Face à une crise hospitalière qui ressemble tout de même à une tiers mondisation en voie annoncé, certains élus d’extrême gauche et de gauche en Bretagne explorent des solutions radicales, dont l’importation de médecins cubains. Si cette proposition suscite des espoirs pour combler le manque de praticiens, elle soulève également des interrogations éthiques, compte tenu du contexte politique et social à Cuba.
La pénurie médicale en Bretagne : un problème chronique
Le système de santé breton souffre depuis plusieurs années d’une pénurie de médecins, particulièrement en milieu rural. La difficulté de recruter des praticiens dans ces zones conduit certains à envisager des solutions alternatives, comme l’arrivée de médecins cubains. Cuba, réputée pour former un grand nombre de professionnels de santé, a déjà exporté ses médecins vers plusieurs pays en crise sanitaire. Mais cette initiative, présentée comme un remède miracle, cache une réalité bien plus sombre.
Cuba, qui peine à fournir des services de base à sa propre population, comme l’électricité ou l’eau potable, est aussi un État régulièrement dénoncé pour ses atteintes aux droits humains. À ce jour, plus de 1 117 prisonniers politiques y sont recensés, selon un rapport récent, et nombre d’entre eux subissent tortures, mauvais traitements et privations. Les manifestations pacifiques contre le régime, souvent motivées par des conditions de vie insoutenables, se terminent fréquemment par des arrestations arbitraires et des détentions prolongées.
Les médecins envoyés à l’étranger ne sont pas exempts de cette répression. Souvent, ces professionnels de santé travaillent sous un strict contrôle gouvernemental, leurs salaires étant en grande partie confisqués par l’État cubain. Nombre d’entre eux n’ont pas le droit de voyager librement ou de quitter leur poste, sous peine de représailles contre leurs familles restées à Cuba.
Une solution médicale aux conséquences politiques
Pour certains Bretons, l’idée de faire venir ces médecins relève avant tout du pragmatisme : répondre à une urgence sanitaire locale. Mais à quel prix ? En accueillant ces praticiens, la Bretagne risque de cautionner, indirectement, un système qui exploite ses propres citoyens pour des gains économiques et politiques. La Bretagne, dont les responsables se prétendent souvent champions des droits humains sur la scène internationale, pourrait se retrouver en contradiction avec ses principes en intégrant des professionnels issus d’un régime autoritaire.
Plutôt que d’importer des solutions temporaires et moralement discutables, les critiques appellent à une réforme en profondeur du système de santé. Une hausse massive et importante du salaire des personnels hospitaliers, des formations accélérées, rémunérées, et urgentes, des incitations financières pour les jeunes médecins, une meilleure répartition des ressources médicales (et une baisse du poids de l’administration à l’hôpital) et un soutien accru aux zones rurales semblent être des pistes plus durables et alignées sur des valeurs plus saines que d’aller chercher un espoir du côté de Cuba la communiste.
Si l’arrivée de médecins cubains peut temporairement soulager la pression sur les hôpitaux bretons, elle soulève des questions fondamentales : la France peut-elle collaborer avec un régime accusé de torturer et d’emprisonner ses citoyens pour leurs opinions ?
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