Libraires indépendants vs Jordan Bardella (et beaucoup d’autres), ou l’art de se tirer une balle dans le pied [L’Agora]

Ah, la librairie indépendante française, ce bastion de résistance contre la déferlante des multinationales du livre. Les libraires aiment à se décrire comme les gardiens d’une culture menacée, des chevaliers blancs luttant vaillamment contre les forces obscures d’Amazon, Rakuten et consorts. Ils brandissent leur indépendance comme un étendard, dénoncent la concurrence déloyale, pleurent la perte de leur clientèle. Le tableau serait émouvant, presque romanesque, si ce n’était pas aussi tragiquement contradictoire.

Car voilà le paradoxe : ceux-là mêmes qui s’indignent du rouleau compresseur des géants du numérique et appellent à la solidarité des lecteurs pour sauver leurs échoppes, se livrent à une forme de censure idéologique bien peu compatible avec leur mission première : faire lire, tout simplement. De Laurent Obertone à Jordan Bardella, en passant par Marguerite Stern ou Éric Zemmour, ces auteurs qui ne chantent pas dans le chœur des pensées acceptées sont trop souvent bannis des étals sous le prétexte fallacieux de la préservation de valeurs « humanistes ».

Il faut le dire sans détour : refuser de vendre ces ouvrages par conviction politique, tout en se lamentant de la domination des plateformes en ligne, relève de l’auto-sabotage. En refusant de répondre aux attentes d’une part non négligeable du public, ces libraires se rendent eux-mêmes complices de leur propre déclin. Pire, ils alimentent le processus qu’ils dénoncent. Le client qui voit sa demande méprisée et son choix jugé se tourne tout naturellement vers Amazon, qui, lui, ne lui fera pas la morale et le livrera en un temps record. Qui est responsable alors, si ce n’est ces gardiens auto-proclamés de la culture, devenus inquisiteurs modernes ?

Les libraires ont deux choix devant eux : rester fidèles à l’essence de leur métier, qui est de promouvoir la lecture sous toutes ses formes, ou continuer de s’ériger en arbitres du bien et du mal littéraires, se coupant ainsi de la moitié de leur clientèle potentielle. On peut légitimement se demander comment une entreprise commerciale peut espérer prospérer en snobant ses clients. La réponse est simple : elle ne le peut pas. Le résultat ? Une complainte sans fin sur l’agonie des librairies indépendantes et la montée en puissance des mastodontes du commerce en ligne.

Il est fascinant d’observer cette schizophrénie collective où l’on se plaint des conséquences tout en refusant de voir les causes. Les libraires qui, par idéologie, refusent de mettre en avant des ouvrages plébiscités par un public large se condamnent eux-mêmes. Si Obertone vend plus que le dernier essai militant vantant l’idéologie LGBT, si Bardella cartonne pendant que Sandrine Rousseau peine à dépasser le cercle restreint de ses adeptes, c’est que le lecteur a fait son choix. Ce n’est pas le reflet d’une société déviante, c’est le marché, tout simplement.

Le métier de libraire, ce n’est pas la gestion d’une bibliothèque militante, c’est l’ouverture aux idées, l’encouragement à la diversité d’opinions, à la réflexion. Ce n’est pas aux libraires de dicter ce que le lecteur doit penser ou lire. Et pourtant, c’est bien ce que l’on observe trop souvent. Derrière le masque de l’indépendance se cache une intolérance insidieuse, celle de la pensée unique qui se targue de tolérance tout en excluant systématiquement les voix dissidentes.

Ainsi, quand le client lambda découvre que son libraire local refuse de vendre un livre par idéologie, que fait-il ? Il prend son smartphone et commande sur Amazon. Et dans cette transaction, il trouve la satisfaction d’une liberté de choix et d’un service efficace, sans les jugements de valeur d’un vendeur aux convictions intrusives.

Alors, à tous ces libraires qui choisissent l’idéologie plutôt que la diversité, il est temps de se regarder dans le miroir et de se poser les bonnes questions. Êtes-vous là pour diffuser la culture et promouvoir la lecture, ou pour filtrer le monde à travers votre prisme idéologique ? Si la réponse est la seconde, alors ne venez pas pleurer quand le grand public choisit de se détourner et de cliquer ailleurs. Car au final, le client a toujours raison, et lui, il lit ce qu’il veut.

