Rome. Le Sénat a validé le projet de loi pour rendre la gestation pour autrui « un crime universel ». Si la location d’utérus – nom de la GPA en Italie – y est déjà illégale et peut entraîner des peines allant de 3 mois à 2 ans de réclusion assorties d’amendes d’un montant de 600.000 à 1 million d’euros, cette nouvelle loi interdit la possibilité pour les citoyens italiens de se rendre à l’étranger pour y avoir recours, y compris dans les pays où la pratique est légale.
Le débat fut pour le moins houleux au palais Madama, où les sénateurs ont adopté par 84 voix contre 58 la nouvelle loi. Comme il était prévisible, tant les sujets de sociétés divisent et semblent concentrer toutes les passions, les insultes ont fusé. Les membres de l’opposition (Mouvement 5 étoiles) ont accusé leurs collègues de provenir du « moyen-age« , d’être « anti-gay » et dénoncent une mesure « communiste« . Ajoutant : « Les crimes sont universels quand la communauté internationale les reconnaît comme tels, non parce que l’Italie le dit« .
Or ce n’est pas ce sens qu’il faut comprendre la formule « délit universel ». Comme l’a rappelé le sénateur Pierantonio Zanettin (Forza Italia), l’adjectif se réfère au citoyen italien qui se rend n’importe où dans le monde pour bénéficier des « services » d’une mère porteuse. La loi entend « défendre la dignité des personnes, des mères, des enfants qui ont le droit de savoir qui est leur père, qui est leur mère et qui ont le droit de ne pas être une marchandise. »
Pour l’opposition et la plupart des médias progressistes, la scission se situerait entre les défenseurs des libertés individuelles et les bigots du moyen-age. Entre, d’un côté les féministes et de l’autre, les défenseurs du patriarcat. Or, c’est mal comprendre le problème. Il ne s’agit pas d’interdire de « faire ce que l’on veut de son corps », mais bien d’empêcher la vente d’êtres humains et l’exploitation de femmes pauvres par de riches Occidentaux qui exigent la réalisation de tous leurs désirs.
Quant aux accusations d’homophobie, on se souviendra des mots de Domenico Dolce, le célèbre styliste de la maison Dolce & Gabbana :
« Je suis gay, je ne peux pas avoir d’enfant. Je crois qu’on ne peut pas tout avoir dans la vie, si on ne peut pas en avoir cela signifie qu’on ne doit pas en avoir. Il est bénéfique de se priver de quelque chose. La vie a son cours naturel, il y a des choses qu’on ne doit pas changer. Et l’une d’entre elles est la famille. »
Pareillement en ce qui concerne le féminisme, il existe aussi un courant contraire à la GPA. L’oeuvre collective « Ventres à louer, Une critique féministe de la GPA« , énonce :
« Alors que les violences faites aux femmes sont enfin reconnues comme un fléau mondial à combattre, les influents et riches promoteurs du marché de la reproduction humaine œuvrent sans relâche à valoriser et à faire légaliser la vente d’enfants par des mères porteuses. Pourtant, la GPA (gestation pour autrui), produit de la technicisation et de l’artificialisation des rapports humains affublé d’un ersatz de terminologie féministe, implique un triple sacrifice : celui que la mère fait d’elle-même, celui de l’enfant et celui de l’égale dignité des êtres humains. »
L’opposition à la GPA n’est donc en rien une attaque contre les minorités. Mais bien la dénonciation de l’industrialisation de la fertilité humaine et le refus de voir l’enfant devenir un objet de fabrication et de transaction marchande, lui niant ainsi le statut de sujet. (1)
Audrey D’Aguanno
(1) Ventres à louer, Une critique féministe de la GPA, coordonné par Ana-Luana Stoicea-Deram et Marie-Josèphe Devillers, Éd. L’échappée, 2022.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
3 réponses à “Le sénat italien a voté l’interdiction de la GPA, même à l’étranger”
Excellent car va droit au but
BRAVO la G P A est une honte pour l’humanité
transformer un bébé en marchandise, quelle honte, un crime