Le 23 novembre dernier, la branche bavaroise du parti Alternative für Deutschland (AfD) a adopté une résolution ititulée « Résolution bavaroise pour la remigration », qui vise à organiser le retour massif des étrangers dans leur pays d’origine et à empêcher les demandeurs d’asile d’atteindre le sol allemand ou européen.
Une réponse radicale à la crise migratoire
La résolution appelle à la création de « zones de protection et de développement hors d’Europe » par l’Union européenne et le gouvernement allemand. Ces zones serviraient à traiter les demandes d’asile loin des frontières européennes, excluant ainsi toute protection sur le territoire de l’UE. De plus, le texte suggère la mise en place de programmes de retour obligatoires pour les groupes jugés « peu aptes ou peu disposés à s’intégrer », tout en promettant un soutien pour leur réintégration et la reconstruction de leur pays d’origine.
Cette initiative reflète un mécontentement croissant au sein de l’Union européenne face à l’incapacité perçue des dirigeants à maîtriser les flux migratoires, qui ont conduit à l’arrivée de millions de migrants illégaux au cours des dix dernières années. L’Allemagne, en particulier, a été confrontée à une série de crimes impliquant des migrants, comme le meurtre d’un policier à Mannheim ou une attaque terroriste à Solingen, ce qui a accru la pression pour des mesures plus strictes.
Une polarisation politique exacerbée
Si l’AfD et d’autres partis anti-immigration, comme le Bündnis Sahra Wagenknecht à gauche, gagnent en popularité, l’ensemble des partis traditionnels allemands rejette fermement cette proposition. Joachim Hermann, ministre de l’Intérieur de Bavière et membre de la CSU (Union chrétienne-sociale), a qualifié le plan de l’AfD d’« inacceptable », le jugeant incompatible avec les principes d’humanité et d’ordre du pays.
Britta Haßelmann, chef de file des Verts au Bundestag, a de son côté dénoncé l’AfD comme une menace pour la démocratie allemande. Elle a souligné que ce parti ne cache plus ses intentions, désormais discutées ouvertement lors de conférences publiques, contrairement à des réunions supposées secrètes, comme celle de Potsdam il y a un an.
Malgré ces critiques, l’AfD continue de nier les accusations des médias et des figures politiques de vouloir expulser des citoyens allemands d’origine étrangère. Ces allégations, largement diffusées par la presse de gauche, ont été démenties, mais elles restent un sujet de controverse dans le débat public.
Un climat politique tendu avant les élections
Avec les élections fédérales prévues pour février 2025, l’AfD se positionne comme le deuxième parti dans les intentions de vote, atteignant 19,5 % selon les derniers sondages. Ce score marquerait un record historique pour le parti à l’échelle nationale, avec une progression de dix points par rapport aux élections de 2021.
Le débat sur l’immigration demeure au cœur des préoccupations des électeurs allemands, et l’AfD capitalise sur cette thématique en proposant des mesures qui séduisent une partie de l’électorat lassée par les politiques migratoires actuelles. La proposition de l’AfD de traiter les demandes d’asile en dehors de l’UE, une idée également évoquée par d’autres dirigeants européens, gagne en écho dans certains cercles conservateurs.
Les idées de remigration et de traitement externalisé des demandes d’asile ne se limitent pas à l’Allemagne. D’autres pays européens, confrontés à des défis similaires, commencent à envisager des solutions comparables pour faire face à la crise migratoire.
Illustration : DR
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