À Rome, dimanche, des attaques et autres débordements ont eu lieu en marge des cortèges célébrant la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Une radicalisation qui interroge.
Des manifestants ont jeté aux flammes une photo du ministre italien de l’Éducation Giuseppe Valditara devant le siège du ministère en criant : « Avant d’atteindre la place contre la violence de genre, brûlons le ministre Valditara !« , coupable selon elles d’avoir déclaré que la violence envers les femmes émane d’une grave immaturité narcissique de mâles qui ne peuvent pas supporter les ‘non’, de la diffusion de pratiques qui offensent la dignité des femmes (on pense à la pornographie), de la culture de masse des réseaux sociaux et d’immigrés provenant de cultures sexistes. Une analyse somme toute banale qui a déclenché les ires des féministes : pour ces dernières, Giuseppe Valditara mériterait la mort.
On est un peu loin de l’humanisme vanté par les mouvances progressistes et on se demande en quoi appeler à brûler une personne pour ses dires favoriserait tout discours de « lutte à la violence ». Plusieurs courants féministes dont le collectif Aracné arguent que face aux féminicides, le temps du pacifisme est terminé. Ce que l’on pourrait leur concéder si l’attitude des manifestantes n’interdisait pas clairement toutes tentatives d’analyser lucidement le problème. Et donc d’y apporter des solutions.
Deux jours auparavant, le siège romain de Pro Vita & Famiglia, une association défendant le « droit à la vie » à travers l’opposition au « droit à l’avortement » était attaqué. Cette année, plusieurs personnes cagoulées ont tagué « Rage, Révolte, Vendetta Trans » sur les rideaux de fer de l’association et scellé les volets, remplis les cadenas de silicone pour en empêcher l’ouverture.
« C’est la quatorzième attaque de vandalisme contre notre siège en moins de trois ans. (…) Cette agression a eu lieu à l’occasion de l’anniversaire du Transgender Day of Remembrance et un an après l’assaut de notre siège le 25 novembre dernier, quand 200 participants au défilé contre la violence envers les femmes ont encerclé les bureaux, lancé des objets sur la police, cassé la vitrine et jeté à l’intérieur un dispositif incendiaire. » Jacopo Coghe, porte-parole de Pro Vita & Famiglia.
Cette radicalisation est observée dans de nombreux pays occidentaux. Un climat de haine s’est installé sans que cela ne choque véritablement, la violence des antifas et des féministes apparaissant pour beaucoup acceptable.
Les activistes de « Non Una di Meno » [Pas Une de Moins] ont, quant à elles, expliqué les raisons de leur combat à Sky Tg24:
« Nous sommes ici pour dire que nous devons retirer toutes les armes du patriarcat, des armes qui concernent tous les aspects de nos vies : de la violence des mouvements pro-vie dans les hôpitaux à celle transphobe. Et puis la violence que nous subissons sur les lieux de travail, soit parce que nous sommes harcelés, soit parce que nous sommes constamment sous-payées et employées dans les emplois les plus précaires. Violence que nous subissons aussi dans les écoles où nous ne recevons aucune forme d’éducation transféministe et à la violence que subit la planète sur laquelle nous vivons. »
On a de quoi être sidéré face à la bêtise d’une telle déclaration, victimiste à souhait – la violence des mouvements pro-vie, où ça ? – et qui mélange tout. Mais telle est « l’intersectionnalité des luttes » : ne donner qu’une seule cause (le patriarcat) à un vaste nombre de problèmes (emplois précaires, différences salariales, dévastation de la planète, absence d’éducation transféministe dans les écoles, sic.)
Une mentalité mono-causale qui ne fera certainement pas avancer les choses en matière de lutte à la violence faite aux femmes. Des violences réelles qui doivent être analysées et combattues sur tous les fronts. Des violences symptômes, entre autres, d’une crise de la masculinité, de l’absence de transmission et d’éducation au sein des familles, de l’arrivée massive d’hommes provenant de cultures sexistes, de l’hypersexualisation de la société et de l’accès totalement libre à la pornographie dès le plus jeune âge. En pointant du doigt seulement et exclusivement le fantasmagorique « patriarcat », les violeurs, les agresseurs et les assassins ont encore de beaux jours devant eux.
Audrey D’Aguanno
Illustration : Pro Vita & Famiglia
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