Ah, le noble art du duel ! Voilà une tradition que nos ancêtres, eux, avaient su manier avec élégance et honneur. Face aux récents éclats et menaces lancés par le député Thomas Portes à l’Assemblée nationale à l’encontre d’un représentant du Rassemblement national, ne serait-il pas temps de dépoussiérer cette vieille coutume et de lui donner une seconde jeunesse ?
Imaginez un instant un code d’honneur, un cadre respecté, et des règles strictes pour résoudre ces tensions qui pullulent dans nos hémicycles. Ce ne serait pas seulement un spectacle bien plus intéressant que les fades joutes oratoires actuelles, mais cela aurait le mérite d’instaurer un rappel brutal de responsabilité pour les grandes gueules qui prolifèrent, drapées de leur immunité parlementaire.
Car oui, mes chers compatriotes, il est bien facile d’aboyer des injures, de rouler des mécaniques et de menacer en toute impunité, bien à l’abri sous le couvert de son mandat. Mais autrefois, quand un homme se montrait trop offensant, un duel l’attendait à l’aube. L’épée, le pistolet, ou même une bonne paire de poings — ces moyens d’expression, rudimentaires peut-être, mais oh combien efficaces, avaient le mérite de ramener chacun à la mesure de ses paroles. Osez traiter un adversaire de lâche, et il faudrait alors être prêt à défendre cette opinion sur le pré.
Il est piquant de se demander comment certains de nos députés actuels, prompts à la bravade dans les confortables bancs de l’Assemblée, réagiraient si l’on leur proposait un affrontement réglé et encadré. Imaginez Thomas Portes, tiré à quatre épingles à l’aube, en face de son opposant du jour. On pourrait même ressusciter quelques arbitres illustres, des commissaires au duel, des juges de paix volontaires pour superviser cette noble empoignade.
Qu’on ne s’y trompe pas, le duel n’était pas un acte de violence gratuite. C’était une institution où le courage personnel était érigé en vertu cardinale. Il ne s’agissait pas simplement de défendre son honneur par la force, mais de prouver que les mots ont un poids, que l’offense a un coût, et que les déclarations doivent être assumées. Une vérité à méditer pour tous ceux qui, en ce siècle digital, se parent d’une agressivité flamboyante et irresponsable, bien protégés derrière leurs écrans ou leurs statuts d’élus.
Certains diront que je rêve d’un retour aux pratiques barbares. Je les invite à repenser leur jugement. Le duel, codifié et encadré, n’a rien à voir avec la barbarie. C’est un rappel des devoirs d’un homme, de la responsabilité qu’impliquent les mots. À une époque où l’on bavarde plus qu’on ne réfléchit, où les invectives coulent plus vite que les idées, peut-être avons-nous justement besoin de cette élégance cruelle qui force chacun à assumer ses dires.
Que l’on se le dise, je ne prône pas la violence. Mais quand on observe certains de nos parlementaires, que dirait un Rochefort, un Cyrano de Bergerac, en les voyant ânonner leur bravade depuis les conforts des bancs de l’Assemblée ou de Twitter ? Peut-être se contenterait-il de lever son feutre en signe de mépris, avant de siffler : « Messieurs, à l’aube, si vous avez l’honneur de vos paroles. »
D’Artagnan
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine