Face à la pénurie croissante de personnel dans les établissements de santé, et au manque de volonté politique pour trouver une solution humaine (notamment la formation intensive accélérée de personnels en période de « guerre sanitaire, )les robots infirmiers s’imposent progressivement, dans certains pays (USA, Japon notamment) comme une alternative innovante. Déployés dans plusieurs hôpitaux à travers le monde, ces machines intelligentes permettent de soulager les soignants des tâches répétitives, libérant du temps pour les soins aux patients. Mais cette évolution technologique soulève des questions sur la place de l’humain dans le système médical.
Des robots pour épauler les soignants
Des modèles comme Moxi, utilisé dans des hôpitaux aux États-Unis, ou le robot japonais Robear, illustrent parfaitement cette nouvelle tendance. Moxi, par exemple, est conçu pour effectuer des tâches chronophages comme livrer des échantillons, transporter des médicaments ou encore apporter des ordonnances. En Californie, ce robot a déjà permis d’économiser 300 kilomètres de marche aux infirmières en seulement six semaines.
Robear, quant à lui, excelle dans les tâches physiques, comme soulever délicatement des patients pour les installer dans des fauteuils roulants ou des baignoires. Grâce à ses capteurs de pression avancés, il ajuste précisément sa force selon la morphologie du patient, offrant un soutien précieux aux soignants tout en évitant les blessures.
Un gain de temps au service des patients
Les robots infirmiers ne remplacent pas les soignants, mais leur permettent de se recentrer sur leur cœur de métier : le soin et l’accompagnement humain. Des machines comme Hospi, développée par Panasonic, ou les robots de téléprésence, apportent un réel soulagement au quotidien. Hospi gère la distribution des médicaments et peut même laver les cheveux des patients, tandis que les robots de téléprésence permettent aux médecins de consulter à distance, avec des fonctionnalités telles que l’utilisation d’un stéthoscope connecté.
Cette approche collaborative, appelée « cobotique », vise à optimiser les flux de travail sans déshumaniser le soin. Les robots se chargent des tâches ingrates et répétitives, laissant aux infirmiers plus de temps pour écouter, rassurer et accompagner les patients.
Des défis technologiques et éthiques
Si les avantages des robots infirmiers sont évidents, plusieurs questions se posent. Tout d’abord, le coût de ces machines, souvent élevé, constitue un frein pour des hôpitaux déjà sous pression budgétaire. En outre, leur déploiement massif pourrait accentuer la dépendance aux technologies, augmentant les risques de cyberattaques, un problème crucial dans un secteur déjà ciblé par les hackers.
Par ailleurs, le risque de déshumanisation inquiète. Les patients pourraient se sentir réduits à des numéros ou à des dossiers médicaux, une crainte renforcée par la perception des robots comme des outils purement fonctionnels. Pourtant, les créateurs de robots comme Moxi s’efforcent de contrer cette idée en intégrant des interactions sociales : Moxi fait des signes de main, pose pour des selfies et améliore le moral des équipes soignantes.
Avec le vieillissement de la population et la raréfaction des vocations dans les métiers du soin, les robots infirmiers apparaissent comme une solution incontournable. Leur capacité à effectuer des tâches pénibles et répétitives offre aux soignants l’opportunité de se concentrer sur l’humain, préservant ainsi le lien fondamental entre patients et soignants. Ils peuvent également permettre de faire une coupe massive au sein de la bureaucratie et de l’administration hospitalière, qui ponctionne une large partie du budget de la santé, au détriment de la médecine, et des soignants.
Cependant, il reste impératif de trouver un équilibre. Les robots doivent être envisagés comme des outils complémentaires, et non comme des substituts aux professionnels de santé. Le défi est de conjuguer innovation technologique et respect de la dignité humaine, pour que les avancées de demain servent avant tout le bien-être des patients.
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