Le port de pêche de Lorient est au cœur d’une enquête préliminaire ouverte par le Parquet National Financier (PNF) en avril 2024. Cette enquête, déclenchée par un signalement de l’association Anticor 56, vise des soupçons de prise illégale d’intérêts, détournement de fonds publics, recel et blanchiment. Des perquisitions ont été effectuées ce mardi 26 novembre dans les locaux de la société d’économie mixte (SEM) Lorient Keroman, gestionnaire du port.
Un projet international sous le feu des critiques
L’affaire concerne le projet Ker’Oman, une co-entreprise créée pour gérer la construction et l’exploitation d’un port de pêche à Duqm, au sud du sultanat d’Oman. La SEM Lorient Keroman, initialement actionnaire majoritaire de la SAS Ker’Oman, a vu sa participation diluée au profit d’investisseurs privés après l’obtention du marché.
Cette dilution suscite des interrogations, notamment sur l’utilisation de 725 000 euros d’avances remboursables accordées par Lorient Agglomération et la région Bretagne pour financer des études liées au projet. Selon Stéphane Bigata, co-référent d’Anticor 56, ces fonds publics auraient pu profiter principalement à des acteurs privés.
Le signalement d’Anticor cible également un ancien vice-président de Lorient Agglomération, Freddy Follezou, accusé d’avoir intégré le capital de la SAS Ker’Oman peu après avoir quitté ses fonctions publiques. Cette situation est qualifiée de prise illégale d’intérêts par l’association anticorruption.
Une enquête approfondie
Les perquisitions, menées par la police judiciaire de Rennes en collaboration avec l’OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales), visent à éclaircir les conditions de l’attribution du marché, les flux financiers et les décisions stratégiques entourant le projet.
La SEM Lorient Keroman a assuré que la perquisition s’était déroulée « en toute transparence ». Son président, Olivier Le Nézet, n’a pas souhaité commenter davantage.
Fabrice Loher, maire de Lorient et ministre de la Pêche, a appelé à laisser la justice suivre son cours, tout en affirmant sa volonté de voir les faits établis en toute clarté.
Ce dossier soulève des questions sur la gestion des fonds publics et la transparence des projets internationaux impliquant des structures publiques et parapubliques. Alors que Lorient se targue d’être le premier port français à structurer un port de pêche à l’étranger, les retombées de cette enquête pourraient marquer un tournant dans la gouvernance des projets portuaires à l’échelle nationale et internationale.
La suite des investigations permettra de déterminer si des irrégularités ont été commises et si les pratiques mises en lumière appellent des réformes pour éviter de tels soupçons à l’avenir.
Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine