaux des intermittents du spectacle, statut dont mon père nous avait fait accéder en 1976 par une loi voté. J’ai alors voulu organiser une réunion au somment avec mes concurrents promoteurs ainsi qu’avec les catcheurs (euses) professionnels. Très peu se sont déplacé et je n’ai pas été entendu. Il y avait trop de petites structures en France et ces promoteurs nouvelle génération faisaient n’importe quoi ! J’ai pourtant combattu durant 16 ans mais sans jamais me faire entendre.

Vu que tous travaillaient dans l’illégalité, la porte était ouverte à tous les excès et de ce fait ces promoteurs ont cassé les tarifs de vente des plateaux de catch rendant notre discipline de moins en moins attirante. C’est d’autant plus dommage car nous avons d’excellents catcheurs en France qui méritent.

En 2006 j’avais pourtant prévenu à maintes reprises que si nous restions comme ça le catch en France s’effondrerait dans les 10 ans à venir, ce qui fut le cas !

Lassé d’oeuvrer dans un monde qui n’était plus celui que j’avais connu, je me suis retiré.

Breizh-info.com : Quels conseils donneriez-vous à un jeune passionné souhaitant se lancer dans le catch aujourd’hui ?

Marc Mercier : Pour commencer il faut arrêter de penser que vous serez embauché comme catcheur star à la WWE. Savoir que déjà si vous vous faites un nom dans notre pays se sera déjà pas mal et cela vous permettra d’aller catcher dans d’autres pays d’Europe. Ensuite, ne pas considérer le catch comme un amusement. Se dire qu’il peut être très dangereux. Avoir un bon mental, un bon physique et un très bon cardio ! Rentrer dans une école de catch et être régulier dans ses entrainement. Enfin, faire en parallèle de la musculation.

Propos recueillis par YV

Illustration : DR
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2 réponses à “Marc Mercier : « Le catch était bien plus populaire en France comme en Angleterre dans les années d’après guerre » [Interview]”

  1. JLP dit :

    Ah l’Ange blanc ! Ah le Bourreau de Béthune ! Hélas, nombre exceptionnel de fautes d’orthographe !!! Au demeurant, un gentil reportage qui aurait eu sa place dans la rubrique « l’objet disparu » de Nicolas Gautier – les lecteurs d’Eléments comprendront.

  2. JLP dit :

    La honte : on me souffle que c’est Nicolas Gauthier…

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