L’annonce vient de tombée : outre l’autorisation des missiles longue portée, les États-unis ont l’intention de fournir des mines antipersonnel à l’Ukraine pour frapper le sol russe. Une escalade aussi périlleuse qu’inhumaine : ces armes sont en effet considérées par la communauté internationale comme un fléau, puisqu’elles tuent ou mutilent les populations civiles longtemps après la fin des conflits.
Révélée par le Washington Post citant de sources officielles, l’annonce américaine représenterait une exacerbation du conflit. Pour ces derniers, le but serait de renforcer les défenses de Kiev contre l’avancée toujours plus rapide des troupes de Moscou à l’intérieur du territoire ukrainien. S’il s’agirait de « mines antipersonnel non-persistantes », elles ne sont toutefois pas sans risques pour les populations selon les experts qui jugent la décision « désastreuse ». Le journal du milliardaire libertarien Jeff Bezos ajoute que les États-unis possédaient en 2022 encore trois millions de mines non-utilisées depuis la guerre du Golfe.
Selon le ministère des Affaires étrangères, chaque année 15 000 à 20 000 personnes dans le monde sont encore victimes de ce type d’armement. Et ce, malgré la ratification en 1997 par plus de 133 pays, de la Convention d’Ottawa qui prévoit l’interdiction des mines antipersonnel (emploi, stockage, production et transfert) et leur destruction. Si les États-unis, Israël, la Chine et la Russie n’ont pas signé la convention, l’Ukraine est signataire, et les organisations anti-mines comme la ICBL entendent faire pression sur ce point pour que les États-Unis reviennent sur cette décision.
Pour le Kremlin, c’est une claire volonté de l’administration Biden de prolonger la guerre quoi qu’il en coûte. Un avis, une fois n’est pas coutume, partagé par Zelensky qui a déclaré que la fin de la guerre dépend des États-Unis. « Poutine est plus faible que les États-Unis. Le président américain a la force, l’autorité et les armes et peut réduire le prix des ressources énergétiques. » Un dernier argument qui s’adresse directement aux alliés européens.
Car en Europe, les citoyens sont de plus en plus nombreux à vouloir la paix entre la Russie et l’Ukraine et ont toujours plus de mal à entrevoir l’intérêt du vieux continent au prolongement d’un conflit qui leur est présenté comme nécessaire. Nécessaire à l’économie américaine, nécessaire à leur racket quotidien, une bonne occasion pour justifier l’explosion des prix d’à peu près tout, mais certainement pas nécessaire à leur survie, comme le rappelle la géopoliticienne Caroline Galactéros.
Audrey D’Aguanno
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