Si l’Italie connaît bien les joies du multicuturalisme – les gouvernements successifs n’ayant pas de mal à chiffrer la violence des nouveaux arrivants – les révoltes des banlieues, récurrentes de la France à la Suède, n’étaient pas d’actualité. Pas encore. Mais c’est chose faite : à Milan, les bandes ethniques ont enflammé un quartier de la ville après la mort d’un jeune d’origine égyptienne.
Une affaire qui ne peut que nous rappeler les événements similaires que nous connaissons régulièrement, puisque Ramy Elgaml est décédé le 24 novembre lors d’une course poursuite fatale avec les carabiniers, que ses acolytes accusent d’avoir causé intentionnellement. Ils demandent « vérité pour Ramy » en mettant le feu aux poubelles et en détruisant du mobilier urbain et des voitures. Par centaines, ils bloquent les rues, se heurtent avec la police. Quatre personnes, dont une petite fille, ont été blessées.
L’enquête est en cours, mais un refus d’obtempérer est en cause : le jeune homme de 19 ans et un ami voyageaient à toute vitesse sur un scooter et ne s’arrêtent pas à un contrôle de gendarme. Ils empruntent une rue en sens interdit et, dans la course, le scooter s’écrase contre un mur. Ramy Elgaml n’a pas de casque et décédera peu après à l’hôpital. Le conducteur du deux-roues, un Tunisien de 22 ans, blessé, conduisait sans permis : il encourt une accusation d’homicide involontaire. La voiture des carabiniers finira quant à elle, contre les feux de signalisation. Les deux jeunes étaient connus des services de police pour vol et trafic de stupéfiants et portaient sur eux un couteau, plus de mille euros d’argent liquide et un collier en or cassé. Mais pour leurs amis du quartier Corvetto « Ce ne sont pas des voyous« , Ramy était « un innocent » . Le scénario classique qui donne le coup d’envoi aux révoltes ethniques.
Des renforts ont été envoyés à Milan pour réprimer les émeutes encore en cours. Mais tous les journaux italiens, du communiste L’Unità au conservateur La Verità, évoquent les « banlieues francesi« . Une triste réputation pour notre pays, vu comme un repoussoir. Une France qui ne rayonne plus pour ses productions, mais pour son intégration manquée, sa violence, sa perte de spécificité culturelle…
Audrey D’Aguanno
Illustration : DR
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