La question du temps de travail en France, soulevée récemment par Gérald Darmanin, relance le débat : la France est-elle réellement le pays d’Europe où l’on travaille le moins ? Au-delà des idées reçues, un examen des chiffres révèle une situation nuancée, où la durée effective du travail varie considérablement selon le statut et le secteur des salariés.
Une durée annuelle de travail en deçà de la moyenne européenne
Les données fournies par Rexecode et l’OCDE montrent que la France se situe parmi les pays de l’Union européenne où le temps de travail annuel des salariés à temps complet est l’un des plus bas. En moyenne, un salarié français à temps plein a travaillé environ 1668 heures en 2022, un chiffre en retrait par rapport aux 1790 heures en Allemagne ou aux 1725 heures au Royaume-Uni. Cet écart s’explique notamment par des absences plus fréquentes pour congés ou arrêts maladie, une situation accentuée par les jours de réduction du temps de travail (RTT), qui sont souvent plus nombreux en France que chez ses voisins européens.
Bien que la France affiche une durée de travail plus courte, sa productivité horaire reste relativement élevée par rapport aux moyennes européennes, atteignant environ 100 dollars de PIB par heure. Cette performance productive est pourtant à mettre en perspective, car elle cache d’importantes disparités entre les secteurs. Si les salariés du secteur privé maintiennent un rythme de travail et une productivité élevés, le secteur public est davantage encadré par les 35 heures hebdomadaires, qui impactent directement le nombre total d’heures travaillées.
Le taux d’emploi en France : une participation à la vie active modérée
Le taux d’emploi des Français, à 68,5 % pour la population de 15 à 64 ans en 2023, reste inférieur à celui de plusieurs pays européens. En comparaison, la Suisse affiche un taux de 80,7 %, le Royaume-Uni 75,1 %, et le Portugal 72,4 %. Ce chiffre est révélateur des difficultés d’insertion des jeunes dans le monde du travail et d’un taux de participation moins élevé des seniors, qui partent souvent en retraite plus tôt que dans d’autres pays européens.
Si l’on inclut les travailleurs non salariés, comme les indépendants, la situation évolue sensiblement. En France, les indépendants affichent un temps de travail nettement supérieur à la moyenne européenne, approchant les 1604 heures annuelles, se rapprochant ainsi de la moyenne de l’Union européenne. Cette exception montre un contraste fort avec les secteurs encadrés par des horaires réglementés, comme le secteur public.
La question de la durée de travail en France pose des enjeux de compétitivité et de viabilité du modèle social. Le constat est complexe : bien que les salariés français travaillent en moyenne moins que leurs voisins européens, cette réalité est contrebalancée par une productivité forte, mais sous tension. La question reste ouverte : faut-il revoir la durée légale de travail en France, ou bien s’appuyer davantage sur la productivité pour assurer la croissance ?
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
2 réponses à “Temps de travail. La France mauvais élève en Europe ?”
Comme disait un fonctionnaire: « J’ai consommé mes congés payés, mais il le reste encore 20 jours d’arrèt-maladie à prendre. »
Arrèt-maladie: j’en ai pris 2 mois (dont une jambe cassée) en 40 ans.
Afin que »la Gauche » soit réélue: Martine Aubry a créé la »semaine des 35 heures » c’est-à-dire que les Français ne travailleraient que 35 heures par semaine au lieu de 40 heures mais ils seront payés toujours comme s’ils travaillaient 40 heures!…