En Irlande du Nord, un récent échange entre des ministres du DUP et des représentants du Loyalist Communities Council (LCC) a mis en lumière un problème persistant dans les communautés loyalistes : l’absence de débouchés professionnels pour les jeunes hommes, qui se tournent de plus en plus vers les groupes paramilitaires. Le LCC, une organisation controversée représentant les intérêts de l’UVF, de l’UDA et du Red Hand Commando, pointe du doigt la disparition des emplois industriels stables comme une des causes majeures de cette dérive.
Le poids du chômage et de l’échec scolaire
David Campbell, président du LCC, a déclaré au Belfast Telegraph que l’absence d’emplois « pour la vie » dans des secteurs autrefois dominants comme les chantiers navals ou les usines, combinée à un faible niveau d’éducation formelle, pousse de nombreux jeunes loyalistes à rejoindre des groupes paramilitaires.
« Dans le passé, des entreprises comme Harland and Wolff ou Mackies offraient des apprentissages et des emplois stables. Aujourd’hui, ces opportunités n’existent plus », a-t-il expliqué.
Cette situation, associée à une sous-performance éducative marquée dans les zones loyalistes, crée un terreau fertile pour le recrutement dans des groupes qui continuent d’exercer une influence dans ces communautés.
Des rencontres controversées avec le DUP
Le LCC a rencontré plusieurs ministres du DUP, dont Gordon Lyons, ministre des Communautés, pour discuter de sujets tels que l’éducation, le logement et la privation économique. Ces réunions, qui incluaient des figures liées à des groupes paramilitaires, ont suscité la controverse, notamment de la part de Sinn Féin, qui a critiqué l’initiative :
« Les communautés loyalistes, terrorisées par des gangs criminels, ont dû être consternées de voir des ministres du DUP discuter de privations avec des représentants de groupes qui contribuent à ces problèmes par leur trafic de drogue et leur coercition », a déclaré un porte-parole de Sinn Féin.
Sinn Féin a également souligné que la lutte contre la pauvreté devait se faire avec des organisations impartiales et non affiliées à des groupes paramilitaires.
David Campbell défend la légitimité du LCC, affirmant que ses membres sont des « leaders communautaires respectés » ayant contribué au processus de paix. Selon lui, ces figures ont joué un rôle clé pour éloigner des individus des activités criminelles, bien que les critiques demeurent sur la présence de personnalités comme Jackie McDonald, figure de l’UDA, ou Bobby Williamson, du Red Hand Commando, lors de ces réunions.
Le président du LCC a également affirmé que la majorité des crimes organisés en Irlande du Nord étaient désormais contrôlés par des groupes républicains dissidents, minimisant l’implication actuelle des loyalistes.
Un problème systémique
Cette situation met en lumière les défis persistants dans les communautés loyalistes d’Irlande du Nord. Le chômage, l’échec scolaire et la privation économique continuent d’alimenter un cercle vicieux où les jeunes, privés d’opportunités légales, sont attirés par les promesses – souvent illusoires – des groupes paramilitaires.
Pourtant, comme le souligne Sinn Féin, la solution à ces problèmes passe par des politiques qui s’attaquent aux causes profondes de la pauvreté et de la privation, sans légitimer des organisations liées à des activités criminelles.
Les réunions entre le DUP et le LCC soulignent l’urgence d’aborder les problèmes socio-économiques des communautés loyalistes, mais elles mettent également en lumière la difficulté de naviguer entre nécessité de dialogue et tolérance implicite envers les paramilitaires. La transition des jeunes vers des perspectives légales et positives reste un défi majeur pour l’Irlande du Nord, et des initiatives concrètes devront être mises en place pour briser ce cycle de désespoir et de violence
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