Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 6 Novembre, c’est la Saint Efflamm
Efflamm est le nom d’un saint breton semi-légendaire du ve siècle (qui a donné son nom au village de Saint-Efflam (en Plestin-les-Grèves dans le Trégor). La chapelle de ce village (où l’on retrouva ses restes en 994) ainsi que la plage portent aussi son nom. Patron de Plestin-les-Grèves
Selon une tradition tardive forgée par le scriptorium trécorrois au xie siècle afin de légitimer les origines du monastère de Tréguier et les propriétés ecclésiastiques aux alentours, Efflam serait le fils d’un roi irlandais. Né en 448, marié très jeune à Enora, il fait vœu de chasteté. Un ange l’aide à résister à la tentation, et il s’enfuit en Bretagne (comme de nombreux migrants bretons en Armorique), débarquant à Plestin, dans le Trégor, où il aurait vécu un temps en compagnie de saint Gestin. D’après une autre tradition, il serait venu d’Irlande avec son épouse Enora et auraient débarqué d’un curragh fait de peaux de bêtes tendues sur des lattes de bois au port du Coz-Guéodet. Ils n’auraient jamais consommé leur union et se seraient consacrés tous les deux à Dieu, dans un ermitage en forêt. Il serait mort en 512.
Selon la légende, il était accompagné de plusieurs disciples dont les noms se retrouvent dans la toponymie des communes alentour : Kirio, Tuder, Kemo, Haran, Nerin, (ainsi que, selon les versions, Mellec, Kivir, Eversin…).
Une gwerz du Barzaz Breiz a pour sujet saint Efflamm.
Crédit photo : Wikipedia
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Une réponse à “A la découverte des Saints Bretons. Le 6 Novembre, c’est la Saint Efflamm”
St Efflamm est patron de la frairie de Beix en Guéméné-Penfao (44290) et son nom déformé se retrouve dans le nom du village de Boudaffay. Après le traité d’Angers en 851 signé entre le roi des Francs Charles le Chauve et le roi des Bretons Erispoë reconnaissant le Conté Nantais comme terre bretonne, le roi breton fit venir des colons de toute la Basse-Bretagne pour bretonniser ce conté. Ces colons bas-bretons apportèrent avec eux le système des frairies avec leur saints patrons. Ceux qui fondèrent la frairie de Beix devaient venir du Trégor, puisque St Efflamm est un saint du Trégor ; à Blain (44130) une frairie est appelée « Eff » et celle d’à côté « Flan », c’est étrange car si on associe les deux mots on a « Efflan » proche de « Efflamm », il est possible qu’au départ il y avait une grande frairie sous le patronage de St Efflamm qui ensuite s’est partagée en deux quand le nombre des colons arrivants a beaucoup augmenter.