Depuis plusieurs années, la France est considérée comme un hub crypto majeur en Europe. Ce n’est donc pas une surprise si l’adoption crypto garde une croissance constante dans le pays. Selon une récente étude, 18 % des Français détiennent désormais des actifs numériques. Plus clairement, 12 millions de Français détiennent des crypto-monnaies et autres biens associés tels que les NFT. C’est la première fois dans toute l’histoire de l’hexagone que la population démontre une telle confiance dans les actifs Blockchain.
Cet état des choses interpelle l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et la Banque de France. Les deux institutions appellent à une action urgente pour protéger les investisseurs. Ce qui est sûr, cette nouvelle tendance montre bien que le secteur de l’économie et de la finance subit de profondes transformations dans le pays.
Afin de rentabiliser ses placements, il faut investir dans une crypto prometteuse. En ce moment, Bitcoin, le roi des crypto-monnaies, connait une hausse impressionnante. De nombreux investisseurs y mettent donc naturellement leur argent. Mais la France n’est pas le pays européen qui compte le plus de crypto-enthousiastes. En effet, d’après le récent rapport de l’échange crypto Gemini, la Turquie arrive en première position dans le monde avec 58 %. Plus de la moitié de la population turque détiendrait ainsi des cryptoactifs.
Gemini a principalement basé son étude sur quatre pays : États-Unis, Singapour, Royaume-Uni et France. Des quatre, Singapour affiche l’adoption la plus importante avec 26 %. Les États-Unis arrivent en seconde position avec 21 % tandis que la France et le Royaume-Uni sont à égalité avec 18 % chacun.
Au-delà des chiffres de cette année, l’évolution de l’adoption au cours des deux dernières années est également intéressante à relever. Aux États-Unis, le pourcentage de détenteurs est passé de 20 % en 2022 à 21 % en 2024, une progression modeste, mais constante. Au Royaume-Uni, elle est restée à 18 % depuis 2022. En France, elle a progressé de 16 à 18 %. En revanche, Singapour enregistre une baisse notable, passant de 30 % à 26 % sur la même période, en raison de réglementations plus strictes. Ces disparités mettent en lumière l’impact des politiques réglementaires sur l’adoption des cryptomonnaies. Elles révèlent aussi la vision que la France a envers les cryptoactifs.
D’ailleurs, ce rapport, du nom de « 2024 Global State of Crypto » révèle en plus que 70 % des détenteurs de Bitcoin anticipent une augmentation de sa valeur d’ici cinq ans. De plus, 63 % pensent que d’ici 2034, ces actifs numériques seront largement acceptés comme moyen de paiement par les entreprises. Ces chiffres traduisent une vision optimiste à l’endroit des crypto-monnaies. Ils matérialisent la volonté du peuple français à faire de la crypto quelque chose de plus important qu’un simple investissement spéculatif.
Mais une adoption plus importante appelle aussi à plus de responsabilités tant de la part des investisseurs que des institutions financières. D’où le cri d’alarme de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Ce régulateur milite pour une supervision centralisée des crypto-monnaies au niveau européen.
Actuellement, chaque État membre de l’Union Européenne gère ses propres régulations. Cependant, l’AMF considère cette approche fragmentée comme inadaptée face aux risques liés aux cryptomonnaies, notamment en matière de blanchiment d’argent et de transactions illicites. François Villeroy de Galhau, président de la Banque de France, plaide également en faveur d’un rôle accru de l’Esma. Il souhaite que l’autorité européenne des marchés financiers soit le superviseur unique pour garantir une sécurité juridique et une application homogène des réglementations.
Cette nouvelle vision ne plait pas à tous les États membres. Certains trouvent le MiCA (Markets in Cryptoassets) suffisant. Ce règlement a été introduit par l’Union Européenne pour fournir un cadre général aux cryptoactifs et soutenir la croissance des stablecoins. Cependant, l’AMF et la Banque de France estiment que cette réglementation, bien que bienvenue, ne garantit pas une application stricte et homogène. Ils appellent donc à la création d’une instance unique pour superviser sa mise en œuvre, sans laquelle MiCA risque de rester inefficace.
Parlant du rôle de la banque centrale dans le développement des cryptoactifs, Denis Beau, Premier sous-gouverneur de la Banque de France déclare: « C’est pourquoi à la Banque de France et à l’ACPR, nous considérons nécessaire d’inscrire le développement du « marché » des cryptoactifs et autres actifs tokenisés dans un cadre approprié qui permette une bonne maîtrise des risques qu’il crée pour ses utilisateurs et le système financier plus largement. C’est une condition d’un développement durable et utile de ce marché dont l’ampleur sera décidée par les forces du marché. »
Article non rédigé par la rédaction de breizh-info.com