Mark Haddock, ancien chef du groupe loyaliste UVF (Ulster Volunteer Force) à Mount Vernon (Belfast) et par ailleurs agent double, fait face à une interdiction officieuse de retour en Irlande du Nord après sa libération prochaine de prison. Désormais âgé de 55 ans, il purge une peine de 12 ans à la prison de Wakefield en Angleterre pour une attaque au couteau. Cependant, les menaces de mort proférées par l’UVF et les risques liés à ses anciennes activités d’informateur rendent tout retour sur son sol natal quasiment impossible.
Une libération imminente et des tensions exacerbées
Mark Haddock a récemment abandonné une tentative juridique de rapatriement vers une prison d’Irlande du Nord, ce qui a alimenté les spéculations sur une libération imminente. Cependant, des sources loyalistes et de sécurité confirment qu’il ne sera pas libéré avant début 2026. En cas de retour en Irlande du Nord, Haddock nécessiterait une protection policière 24h/24, un dispositif coûteux et risqué que les autorités semblent peu disposées à mettre en place.
Les menaces contre lui sont explicites. L’UVF, qui a tenté de l’assassiner en 2006, a clairement annoncé que Haddock serait tué s’il remettait les pieds dans la région. Ces déclarations s’ajoutent aux tensions déjà exacerbées par son rôle d’informateur, qui a conduit à l’arrestation de nombreux membres de l’UVF et à des représailles internes.
Un passé chargé de violence et de trahisons
Mark Haddock a rejoint l’UVF dans les années 1990, après une adolescence marquée par des délits mineurs. Rapidement, il devient un informateur de la Special Branch de la RUC (Royal Ulster Constabulary), opérant sous le nom de code « Roxy ». Cette collaboration a permis à Haddock de mener des activités criminelles, notamment des meurtres, avec une relative impunité.
Parmi ses crimes les plus notoires figure le meurtre en 1993 de Sharon McKenna, une travailleuse catholique abattue alors qu’elle rendait visite à un voisin âgé. Malgré les confessions de Haddock à ses supérieurs dans la CID (Criminal Investigation Department), son arrestation a été bloquée par la Special Branch, qui souhaitait préserver son rôle d’agent infiltré au sein de l’UVF. Ce schéma s’est répété pendant une décennie, Haddock jouissant d’une forme de « licence pour tuer » en échange d’informations.
Une cible pour l’UVF et un avenir incertain
En 2005, le double jeu de Haddock est publiquement révélé lors d’un procès à Belfast, où il est identifié comme un informateur de longue date. L’UVF, voyant sa confiance trahie, tente de l’éliminer en 2006 dans une attaque armée. Haddock survit, mais quitte précipitamment l’Irlande du Nord pour l’Angleterre avant la publication du rapport Operation Ballast, qui détaille l’étendue de sa collusion avec les forces de l’ordre.
Aujourd’hui, l’UVF suit de près les visites en prison d’un proche de Haddock, originaire de Belfast, et surveille ses potentiels déplacements futurs. Des sources loyalistes estiment qu’il pourrait s’installer à Coventry, en Angleterre, où il a de la famille. Ce scénario semble être la seule option viable pour Haddock, dont la sécurité en Irlande du Nord ne peut être garantie.
L’affaire Mark Haddock illustre les tensions complexes entre justice, sécurité et collusion au cours des Troubles. Son parcours met en lumière les méthodes controversées utilisées par les forces de l’ordre pour infiltrer et contrôler les groupes paramilitaires. Si ces stratégies ont permis de démanteler des réseaux, elles ont également alimenté un cycle de violence et de trahisons.
Photo d’illustration : DR
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