Dans son dernier numéro, actuellement en kiosque, le magazine des idées présente un reportage, à la fois passionnant et terrifiant, sur le « racisme antiblanc » qui sévit dans nombre d’établissements scolaires en France. Un sujet tabou, nié par les pouvoirs politiques comme par leurs médiatiques dominants, mais qui fait de tèrs nombreuses victimes, marquées dans leur âme et leur chair, mais dont le martyr quotidien est totalement invisibilisé au nom du « politiquement correct ». Éléments leur donne, pour une fois, la parole.
C’est un racisme qui n’existe pas, une légende urbaine colportée par l’extrême droite et les suprémacistes blancs. Quoi ? Le racisme antiblanc. Mensonge ! S’il y a aujourd’hui un racisme aussi systémique que systématiquement nié, c’est celui-là. Notre enquête exclusive dans les écoles.
Les spécialistes de Victor Hugo se disputent pour savoir si c’est lui qui a dit : « Une école qui ouvre, c’est une prison qui ferme. » Cela correspondrait assez à son tempérament messianique. Avec l’âge, il faisait tourner les tables et vaticinait dans les nuages, aussi impénétrable qu’une idole de l’Île de Pâques. Mais l’avenir radieux, c’est comme l’horizon : il s’éloigne au fur et à mesure qu’on s’en approche. La vérité, une fois redescendue sur terre, la vérité bête, la vérité ennuyeuse, la vérité triste, comme disait Péguy, est plus triviale. Une école qui ouvre, c’est une prison qui s’apprête à sortir de terre, surtout dans les REP et les REP+, les réseaux d’éducation prioritaire. Parfois même on peine à les distinguer. C’est du moins ce que professait Michel Foucault dans Surveiller et punir. Il y a des surveillants partout et tout le monde sait au premier regard qui est le lion et qui est le gnou, quelle que soit la cour, d’école ou de prison. De tous les univers sociaux, ce sont ceux qui sont le moins soumis aux conventions sociales. Les bonnes manières s’y résument souvent au tact d’un rottweiler et au grognement d’un pitbull. Normal : à quinze ans, le processus de civilisation n’est pas achevé ; et après quinze ans derrière les barreaux, celui de décivilisation est largement engagé. Cela donne un air de famille, surtout dans la façon dont les solidarités se nouent, sur des bases essentiellement claniques, ethniques et religieuses. École et prison nous donnent ainsi à voir les questions brûlantes de l’identité – tout ce qui sera plus tard lissé, policé, encadré – sans filtre, sans discours lénifiant. Or, dans ce monde, l’intrus, comme dans un jeu des erreurs, c’est de plus en plus souvent le Blanc, en dépit de la farce de la « mixité » (ne dites jamais « raciale », même si tout le monde ne pense qu’à elle – le mot est aussi imprononçable que le Tétragramme hébraïque, on ne s’en approche pas sans eau bénite ni amulettes).
C’est cette histoire interdite que tous les ex-collégiens et les profs que j’ai rencontrés m’ont racontée : le racisme antiblanc – ordinaire, banalisé, institutionnalisé, parfois même incorporé, digne d’un manuel d’anthropologie raciale du XIXe siècle aboyé dans l’espéranto des banlieues. « Babtou fragile », « francaoui de merde », « sale gaouri », « sale gwer » (sale Blanc, sale Européen). Tous les témoignages aboutissent à la norme antiblanche qui structure les écoles dans les zones à forte immigration. Un racisme au carré, où l’ado blanc de peau est dominé dans les faits, mais traité comme dominant dans les représentations médiatiques. Si la pire des souffrances, c’est celle qui n’est pas reconnue, alors celle-ci n’est ni connue ni reconnue. C’est la tombe de ce collégien inconnu que nous voulons ériger, martyr d’un immense canular qui tient en six lettres : la « mixité », fantasme de nantis. Laissons-en l’oraison à ses acteurs de première ligne : les hussards d’une République en déroute et les troupes à pied, la bleusaille désenchantée des collégiens.
La Seine-Saint-Denis
Pour ce type d’enquête, rien ne vaut une immersion dans le « 93 ». C’est l’avant-poste idéal, nécropole royale, mausolée communiste et présentement hybride de jungle urbaine et de Dar al-Islam. La plus forte concentration d’éducation prioritaire en France. Je m’en suis tenu à quatre collèges : Rosa Luxemburg (REP+) à Aubervilliers, République (REP+) à Bobigny, Jean-Pierre Timbaud (REP) à Bobigny, Jean Moulin (REP) à Montreuil. Mais c’est la crème des collèges, en lice dans le championnat de France des établissements les plus durs, avec des niveaux de violence records, intra et extra-muros1. Soixante ethnies, soixante-dix (jusqu’à une centaine au lycée Suger, à deux pas du Stade de France). Montreuil, capitale du gauchisme chic et de la diaspora malienne, constituant une exception, même si le collège Jean Moulin est implanté au cœur de la cité du même nom. Un cube au milieu de barres d’immeubles. Des cubes et des rectangles, telle est l’architecture scolaire, avec parfois des fantaisies, comme à Jean-Pierre Timbaud, où des auvents prétentieux sont posés sur la structure. Mais globalement cela ressemble à n’importe quel bâtiment de la CAF ou n’importe quelle annexe d’un CHU de province. Au moins on n’est pas dépaysé, population exceptée. Les classes de vingt-trois ou vingt-quatre élèves – les effectifs en éducation prioritaire – sont composées en moyenne (avec des variantes locales) de 40 % d’Africains et 40 % d’Arabes2. Sur les 20 % restants, deux Indiens ou Pakistanais, un Asiatique et parfois un Blanc généralement primo-arrivant d’Europe de l’Est. On parle d’un département, la Seine-Saint-Denis, où le Grand Remplacement est à un stade avancé, quelque chose entre Birmingham et le Londonistan de Sadiq Khan.
