Le constat est alarmant : la France, autrefois moteur économique de l’Union européenne, emprunte désormais à des taux d’intérêt plus élevés que ceux de la Grèce. Ce basculement historique, symbolisé par un taux d’emprunt à 3,05 % pour un échéancier de 10 ans, contre 3,02 % pour la Grèce, traduit la défiance des investisseurs envers l’économie française. Plus qu’un simple chiffre, cette situation soulève des questions fondamentales sur la gestion des finances publiques et sur l’impunité des responsables politiques.
Une gestion économique en déclin depuis des décennies
Depuis la perte de son triple A en 2012, la France n’a cessé de voir sa notation dégradée par les agences spécialisées. Cette lente érosion est le résultat de politiques publiques coûteuses et souvent inefficaces. La crise du Covid-19 a certes accentué les déséquilibres, mais elle n’est que le révélateur d’une dérive structurelle.
Avec une dette publique atteignant 3 228 milliards d’euros, soit plus de 110 % du PIB, la France se retrouve dans une situation où la charge des intérêts pourrait bientôt dépasser les budgets de l’éducation ou de la défense. Malgré ces signaux d’alerte, aucun des dirigeants responsables de cet endettement colossal n’a été inquiété, tandis que les citoyens sont les premiers à en payer le prix.
Des primes de risque en hausse : la défiance des marchés
Le « spread » – l’écart entre les taux d’intérêt français et allemands – a atteint son plus haut niveau depuis la crise de la zone euro en 2012. Si l’Allemagne continue de représenter une valeur refuge, la France est perçue comme politiquement instable et économiquement fragile. Les investisseurs, qu’ils soient chinois, américains ou européens, exigent désormais des primes de risque élevées pour prêter à l’Hexagone.
Cette défiance s’explique en grande partie par l’incapacité du gouvernement à convaincre les marchés de sa capacité à réformer et à stabiliser la situation politique. La dissolution de l’Assemblée nationale et les incertitudes autour du budget 2025 n’ont fait qu’aggraver cette perception négative.
Une France en voie de tiers-mondisation ?
Alors que Bruxelles salue timidement les efforts français pour rétablir ses comptes, les faits parlent d’eux-mêmes : avec un déficit public de 6,2 % du PIB, la France affiche la pire performance de l’Union européenne après la Roumanie. Les promesses de redressement budgétaire peinent à convaincre dans un contexte où la charge de la dette menace directement la souveraineté nationale.
Pire encore, cette spirale de l’endettement renforce l’impression d’une France en déclin, où les priorités nationales sont sacrifiées sur l’autel de politiques clientélistes et de court-termisme. Pendant ce temps, les responsables de cette situation continuent d’échapper à toute forme de sanction, laissant les contribuables assumer les conséquences d’une gestion irresponsable.
Conclusion : un réveil nécessaire avant la catastrophe
Le dépassement des taux français par ceux de la Grèce n’est pas seulement un symbole, c’est un avertissement. La France, autrefois fleuron économique de l’Europe, risque de sombrer dans une tiers-mondisation progressive si elle ne redresse pas rapidement la barre. Cela nécessite non seulement des réformes structurelles mais aussi une responsabilisation des élites politiques, trop souvent absentes lorsque le moment de rendre des comptes arrive. Car il va bien falloir que ceux qui ont géré le pays depuis quelques décennies, n’importe comment, en matière de dépense publique, rendent des comptes, plutôt que de s’en prendre, une fois de plus, aux citoyens et à leurs porte-monnaie. Où est passé l’argent ?
Illustration : pixabay (cc)
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