Julien Dir

Crédit photo : DR
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21 réponses à “Libraires indépendants vs Jordan Bardella (et beaucoup d’autres), ou l’art de se tirer une balle dans le pied [L’Agora]”

  1. gautier dit :

    Tous ces politicards des deux extrêmes et du centre ( encore pire !ils ne savent pas ou ils sont) y gagneraient en fermant leur gueules ! et seraient mieux entendus s’ils respectaient leur paroles !!

  2. Pschitt dit :

    Vous avez tout à fait raison. Ca peut passer pour un livre ou deux ; après, c’est Amazon direct. L’attitude de certains libraire équivaut à « Messieurs les Américains, tirez les premiers ! »

  3. Georges S dit :

    Pschitt vous avez raison mais avant de regarder amazon pour les livres, je regarde fnac (qui est francais) et aussi biblio point com qui est un site independant ou les libraires vendent leurs livres.
    HS: cela fait trois jours que je n’ai pas recu de notification par mail de Breiz-info. Y-a t’il un bug?

  4. Vimn dit :

    Bref l’auteur de cet article mets l’argent avant les convictions.
    Lamentable.

  5. Alain dit :

    Le lecteur que je suis se fout royalement des convictions d’un libraire !!! Ils se prennent pour qui ces petits kapos gauchistes ! !
    Censeurs de tous poils 😡 les mêmes qui traitaient les non vaccinés de complotistes !
    Ça n’est pas parce que je lit un bouquin que je partage les idées qu’il peut éventuellement véhiculer !!
    Ces petits intellos prennent donc leurs lecteurs pour des crétins incapables de faire la part des choses 🤔
    Quelle tristesse ! Si un libraire refuse de me vendre un bouquin quel qu’il soit, je lui dit ce que je pense et je vais voir ailleurs mais il y a d’autres choix qu’Amazone !!

  6. Miki dit :

    Peut-être que les libraires n’ont pas envie de voir sur leurs rayons des livres écrit par un facho qui incite à la haine de l’autre et à la discrimination de certain-e-s. Sans être une librairie militante on peut aussi refuser de vendre un livre d’un mec qui se nourrit de l’ignorance et de l’intolérance de notre société pour être élus.
    C’est un peu le monde à l’envers sous couvert de liberté d’expression on doit promouvoir sur des étales de librairie des idées fasciste, liberticide, et réactionnaires. Ben non évidement… La librairie est un lieu de culture et de tolérance en principe ou les idées du RN n’ont pas leurs places.

    • Rédaction dit :

      Oui et donc résultat, ces librairies ferment. C’est ce qu’indique la tribune. A moins que les librairies ne veuillent devenir des officines d’Etat subventionnées pour ne vendre que des livres « tolérants » et conformes à l’idéologie de certains ?

  7. Georges S dit :

    Vimn l’auteur de l’article demontre la stupidite des libraires qui mettent en avant leurs convictions pour museler ceux qui ne pensent pas comme eux et qui, plus grave encore, interdisent l’acces a l’information a ceux qui n’ont pas internet. GO WOKE GO BROKE.

  8. Georges S dit :

    mikki la perception des libraires est personnelle, tout comme votre perception de ce que sont les fachos. Si vous desirez vraiment voir un facho, prenez un miroir.
    Seuls les fachos utilisent la suppression de la liberte d’expression.

  9. Mikki dit :

    Donc ne pas vouloir véhiculer des idées fascistes c’est vouloir être « une officines d’état! » Du grand n’importe quoi. Et puis il n’y a pas que les bouquins des vieux racistes qui expose leurs envie du retours de la France de Vichy à vendre. Les romans, la littérature jeunesse, les livres de voyages, les livres scolaires… Tellement d’autres ouvrages à vendre…

  10. Alain dit :

    Donc pour toi miki, il y a donc des millions de fachos en France ! On ne demande pas à un libraire de promouvoir mais de vendre un livre ! Tu fais donc partie de ces petits censeurs qui se croient dans le camp du bien ! Pour QI tous ce qui n’est pas de gauche est forcément d’extrême droite 🙄
    Tu parles de discrimination ? Dans ton article tu fais quoi ?
    Et surtout tu parles d’ignorance, donc les gens qui ne pensent pas comme toi sont des gros debiles !!
    Sans aucun doute tu fais partie de cette petite caste qui se croit très largement supérieure ! Le problème c’est que, quand l’effondrement va te tomber sur la gueule ! Et c’est pour très bientôt ! Tu vas te retrouver bien seul, ce ne sont pas tes potes bobos gauchos qui te viendront en aide, ils seront bien trop occupés à sauver leurs peaux face aux oubliés,illettrés ,gens de rien, gaulois réfractaires !!
    Je te souhaite bonne chance.
    Ton article est à vomir

  11. Hadrien Lemur dit :

    Les commentaires de cet article montent clairement la fracture totale et définitive entre les français de gauche et de droite. Le lexique des idées est définitivement révolu, maintenant place aux invectives et bientôt à la guerre civile. D’un coté les « fachos » fantasmés et de l’autre les paumés, incultes et nostalgiques de 1789. On est mal barrés !

