Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 25 octobre c’est la Saint Gouesnou
Saint Goueznou ou Gouesnou ou Gouenou ou Guennou ou Gouéno est un saint chrétien parfois connu comme l’un des premiers compagnons de Paul Aurélien, sous le nom de Woednovius, d’autres textes le placent à une époque plus tardive, n’ayant donc pas débarqué avec le fondateur de l’évêché de Léon, même s’il en fut l’un des premiers successeurs. C’est avec sa famille qu’il aurait quitté la Bretagne insulaire, avec son père Tudon, son frère Majan et sa sœur Tudona (ou Tugdone). L’histoire de leur arrivée sur le continent a été écrite en 1019 par Guillermus, prêtre dans l’évêché de Léon.
Jusqu’à la période de la Révolution, ses reliques furent chaque année portées en procession autour du minihi, le jour de l’Ascension. Des fragments de reliques étaient aussi vénérées à Saint-Gouéno, portées en cortège, la charge du brancard revenant aux plus hauts seigneurs. Ce fut dit-on le cas de Charles de Blois, Pierre II et Arthur, ducs de Bretagne.
La Vita de saint Goueznou a été probablement écrite en 1019. D’après Léon Fleuriot, l’auteur de la vita s’est inspiré du « Livre des faits d’Arthur » utilisé par Pierre Le Baud et sans doute par Geoffroy de Monmouth.
Saint Gouesnou, arrivant de Grande-Bretagne, aurait débarqué sur la côte du Léon, peut-être à Landéda, en compagnie de son père Tudogilus (saint Tugdon, ou Thudon, ou Tudon), de son frère Majan et de sa sœur Tudona ; saint Tudon aurait implanté un ermitage non loin de là dans la paroisse de Ploudiner, Majan s’installant dans celle de Plouguin tandis que Tudona aurait construit un premier oratoire dans celle de Plabennec avant de s’installer à Plebs Belvoci, probablement Saint-Thudon en Guipavas actuellement). Gouesnou quant à lui, rencontrant Conomor, seigneur du lieu, ce dernier « lui offrit pour bâtir un monastère autant de terre qu’il pourrait clore de fossez en un jour; le saint accepta le don et ayant mandé à son frère Majan » qu’il vînt à son aide, il prit une fourche et la traînant par terre, il marcha environ deux lieues de Bretagne en quarré et à mesure qu’il traînait ce bâton fourché, la terre, chose étrange, se levait de part et d’autre et formait un gros fossé qui servait pour séparer les terres qui lui avaient eté données de celles du seigneur fondateur, lequel enclos est toujours tenu en telle révérence qu’autrefois il servait d’asile et de lieu de refuge aux malfaiteurs. La terre de Land Gouesnou était donc un minihy et c’est sans doute en souvenir de cette délimitation merveilleuse du territoire de cette paroisse que s’accomplit tous les ans la procession solennelle du jour de l’Ascension ». La procession du jour de l’Ascension réunissait d’ailleurs traditionnellement les paroissiens de Gouesnou et de Guipavas au lieu de Saint-Thudon. Cette procession est considérée comme une troménie.
Saint-Gouesnou interdisait l’entrée de son monastère, aux femmes, excepté l’église. Ses vertus le firent choisir comme évêque de Léon et il serait probablement mort le lors d’une visite à saint Corbasius qui y faisait construire un monastère (l’architecte se considérant comme offensé aurait laissé tomber une pierre depuis l’échafaudage sur le crâne du saint).
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Une réponse à “A la découverte des Saints Bretons. Le 25 octobre c’est la Saint Gouesnou”
Tromenie qui se perpétue encore aujourd’hui à l’ascension!
1400 ans de tradition