Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 27 octobre c’est la Saint Miliau
Saint Miliau « de Cornouailles », Miliaw en langue Cornique, qu’on rencontre aussi sous de multiples formes comme Milliau, Meliau, Méliau, Milio, Meliaw, Miliav, est un ancien roi guerrier celte légendaire de Grande-Bretagne. On le retrouve cependant dans nombre de toponymes et de légendes corniques et bretonnes.
Selon la généalogie de la Vie de Saint Méloir (Miliau est le père de Méloir) connue par un manuscrit du xiie siècle, Miliau naît dans une fratrie de 6 enfants. En effet, Derwela, Miliaw, Riwod, Amwn, Umbrafel & Iawn sont enfants d’un certain Budik I de Cornouailles.
Avant d’être roi, alors qu’il est prince de Cornouailles sous le règne de son père Budik, Miliau est le chef de guerre des celtes de Cornouailles. Ainsi, bien qu’il sera dit de lui plus tard qu’il est un roi diplomate et bon pour son peuple, il fut un guerrier celte redoutable, stratège peu commun, ayant perdu peu de batailles, que les autres roi celtes et chefs de clans craignaient d’affronter. Bien des siècles plus tard, on compare la rage guerrière de ce roi, force de la nature, à un lion.
Son prénom signifie soldat, ou guerrier.
Lors de ses 35 premières années, et après avoir grandi avec ses cinq frères et sœurs, Miliau est réputé pour avoir courtisé toutes les filles du village. Aucune ne semblait résister au charme du grand et beau prince aux cheveux blonds, si bien qu’il eut probablement moult enfants illégitimes (ne se mariant qu’à 35 ans).
En 595, son père Budik, se sentant vieillir, décide de le marier à Awrilia (c’est-à-dire Aurélia), fille de Winnoc, un prince de la famille royale de Domnonée. Celle-ci a 16 ans et Miliau 25 ans. De cette union, naissent probablement plusieurs enfants, mais un seul passe à la postérité que l’on connaîtra sous le nom francisé de Meloir. Miliau est le seul de sa fratrie à ne pas épouser une fille de Gwent, dynastie à laquelle sa famille est très liée (par leur mère) probablement afin de lier le royaume de Cornouailles à un autre (celui de Domnonée), le lien avec celui de Gwent étant déjà établi (Derwela, l’aînée de la fratrie, deviendra reine de Gwent en épousant Ynir de Gwent).
Héritier du titre de Roi en 501, il envoie la même année son plus jeune frère, Iawn, emmener des volontaires du peuple Cornovii pour coloniser des terres sauvages d’Armorique (Bretagne actuelle). La souveraineté du roi Miliau s’étend alors également sur ces terres, son frère cadet le prince Iawn en devenant l’équivalent d’un gouverneur.
Miliau est dès lors, concrétement, Roi de Cornouailles ainsi de ce qui deviendra la future Bretagne d’Armorique.
Rivod (Riwod), bien qu’aimant Miliau, grandit dans l’ombre de son grand frère et convoite dès le plus jeune âge l’attention que son père lui porte mais aussi le titre de roi. Il occupe auprès de Miliau un rôle équivalent à un proche conseiller, chef de guerre ou premier ministre (bien que ce genre de statuts n’existât pas dans ce sens chez les peuples celtiques). Au fil des années, les deux frères entrent de plus en plus souvent en conflit sur les décisions à prendre, et Rivod n’en convoite que davantage le pouvoir de Miliau afin de pouvoir agir à sa guise et entrer en guerre à tout va. Miliau est tué en 531 par son frère Rivod qui veut régner sans partage, il a été décapité suivant l’iconographie religieuse bretonne.
Après la mort de Miliau, sa femme, la reine Awrilia, serait retournée dans son pays natal, la Domnonée, .
Après avoir tué son frère aîné, le fils de celui-ci et avoir effectué une régence de 13 ans, Rivod prit conscience de ses actes et mourut en 544.
Leur cousin Budik II succéda à Miliau en tant que Roi de Cornouailles, la Bretagne se détachant et prenant Iawn pour roi.
Crédit photo : Wikipedia
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3 réponses à “A la découverte des Saints Bretons. Le 27 octobre c’est la Saint Miliau”
St Miliaw est patron de nombreuses frairies dans le Nord-West du pays Nantais : celles de Corbalon en Guéméné-Penfao, , Lismouzen en Vay, Robais et Millac en Blain (en plus en Blain cette frairie de Millac porte directement le nom de St Miliaw sous la forme “Millac”, et beaucoup de pièces de terre porte le nom “Millot”, “Millaud”, “Millat”, “Gagnerie des Milliaux”, laissant à croire qu’il y eu d’abord une grande frairie sous le parainage de Saint Miliaw, avec l’arrivée des premiers colons bretons après le Traité d’Angers en 851 entre Erispoë et Charles le Chauve suite à la bataille Jengland gagnée par les Bretons, et qu’ensuite elle fut divisée avec l’arrivée de nouveaux colons pour former d’autres frairies. Le patronage de Saint Miliaw indique que ces colons devaient venir de Cornouaille. A noter aussi que le patronage de Saint Miliaw se double de celui de son fils Mélar dans les mêmes paroisses.
Bientôt, les doctrinaires de la pensée tordue finiront par expliquer dans les classes, qu’avant ce n’était par les couples hétéros qui faisaient les enfants, mes les hommes entre eux et qu’ils accouchaient par voie annales. Patience on y arrive. Il y en a déjà qui commence à le croire.
Je lis toujours avec le plus grand intérêt les vies de saints que vous publiez. Dans le livre de François Paul Raynal » Tous les saints du Paradis – 1946- je lis au 10 octobre, page 217 : Saint Clair de Nantes : missionnaire venu de Rome en Gaule, au pays Nantais ; mort au diocèse de Vannes au 1er ou IIIe siècle.
Avez-vous cité ce saint dans vos présentations? Merci pour votre réponse :