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Scandale à La Remaudière près de Nantes : quand une salle polyvalente à 2 millions d’euros devient un symbole du gaspillage public

À La Remaudière, petit village de 1 300 habitants situé près de Nantes, une salle polyvalente de 1 072 m² construite il y a plus de dix ans est aujourd’hui au cœur d’un fiasco financier et politique. Ce projet, censé dynamiser la commune et répondre aux besoins associatifs et privés, n’a jamais été achevé ni utilisé. Désormais, sa destruction est prévue, marquant l’épilogue d’un véritable gouffre financier.

Un projet ambitieux devenu cauchemar

Lancé en 2012 sous l’impulsion de l’ancien maire Alan-Erwan Coraud, ce projet visait à doter La Remaudière d’une salle moderne pour accueillir mariages, baptêmes et événements associatifs. Financé à 40 % par des subventions publiques et par un emprunt de 1,2 million d’euros contracté sur 25 ans, il devait initialement devenir un levier économique pour le village.

Cependant, dès 2014, l’arrivée d’une nouvelle équipe municipale révèle des irrégularités financières. Selon Anne Choblet, maire actuelle, la salle a plongé les finances communales dans le rouge : « L’endettement par habitant était deux fois supérieur à celui des communes similaires. » Un rapport de la Chambre régionale des comptes en 2018 confirme que l’emprunt a été contracté sans délibération du conseil municipal, mettant en lumière des pratiques contestables.

Des comptes dans le rouge et une justice qui s’en mêle

Face à l’ampleur de la dette et à l’impossibilité de terminer les travaux, la municipalité suspend le chantier en 2014. Anne Choblet porte l’affaire en justice, accusant son prédécesseur d’avoir agi sans l’aval légal requis. En 2022, Alan-Erwan Coraud est condamné à dix mois de prison avec sursis et à cinq ans d’inéligibilité pour favoritisme et détournement de fonds publics. L’ancien édile se défend, dénonçant une « cabale politique » visant à nuire à sa carrière.

Entre-temps, la situation financière de la commune reste critique. La taxe foncière et la taxe d’habitation sont augmentées dès 2015, provoquant un mécontentement parmi les habitants. Malgré ces mesures, la salle reste inachevée et inutilisable.

Une destruction inévitable

En février 2023, le conseil municipal vote la destruction de la salle polyvalente. Les coûts pour la rendre opérationnelle sont jugés exorbitants : il aurait fallu 1,5 million d’euros supplémentaires pour la mettre aux normes. À l’inverse, la démolition est estimée à 67 000 euros, un moindre mal pour une commune exsangue.

Le site, désormais abandonné, est dégradé et squatté, renforçant le sentiment de gâchis parmi les habitants. « Cela fait dix ans qu’on parle de cette salle au lieu de faire avancer d’autres projets », déplore Anne Choblet. La municipalité envisage de convertir l’espace en lotissement, espérant ainsi tourner la page de cette décennie de tourments financiers.

Un symbole de la mauvaise gestion publique

Ce cas illustre un problème récurrent dans de nombreuses collectivités : des projets surdimensionnés, mal planifiés et souvent marqués par une mauvaise gestion. Si les subventions publiques ont permis de lancer le chantier, elles n’ont pas suffi à couvrir les coûts, laissant à la commune la charge d’un emprunt insoutenable.

La Chambre régionale des comptes a souligné des « manquements graves », notamment l’absence de transmission des marchés publics au contrôle de légalité. Ces failles administratives, combinées à une gestion hasardeuse, ont transformé ce projet ambitieux en gouffre financier.

L’affaire de La Remaudière pose des questions cruciales sur la gouvernance locale et l’utilisation des fonds publics. Pourquoi un projet d’une telle ampleur a-t-il été validé dans une petite commune aux moyens limités ? Pourquoi les mécanismes de contrôle n’ont-ils pas permis d’anticiper les dérives financières ? Ce type de fiasco souligne l’importance de renforcer la transparence et la rigueur dans la gestion des projets municipaux.

Pour les habitants de La Remaudière, ce scandale a laissé des traces. Entre augmentation des taxes et absence d’investissements durant plusieurs années, la commune doit désormais redéfinir ses priorités. La reconversion du site en logements pourrait être une solution pour tourner la page, à condition que la destruction soit prise en charge par des promoteurs privés.

Ce gâchis monumental restera néanmoins un exemple édifiant des dérives possibles dans les projets publics mal gérés. Pour les petites communes, il est crucial de trouver un équilibre entre ambition et réalisme, afin d’éviter que ce type de fiasco ne se reproduise ailleurs.

Illustration : DR
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