Nul n’en parle mieux que la poignée de profs qui sont arrivés jusqu’à moi, amis, amis d’amis, copains de fac perdus de vue. Thibault M.3, professeur de français au collège Rosa Luxemburg, à Aubervilliers (93), est l’un de ceux-là. Pas le temps de s’asseoir qu’il fixe le ton : « Tout est tribal dans une cour de récréation ; et schismatique dans une salle de classe, comme si on renouait avec les agrégats les plus archaïques. Ce sont les enfants qui instaurent cette séparation. Les Blancs ne sont d’ailleurs pas les plus rejetés – les Asiatiques les dépassent dans la détestation. »
Même tableau – noir – avec Pascal M., professeur de français au collège République, à Bobigny (93). « Le Blanc est doublement minoritaire, quantitativement et qualitativement, c’est-à-dire que sa qualité de Blanc n’est pas reconnue, sauf négativement. C’est un fantôme que l’institution ignore. L’élève blanc harcelé parce que Blanc ne recevra aucun soutien du corps enseignant, encore majoritairement blanc (70 % des enseignants). »
Raser les murs
Ce séparatisme ethnique se retrouve dans une partie de la France périphérique. Migennes, par exemple, et ses 7 000 habitants, dans l’Yonne (89), porte d’entrée ferroviaire de la Bourgogne, longtemps communiste, où les retards de la SNCF poussent parfois le voyageur à s’aventurer dans le cœur de la ville dominée par quelques barres d’immeubles, avec, dispersés, alentour, des pavillons. Un classique. C’est là que j’ai rencontré un jour Yannick, aujourd’hui fonctionnaire en Bretagne, qui a fait sa scolarité au collège Jacques Prévert à Migennes il y a vingt ans. Parents de gauche qui n’envisageaient pas le privé. Ironie : leur fils est aujourd’hui encarté au RN. « Les transferts politiques se font toujours de gauche à droite », plaisante-t-il. Années 2000, il n’y avait alors « que » 15 à 20 % de Maghrébins. « On savait que si on avait une embrouille avec l’un d’entre eux, on en aurait cinq ou six sur le dos et qu’aucun Blanc ne nous viendrait en aide. On évitait les plus agressifs pour ne pas risquer une provocation. Il y avait une échelle des rangs tacite. Tout en haut l’Arabe, juste après le Blanc racaillisé, suivi de l’intello et du lèche-cul, puis nous… et tout en bas la balance ! »
Une seule stratégie de survie : faire profil bas. Ce que corrobore Camille, qui a fait une partie de son secondaire à Montreuil, il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui résolument identitaire, elle m’avoue avoir physiquement dépéri. « Il n’y avait plus rien de féminin en moi. » Montrer ses jambes est haram. « Quand on vit dans cet environnement d’extrême minorité, on comprend vite qu’il ne faut pas être fort, viril ou tenir tête. Beaucoup de discours de droite très virilistes m’amusent parce qu’ils émanent de gens qui n’ont jamais vécu en totale minorité, ce qui a été mon cas dès l’entrée en sixième : deux Blancs. Seule la soumission vous sauve. Ce n’est que plus tard qu’on conscientise. Sur le moment, il n’y a pas d’échappatoire. La violence est quotidienne tant et si bien qu’il faut être constamment sur ses gardes. Tout peut rapidement déraper à partir d’un quiproquo dérisoire. Le rapport d’autorité est totalement inversé avec des gamins de 11-12 ans. Certains profs sont terrifiés par les élèves (j’entends physiquement terrifiés). Dans la cour du collège, il y avait un tableau Velleda qui égrenait tous les matins la liste des profs absents. Certains jours, il n’y avait pas de cours. » (François Bousquet)
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2 réponses à “Revue Éléments n°210 : racisme antiblanc à l’école, un tabou français”
Reconnaitre le racisme, ancestral peut-on dire, anti-blanc dans les ecoles, c’est enfin, une lueur d’espoir et d’intelligence !!! Et avec nos gouvernements successifs à forte tendance passive sinon gauchisante, on marchait sur la tête !!!
le blanc est raciste! le racisme antiblanc n’existe pas! c’est ce que disent les gauches