  12. Kev dit :

    Parce que pour toi Miki un raciste est forcément vieux !
    En plus d’être intolérant, tu discrimines et en plus tu fais du jeunisme !! Quelle tristesse !!
    Tu es un beau donneur de leçon mais si on gratte un peu on trouve quoi ?
    Je ne suis pas sûr que le coupe gorge qu’est devenu ce pays soit causé par le RN 🤔 mais plutôt par tes amis LFistes antifas etc !! Protecteurs des pires racistes qui soient , les fameux islamistes qui ne supportent de voir des femmes que si elles sont bâchées de la tête aux pieds 😡
    Y’a pas un truc qui te dérange la ?

  13. Serou dit :

    Il y a un principe de réalité. Et ça dit que ces librairies faussement indépendantes vont crever. Ce sont justes les petits kapos de service et cet article est très juste.

  14. patphil dit :

    bardella est donc un fachiste un néonazi tandis que les syndicats qui ont fait interdire la pub du livre sont des démocrates avancés

  15. Kim dit :

    Ouin! Ouin!
    Les syndicats n’ont rien fait.
    C’est leur règlement : pas de publicité pour les politiques.
    Quelle ignorance !

  16. JLP dit :

    Ne pas oublier un détail : même s’il se parfume à la Kultur de gôche, un libraire est un marchand, rien qu’un marchand dont on attend qu’il ait le choix d’ouvrages le plus étendu, le plus éclectique. Si les librairies se transforment en petites sectes wokistes, leur avenir est assuré : dans les poubelles de l’histoire ! Le seul qui ait à se réjouir de ces états d’âme « humanistes », c’est Amazon !

  17. Bernard dit :

    1 le Front national a été créé par d’anciens SS, (allez faire un tour aux monuments aux morts)
    2 Il faut donc vendre Mein camp

  18. PITIE dit :

    Merci pour ces supers librairie! Merci à ses excellents librairies ou un vent de liberté et d’ouverture d’esprit règne. Un espace de lumière et de grace au milieu de ce capharnaüm! Traiter les libraires d’incultes! C’est simplement RIDICULE. Eux qui passent des heures a sélectionné leurs ouvrages avec soin, qui seront toujours de précieux conseils pour nourrir les passions diverses et variées de vos proches lors des fêtes de Noël ou de leurs anniversaires. Eux qui vous trouverons la pépite qui fera que votre gamin va enfin aimé lire se cultiver et avoir une pensée critique et libre. Ah, mais c’est ça qui vous fait peur l’ouverture d’esprit, les arguments, les nuances! C’est tellement plus rassurant et simple l’entre soi pour parler d’un bouc émissaire. Les livres sont des univers tellement vastes, de nos philosophes, a nos romanciers , notre littérature jeunesse, à nos historiens. La liberté est tellement précieuse, ça vous mine cette liberté. La liberté d’entreprendre n’a pas de prix. Ne pas vendre son âme également. J’aime a savoir que d’autres personnes de convictions se tiennent debout. Ne vous sentez pas seuls. Il est dommage que vous n’ayez pas saisi l’occasion de lire autre chose que B. Peut-être auriez vous mieux compris, accepter et respecter les choix de votre libraire si vous aviez lu l’existencialiste est un humaniste.

  19. PITIE dit :

    Wahou toi tu as fait du commerce mon gars! 👍 Ta stratégie commerciale décape ! Ce mec la va aller vendre du porc en batterie dans un magasin bio local ! C’est la fête 🥳

  20. Rodolphe dit :

    Ce qui est quand même formidable avec la gauche globale systémique, c’est qu’elle a cette capacité à s’autodétruire. Les libraires idéalistes ( eux sont des fous) et les libraires suivistes ( qui veulent avoir une bonne image, eux sont suicidaires) ne comprendront jamais que la démocratie n’est pas une idéologie ! c’est un systême qui permet à toutes les pensées de s’exprimer et de gagner si elles sont majoritaires. ils croient se battre pour la démocratie , de leur façade, alors qu’en réalité ils la dénoncent;

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