Au 1er octobre, on enregistrait sept « épisodes de tir en rafales » depuis le mois de juillet dans le quartier de Maurepas, à Rennes. En octobre, ces fusillades se sont poursuivies toujours pour les mêmes raisons : la guerre entre bandes rivales pour le contrôle des points de deal. Samedi 26 octobre, un enfant de cinq ans reçoit deux balles dans la tête… Réaction de Nathalie Appéré (PS), maire de Rennes : « J’éprouve de la sidération et de la stupéfaction. Je dis les choses de manière constante, depuis des mois et des mois, sur la violence décomplexée qui touche Rennes mais aussi de nombreuses villes. Quel maire peut aujourd’hui dire qu’il n’est épargné par la violence des narcotrafiquants ? Nous devons agir à tous les niveaux (…) Nous faisons face à une menace extrêmement forte et nous devons organiser une réponse globale à l’image de celle qui a été faite pour lutter contre le terrorisme. Nous avons besoin de réponse policière, d’enquêtes, de la justice et de condamnations. Il y a aussi l’ensemble des moyens et des réponses que chacun peut apporter là où il est. Et quand je dis chacun, ça veut dire nous, au niveau qui est le nôtre. » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, lundi 28 octobre 2024) Que pensent de ces paroles martiales et sécuritaires les députés rennais, tous de gauche : Marie Mesmeur (LFI), Tristan Lahais (Génération.s), Claudia Rouaux (PS), Mickaël Bouloux (PS) ?
Pour ce qui est « d’agir à tous les niveaux » et « des moyens et des réponses que chacun peut apporter », Les Républicains ont des idées sur la question : « Nous persistons sur la nécessité du déploiement d’une police municipale renforcée et armée en capacité de pouvoir s’appuyer sur un nombre conséquent de caméras de surveillance », expliquent Dominique de Legge (LR), sénateur d’Ille-et-Vilaine, et Thomas Rousseau, secrétaire départemental de LR (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, mardi 29 octobre 2024). Carole Gandon (macroniste), conseillère municipale d’opposition, se montre plus virulente : « Nous ne pouvons qu’être attristés et indignés de devoir, une fois de plus, alerter la maire Nathalie Appéré sur la gravité de la situation. Il est temps que la majorité cesse de se défausser et prenne la mesure des moyens nécessaires pour défendre notre ville face au narcotrafic. » Son plan est ambitieux et coûteux : renforcement des effectifs de la police municipale et de la vidéoprotection, la mise en place d’une véritable brigade de nuit. Elle veut également « former et autoriser les agents au port d’armes létales » et « installer des postes de police municipale de proximité dans tous les quartiers les plus sensibles » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, mardi 29 octobre 2024).
On ne peut pas dire que Nathalie Appéré n’ait rien fait pour sa police municipale : ils sont 115 agents, dotés de gilets pare-balles, de pistolets à impulsion électrique, de bombes lacrymogènes, de tonfas (arme composée d’une matraque et d’une poignée ergonomique). Mais elle s’oppose à l’armement de la police municipale : « Nous adoptons les moyens municipaux aux missions de nos agents. Mais la sécurité est une question régalienne, donc de l’Etat », argumentait-elle lors du conseil municipal du 14 octobre (Ouest-France, Rennes, jeudi 31 octobre 2024)
« Riposte républicaine » : les dealers vont avoir la trouille
Du côté de la Police nationale, la situation n’est pas brillante. Frédéric Gallet, le secrétaire départemental du syndicat Alliance Police, estime qu’il manque « au bas mot » 150 policiers à Rennes. Et cela concerne l’ensemble des services : « Il faut renforcer les équipes à tous les niveaux, sur le terrain comme en investigation. » Selon David Leveau, secrétaire régional du syndicat Bretagne unité (ex SGP-Police FO), le manque d’effectifs contraint à faire des choix : « Par exemple, faire du stup au détriment du cambriolage ». Certaines nuits, « il n’y a qu’une ou deux patrouilles, une BAC (brigade anti-criminalité) et une canine. Pour quasi 300 000 