La troisième saison de Hippocrate, diffusée sur Canal+, poursuit son exploration sans concession de l’univers hospitalier en France, mêlant intensité dramatique et réalisme poignant. Thomas Lilti, ancien médecin et réalisateur, y livre une vision percutante d’un système de santé en pleine implosion, soutenu par le courage sans faille de ses héros du quotidien : les soignants.
Un jeu d’acteurs magistral
Louise Bourgoin, Alice Belaïdi, Karim Leklou et Bouli Lanners reprennent leurs rôles avec une intensité remarquable. Leur interprétation ne se limite pas à jouer des personnages, mais incarne des soignants confrontés à des dilemmes professionnels et éthiques constants. Louise Bourgoin, dans le rôle de Chloé, explore avec finesse la résilience face à l’adversité, tandis qu’Alice Belaïdi (Alyson) et Zacharie Chasseriaud (Hugo) incarnent des jeunes médecins confrontés à une réalité impitoyable.
La saison accueille également William Lebghil dans le rôle de David, un ophtalmologue libéral confronté au chaos du service public. Son intégration offre une perspective supplémentaire sur les contrastes entre médecine publique et privée, tout en ajoutant une touche d’humanité et de réflexion critique. Bouli Lanners, en chef de service pris entre exigences administratives et éthique médicale, offre une prestation d’une justesse impressionnante, renforçant la dimension tragique du récit.
Une réalité hospitalière au bord du gouffre
Hippocrate ne se contente pas de raconter une histoire. La série illustre avec une précision quasi documentaire l’effondrement progressif du système de santé français. À travers des décors oppressants et des scènes tournées au plus près de la tension quotidienne, la série plonge le spectateur dans un environnement où les urgences sont inondées, les patients s’entassent dans les couloirs et les moyens manquent cruellement.
Le parallèle avec un hôpital de pays en développement est saisissant, sauf que nous sommes en France, dans un pays qui se prétend puissance mondiale et qui asphyxie sa population en prélèvements obligatoires. L’atmosphère chaotique, amplifiée par la mise en scène nerveuse et immersive, révèle l’état alarmant des infrastructures et le poids insoutenable qui pèse sur les épaules des soignants. Pourtant, au cœur de ce désastre, la série met en lumière la dévotion des médecins, infirmiers et aides-soignants, véritables piliers d’un système sur le point de s’écrouler.
Une « médecine de résistance » au centre du récit
Cette saison introduit une notion frappante : la « médecine de résistance ». Les personnages se retrouvent contraints de travailler en marge des règles strictes imposées par une administration dépassée. Qu’il s’agisse de soigner clandestinement les sans-abris ou de gérer des patients dans des espaces inadaptés, ils doivent constamment jongler entre contraintes bureaucratiques et impératifs éthiques.
Le réalisateur interroge ainsi une question fondamentale : faut-il obéir aveuglément à une institution dysfonctionnelle ou inventer des alternatives pour préserver l’essence même du soin ? Une réflexion qui dépasse largement le cadre de la fiction, mettant en lumière les failles d’un système soumis à des impératifs de rentabilité au détriment des besoins humains.
Depuis la première saison, Hippocrate se distingue par son engagement à défendre la condition des soignants. Cette troisième saison va encore plus loin, transformant chaque épisode en un plaidoyer pour la reconnaissance et le soutien des professionnels de santé. Les anecdotes tirées du quotidien des acteurs renforcent la dimension authentique de la série, tout en sensibilisant le spectateur à l’urgence de la situation.
Avec cette troisième saison, Hippocrate s’impose comme une œuvre majeure du paysage télévisuel français. À la fois portrait saisissant de la crise hospitalière et célébration des soignants, la série conjugue habilement drame et réalisme. En poussant le spectateur à se confronter aux dysfonctionnements du système de santé, Thomas Lilti signe une saison d’une intensité rare, qui résonne bien au-delà de l’écran. Seul problème ? Un épisode par semaine seulement. On ne comprend pas pourquoi Canal ne fait plus comme avant et ne met pas à dispo l’intégralité d’une série pour ses abonnés.
Pour ceux qui cherchent à comprendre la réalité de nos hôpitaux, ou simplement à suivre une fiction magistrale portée par des acteurs au sommet de leur art, Hippocrate est incontournable. Elle est au monde de l’hôpital ce que Braquo ou Engrenages purent être au monde judiciaire et policier. Une série qui bouleverse autant qu’elle questionne, en laissant une empreinte durable dans l’esprit de ceux qui la regardent.
YV
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3 réponses à “Série Hippocrate saison 3 : la poursuite d’une immersion saisissante dans la crise hospitalière française”
J’ajoute que les Patriotes disent dans leur charte au point 8 : « Les Patriotes ambitionnent d’être un grand mouvement politique de défense des animaux, êtres sensibles. Leur bien-être ne saurait dépendre des seuls caprices des êtres humains. Les Patriotes demandent notamment des conditions d’abattage dignes, la fin des fermes-usines, la réduction massive des expérimentations sur les animaux, la fin de la corrida, de la chasse à courre et d’autres pratiques cruelles, et soutiennent les associations qui recueillent les animaux abandonnés. » Plus que cette charte, c’est un appel à respecter nos amis « chiens, chats, oiseaux…etc ». J’arrête là pour ce matin en grande colère face à ces actes répréhensibles lus et relus sur BI.com.
Mince erreur d’article du commentaire précédent ; si vous pouviez le mettre à la rubrique ensauvagement : « un teckel… « merci bien désolé…
Toute série télévisée qui se respecte présente des gentils et des méchants. Les gentils, nous savons qui c’est : les soignants. Et les méchants ? Eh bien ce sont les énarques et pseudo-énarques qui sévissent dans les ARS, des mouches du coche et des éoliennes qui brassent du vent tout en énarquisant et en parasitant la Santé publique. Est-ce-que la série « Hippocrate » est claire à ce sujet ?