La fondation « Giulia Cecchettin », dont la mission est de lutter contre les féminicides et de soutenir les femmes victimes de violence, a été présentée lundi 18 novembre à la chambre des députés italiens. Dans un long discours d’introduction, le ministre de l’Éducation Giuseppe Valditara retrace les causes de ces meurtres dans la péninsule. Un discours qui bien que se voulant un constat des tragédies qui s’y produisent, n’a pas plu à certains.
En novembre 2023, Giulia Cecchettin, une jeune étudiante de 22 ans était assassinée par son ex-fiancé qui n’avait pas supporté leur séparation. Et si l’on peut encore lire dans Le Figaro des inepties telles que : « L’Italie est majoritairement catholique. Les rôles traditionnels des hommes et des femmes y perdurent et la culture de la drague va souvent de pair avec des comportements machistes et sexistes de la part des hommes« , la réalité vient nous rappeler que les « ex » qui assassinent sont majoritairement des hommes au caractère faible qui ne supportent pas l’éloignement de leur conjointe, ou des garçons fragiles qui n’encaissent pas qu’une partenaire ou une fille désirée se détourne d’eux. L’assassin de Giulia Cecchettin rentre dans ce profil : un physique frêle aux antipodes de la virilité latine, peu de sûr de lui, incapable de gérer ses émotions, soumis. Le « gentil garçon » de 23 ans voit son monde s’écrouler parce que sa petite amie le quitte, elle qui « était la première et l’unique« , comme il le dira lui-même. Et pour avoir dédaigné l’ours en peluche qu’il lui offrait, il la poignarde, sans trouver ensuite « le courage de se suicider« . Aux antipodes donc, du patriarcat que l’on nous vend. Aux antipodes de l’éducation d’un temps, si décriée, qui enseignait qu’ « un homme, ça s’empêche ».
Mais rien à faire, pour nombre de nos contemporains perméables aux discours déconstructeurs, c’est la faute au patriarcat. La sœur de Giulia Cecchetin ne dit pas autre chose dans un message accusatoire : « Même les hommes qui n’ont rien fait doivent faire leur mea culpa. » Pour cette nouvelle génération gavée de féminisme, toute la gent masculine dans son ensemble est coupable. Entre le chirurgien travaillant 75 heures par semaine, le père de famille aimant dédié à sa famille et le violeur d’enfants, aucune différence, les hommes ont des torts, et cela réside dans le seul fait de posséder les chromosomes XY (et tant pis pour la vision genrée). Or, cette inculpation constante et insensée du mâle, est aussi une des causes du malaise masculin actuel. Ces condamnations a priori jettent de l’huile sur le feu sur des relations déjà tendues entre hommes et femmes qui se regardent avec suspicion jusqu’au sein même du foyer.
L’allocution du ministre de l’Éducation, Giuseppe Valditara, qui retrace l’évolution des violences faites aux femmes dans la société moderne est d’une tout autre portée :
« La vision idéologique est celle qui voudrait résoudre la question féminine en luttant contre le patriarcat. (…) Le patriarcat comme phénomène juridique est fini avec la réforme du droit de la famille de 1975, qui a substitué la famille fondée sur la hiérarchie par la famille fondée sur l’égalité. Il y a, en outre, le thème du féminicide, qui nous alerte de plus en plus. Si autrefois, le féminicide était le fruit d’une conception propriétaire de la femme, en particulier au sein de la famille, aujourd’hui, il semble plus le fruit d’une grave immaturité narcissique du mâle qui ne peut pas supporter les ‘non’. La bataille est culturelle et part de l’école sans toutefois mobiliser l’école seulement. Elle implique aussi la famille, la culture de masse, les réseaux sociaux, la publicité. Et il y a aussi des risques nouveaux qui découlent de la diffusion de pratiques qui offensent la dignité de la femme. Et de ce point de vue, la portée de notre Constitution doit être claire : pour chaque nouveau venu, pour tous ceux qui veulent vivre avec nous, il faut que ce soit clair : notre constitution n’admet pas la discrimination fondée sur le sexe. Il ne faut pas faire semblant d’ignorer que l’augmentation des phénomènes de violence sexuelle est aussi liée à des formes de marginalité et de déviance, d’une certaine manière issues de l’immigration illégale. On ne peut pas accepter la culture de la violence. »
Contrairement aux idéologues qui professent, accusent et ignorent à géométrie variable pour alimenter leur doctrine, seule une véritable analyse des problèmes permet de trouver des solutions adéquates. Ce que Giuseppe Valditara semble avoir compris.
Audrey D’Aguanno
Illustration : DR
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