habitants. » (Ouest-France, Rennes, jeudi 31 octobre 2024) Mais tout va s’arranger puisque Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, était en visite vendredi 1er novembre dans le quartier de Maurepas. D’abord de belles phrases : « Nous allons mener ce combat contre les narcoracailles (…) Il faut que l’on passe un cran dans la riposte. Cette riposte républicaine doit être policière et judiciaire. L’objectif est de frapper vite et fort. On doit rendre coup sur coup. » Ensuite une annonce concrète : « Nous allons mettre des moyens permanents sur le terrain, notamment avec une unité de force mobile. La CRS 40 va succéder à la CRS 82 (…) Ensuite, nous allons renforcer les effectifs de la brigade spécialisée de terrain (BST) dans le quartier de Maurepas (…) Cette brigade assurera une présence, sept jours sur sept, contre six aujourd’hui. » (Le Télégramme, samedi 2 novembre 2024) Il y a donc confirmation par le ministre de l’arrivée, en décembre, de cinq policiers qui seront affectés à la brigade spécialisée de terrain (BST) de Maurepas. « Des élèves sortis de l’école de police que l’on attend depuis des mois déjà », ironise Frédéric Gallet (Ouest-France, 2-3 novembre 2024). Comme dit Bruno Retailleau : « Il faut frapper vite et dans la durée » (Le Télégramme, samedi 2 novembre 2024), sinon ce sera « la mexicanisation du pays ».
Que fait Retailleau ?
Mais il faut croire que Retailleau n’impressionne guère les dealers puisque, dès le lendemain de sa visite, deux agressions au couteau ont lieu. Samedi, après 17 heures, plusieurs coups au thorax sur un homme connu de la justice pour des affaires de stupéfiants ; il décède peu de temps après. Trois heures plus tard, un homme est blessé au thorax de cinq coups de couteau ; il était en état d’urgence absolue. Cette deuxième agression pourrait être une réponse à celle qui a causé la mort de l’homme « connu de la justice pour des affaires de stupéfiants » (Dimanche Ouest-France, 3 novembre 2024). A part ça, tout va bien…
Note de lecture – « Cela n’arrête pas de la journée, tous les jours. Regardez tous ces clients qui attendent d’acheter leurs doses de cocaïne ou d’héroïne. C’est sans doute l’un des commerces de Rennes qui marche le mieux ! », explique Odile, 70 ans, qui assiste au spectacle depuis sa fenêtre, au Blosne (Ouest-France, Rennes, jeudi 31 octobre 2024).
Note de lecture – « On n’a pas le droit de fouiller une voiture, de contrôler les passagers. Si un dealer s’enfuit et se cache dans un appartement, pas question d’enfoncer la porte sans une réquisition que l’on doit demander. Et pourquoi on est désarmé face aux choufs [les guetteurs] qui avertissent les dealers lorsqu’on arrive sur un point de deal ? », souligne un policier rennais (Ouest-France, 2-3 novembre 2024)
Note de lecture – « Selon les derniers chiffres évoqués par les services de police, il existe 32 points de deal à Rennes. Principalement dans les quartiers de Maurepas, du Blosne, Bréquigny, Villejean et Cleunay. » (Ouest-France, Rennes, jeudi 31 octobre 2024)
Bernard Morvan
Photo d’illustration : DR
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Une réponse à “Fusillades : Rennes fait aussi bien que Nantes”
Deux villes dirigées par des « égéries » de gauche. Coïncidence, les villes les plus en vue pour l’insécurité liée a la drogue et a leur appui a l’immigration massive non contrôlée, sont toutes de gauche (Bordeaux, Lyon, Grenoble, Poitiers, Strasbourg). Y-a-t-il une relation de cause a effet ? Comment se fait-il que les trafiquants puissent si facilement faire de ces villes leur terrain de jeu ou ils font la loi ? Suite aux allusions de Mr le Ministre de l’intérieur, doit-on considérer que la direction de ces villes et de leur administration font déjà partie de ce nouveau concept de « Mexicanisation », sous couvert de droits de l’hommisme et d’islamophilie et que nous soyons obligés d’en conclure que certains de leurs élus et de leurs fonctionnaires sont infiltrés et donc, corrompus !? Juste une question qui mériterait réponse, via enquête des autorités publiques !