Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 12 Novembre, c’est la Saint Mayeux (Maeoc)
Saint Maeoc aurait vécu en solitaire dans le bois portant son nom (aujourd’hui Coëtmieux, dans le département des Côtes-d’Armor) et qu’il y fut enterré vers 540. En bâtissant le presbytère de Coëtmieux, l’on trouva les ruines d’un ancien édifice, que l’on croit avoir été l’abbaye de Saint-Mieux ou Maeoc ou Méoc. Certains historiens prétendent que saint Maeoc aurait eu sa demeure à Létimieux (ou Lez-Ty-Mieu), village situé au sud de la commune de Coëtmieux. Ses reliques, conservées jusqu’au xviie siècle dans une châsse située sous le maître-autel de l’église de Coëtmieux, furent alors présentées à la vénération des fidèles. La paroisse de Coëtmieux étant une dépendance de l’évêché de Dol. Ce serait un moine évangéliste itinérant disciple de saint Samson au vie siècle. En fait l’hagionyme Maeoc, nom d’origine brittonique, issu de Magiacos, dérivé de mag (« grand ») est largement répandu dans la péninsule bretonne
La tradition fait de saint Maeoc l’un des douze condisciples de saint Kirec, avec saint Engar (qui avait une chapelle en Locquirec), saint Milon (qui était vénéré dans la chapelle Saint-Engar), saint Garan (il a une chapelle à Plestin), saint Kémo (patron d’une ancienne trève de Trédrez), saint Egat (patron primitif de Plouégat-Guerrand), saint Nérin (patron de Plounérin), etc..
Son existence reste hypothétique et c’est peut-être lui est qui aussi honoré sous le nom de saint Méloir, lui-même connu sous d’autres variantes de noms : Melar, Méloir, Mélar, Mélaire, Mélair, Meler, Maelor, Maglor, Sulio, etc.
- Son influence toponymique est importante, plusieurs paroisses anciennes et communes actuelles portent son nom :
- Guimaëc (Finistère), ancienne paroisse bretonne primitive ou ploue, ayant pour éponyme saint Maeoc
- Lanvéoc (Finistère)
- Saint-Nic (Finistère), issue du démembrement de la paroisse primitive de Plomodiern (XIe – Sent Mic)
- Tréméoc (Finistère)
- Coëtmieux (Côtes-d’Armor)
- Saint-Mayeux (Côtes-d’Armor) : dans l’église de cette paroisse, le saint est représenté en habits pontificaux, avec crosse et mitre. Le bourg de Saint-Mayeux est désigné sous le nom de Villa Sancti Maioci dans un acte de 1286 et Sanctus Maeocus en 1368.
- Plumieux (Côtes-d’Armor)
- Trémeheuc (Ille-et-Vilaine), signifie la « trève de saint Maeoc ».
- Peut-être aussi, mais c’est incertain :
- La Méaugon (Côtes-d’Armor) : l’église paroissiale Saint-Méaugon honorerait en fait peut-être saint Méoc, dénommé ici localement saint Méaugon ou saint Maugan.
- Saint-Maugan (Ille-et-Vilaine) doit aussi son nom à saint Maugan, qui est donc peut-être saint Méoc
- Treffieux (Loire-Atlantique) : la paroisse a été parfois écrite Tréfioc, par exemple par un recteur de la paroisse en 1728 et signifierait la « trève de saint Maeoc »7, mais c’est une hypothèse très incertaine.
- Tréméac : signifie trève de Saint Maeoc. Nom d’un quartier de la commune de La Turballe, en Loire-Atlantique
- Les autres traces de son culte :
- à Moëlan-sur-Mer (Finistère) existait avant la Révolution française une chapelle Saint-Maeoc, connue aussi sous le nom de chapelle Saint-Thamec
Crédit photo : Wikipedia
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