À Saint-Nazaire, les habitants du 45, rue Auguste Renoir sont privés de courrier depuis deux semaines. Une décision radicale prise par La Poste face à l’insécurité grandissante liée au trafic de drogue dans le quartier de Prézégat. Ce cas illustre une fois de plus la tendance à privilégier des solutions temporaires et peu ambitieuses, sous la pression des circonstances, plutôt que d’attaquer les problèmes à leur source.
Une décision inédite de La Poste face à l’insécurité
La suspension de la distribution du courrier dans cette zone fait suite à une escalade de la violence. Le 8 novembre, des coups de feu ont été tirés devant l’immeuble, blessant un jeune homme de 21 ans. La veille déjà, des tirs avaient retenti, inscrivant ce quartier dans une spirale de violence liée aux trafics de stupéfiants.
Pour garantir la sécurité de ses agents, le directeur de La Poste a décidé de suspendre temporairement la distribution à cette adresse. Une mesure exceptionnelle qui contraint désormais les résidents à se déplacer jusqu’à la plateforme courrier de Penhoët, à plusieurs kilomètres, pour récupérer leurs lettres et colis. Une solution loin d’être idéale, surtout pour ceux qui ne disposent pas de moyens de transport.
Une adaptation sous contrainte : distribuer en dehors des horaires de deal
Face à cette situation, La Poste réfléchit à une solution singulière : distribuer le courrier en dehors des heures d’activité des points de deal. Cette décision illustre la manière dont les services publics s’adaptent aux contraintes imposées par l’insécurité, plutôt que de chercher à rétablir un cadre normal de fonctionnement.
Ce type de réponse, symptomatique d’une approche à court terme, se multiplie dans de nombreux domaines. À Paris, on élargit les trottoirs pour dissuader le harcèlement. Dans d’autres villes, les bus déposent les femmes à la demande pour renforcer leur sécurité. Et maintenant, on réorganise les tournées postales en fonction des heures d’activité criminelle.
Ces ajustements révèlent l’incapacité des pouvoirs publics à traiter les problèmes à la racine. À Saint-Nazaire, les coups de feu, le déploiement temporaire de CRS, les voitures incendiées, et même la visite du préfet ne suffisent pas à endiguer durablement la montée des trafics et de l’insécurité. Les halls d’immeubles, où les boîtes aux lettres sont fréquemment vandalisées, deviennent des lieux de deal et de violences quotidiennes.
Cette impuissance institutionnelle pose question : comment peut-on accepter que des zones entières deviennent des « no-go zones » pour des services essentiels comme La Poste ? Et surtout, jusqu’où ira cette logique de gestion en « mode dégradé » ? Les citoyens de ce pays, à qui les Sénateurs veulent faire les poches une fois de plus en instituant 7 heures par an travaillées et non payées, sont en droit d’attendre des réponses concernant leur sécurité.
Illustration : DR
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