Une violente querelle interne secoue l’Ulster Volunteer Force (UVF), un des principaux groupes paramilitaires loyalisres nord-irlandais, après que des membres de la faction de l’Est de Belfast ont arboré des tatouages provocateurs portant la mention « F**k the Shankill ». Cette défiance ouverte envers les dirigeants de l’organisation, basée à l’ouest de Belfast dans le quartier de Shankill, a conduit ces derniers à menacer de sévères représailles.
Une fracture grandissante au sein de l’UVF
Les tensions entre les factions loyalistes de l’Est de Belfast et du Shankill, quartier historique du loyalisme à Belfast, ne sont pas nouvelles. Elles ont été exacerbées l’année dernière lorsque huit proches de Stephen « Mackers » Matthews, figure emblématique de l’Est de Belfast, ont été écartés de leurs postes de leadership en raison de soupçons de trafic de drogue. Une nouvelle direction, imposée par l’UVF de Shankill, n’a cependant pas réussi à asseoir son autorité. La majorité des loyalistes de l’Est de Belfast continue de soutenir Matthews, qui nie toute implication dans des activités criminelles. Malgré une trêve fragile entre les deux camps, les récents événements ont mis en péril cet équilibre précaire.
Des tatouages qui attisent la colère
Le point de rupture a été atteint lorsque plusieurs partisans de Matthews ont fait tatouer la mention « F**k the Shankill » sur leurs cuisses. Ces tatouages, exhibés fièrement sur les réseaux sociaux, ont provoqué la fureur des dirigeants du Shankill UVF. Un haut responsable loyaliste a déclaré : « Chaque idiot qui s’est fait tatouer cela verra sa jambe brisée. »
Les tatouages auraient été réalisés lors de vacances à Benidorm, en Espagne. Parmi les tatoués, une figure connue du loyalisme, avait été inculpé en 2001 pour tentative de meurtre avant que l’affaire ne soit abandonnée. Un individu qui est le neveu de Jim « Jonty » Johnston, ancien chef des Red Hand Commandos, assassiné en 2003.
Même parmi les partisans des loyalistes de Newstownards (le quartier d’Est Belfast d’où viennent ces réfractaires à l’UVF de SHankill) ces tatouages sont considérés comme une provocation inutile. Un proche a déclaré : « Personne ne défendra cela. Ceux qui ont fait ça sont désormais seuls. »
Cependant, cette crise semble renforcer les divisions. Lors des commémorations de la Première guerre mondiale (Remembrance Day), plus de 300 personnes se sont rassemblées pour soutenir Matthews lors d’un événement organisé par l’UVF de l’Est de Belfast. En comparaison, une cérémonie distincte, soutenue par le Shankill UVF, n’a réuni qu’une cinquantaine de membres.
Ces tensions mettent en lumière les défis auxquels sont confrontés les groupes loyalistes en Irlande du Nord, notamment le contrôle des factions dissidentes et le maintien de la paix interne. Alors que certains prônent la désescalade, d’autres appellent à des actions punitives, risquant d’aggraver les fractures existantes.
Le loyalisme en Irlande du Nord semble de plus en plus s’éloigner de sa vocation initiale au début de la guerre civile : la défense des communautés unionistes et protestantes en Irlande du Nord, pour se diriger de plus en plus vers le trafic de drogues, l’extorsion, et les conflits entre quartiers et bandes rivales. Au grand dam des militants politiques historiques.
Illustration : DR
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