Les importations massives de tomates marocaines continuent de faire débat au sein de l’Union européenne. Malgré les décisions récentes de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) et les préoccupations exprimées par les agriculteurs français et espagnols, la Commission européenne reste étonnamment silencieuse sur les mesures à prendre pour rééquilibrer ce marché. Cette situation met en lumière les failles d’un système qui semble avantager les importations à bas coût au détriment des producteurs locaux.
Des accords de libre-échange contestés
Les accords de libre-échange entre l’Union européenne et le Maroc, notamment leur extension au Sahara occidental, sont au cœur des tensions. Deux affaires majeures, portées par le Front Polisario et la Confédération paysanne, ont récemment été jugées par la CJUE. Les décisions prises devraient entraîner des changements significatifs :
- Les produits agricoles du Sahara occidental ne seront plus considérés comme marocains d’ici un an et ne bénéficieront plus des conditions douanières avantageuses.
- Dès à présent, les tomates issues de cette région doivent porter la mention « Sahara occidental » sur les étiquettes en magasin.
Ces jugements marquent une étape importante pour les défenseurs d’une agriculture équitable, mais leur application reste floue. La Commission européenne n’a annoncé aucune mesure concrète pour contrôler ces importations, suscitant des doutes sur la mise en œuvre effective de ces décisions.
Une hausse des importations marocaines préoccupante
Les chiffres sont sans appel : les importations de tomates marocaines ne cessent d’augmenter. Entre les saisons 2021-2022 et 2022-2023, les volumes importés ont progressé de 7,6 %, atteignant 424 690 tonnes en France. En valeur, cette hausse est encore plus marquée, avec une augmentation de 27,5 %, soit 168 millions d’euros supplémentaires.
Le principal opérateur marocain de tomates cerises revendique une part de marché de 52 % en France, avec des exportations atteignant 60 000 tonnes par an. Malgré ces données alarmantes, la Commission européenne maintient que le marché n’est pas perturbé, une position qui semble déconnectée de la réalité des producteurs locaux.
Des conséquences pour les producteurs européens
Les producteurs français et espagnols subissent de plein fouet cette concurrence. Les coûts de production bien plus bas au Maroc, associés à des conditions douanières avantageuses, creusent l’écart entre les tomates locales et importées. Face à cette situation, les agriculteurs demandent des actions concrètes :
- Un équilibre saisonnier : Réduire les importations de tomates marocaines pendant la pleine saison de production française.
- Des droits de douane adaptés : Réajuster les tarifs pour réduire l’écart de prix en rayon entre les tomates produites localement et celles importées.
- Distinction des calibres : Différencier les droits de douane entre les tomates de petit calibre et les tomates rondes.
- Application stricte des décisions de la CJUE : Exiger un étiquetage clair et une exclusion réelle des produits du Sahara occidental des avantages douaniers.
Un rendez-vous crucial avec la Commission européenne
Un rendez-vous entre les producteurs de tomates français et espagnols et la Commission européenne est prévu dans les semaines à venir. Ce sera l’occasion pour les agriculteurs de réitérer leurs demandes et d’insister sur l’importance de mesures fortes pour protéger l’agriculture européenne.
La question des importations de tomates marocaines illustre les tensions entre une politique commerciale européenne ouverte et la nécessité de préserver les filières agricoles locales. Les décisions récentes de la CJUE offrent une opportunité de rééquilibrer le marché, mais sans actions concrètes de la part de la Commission européenne, ces avancées risquent de rester lettre morte. Les producteurs français et européens attendent des réponses claires et des engagements fermes pour défendre une agriculture locale et durable.
Crédit photo : Orania Beweging
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