À travers le monde, il est des capitales plus ou moins connues. Si Paris règne en maître sur la France, Granville rayonne pour sa part sur la pêche aux bulots. Mais le coquillage qui a fait l’âge d’or du port de pêche de la « Monaco du Nord » se fait de plus en plus rare.
Loin d’être anecdotique, le bulot est la deuxième espèce débarquée en termes de volume à la criée de Granville. Donc autant dire que le moral n’est pas au beau fixe sur les quais tandis que plusieurs marins-pêcheurs ont déjà mis en vente leur navire. D’autres envisagent de les imiter.
La faute à une ressource de bulots en forte baisse, malgré l’obtention d’une Indication géographique protégée (IGP) Bulot de la Baie de Granville en 2019. À l’époque, les pêcheurs granvillais étaient loin de pressentir qu’un tel mauvais temps se profilait à l’horizon.
Pourtant, certains signaux inquiétants étaient déjà présents : en raison d’une température de la mer devenue trop élevée en Manche Ouest, les bulots avaient déjà entamé depuis plusieurs années leur migration vers des eaux plus septentrionales et donc plus froides afin de pouvoir se reproduire en hiver.
Alors que la campagne de pêche 2024 s’ouvrait au mois de mai en Manche Ouest, les inquiétudes des marins de Granville ont été confirmées durant l’été. La saison a en effet été catastrophique avec une ressource presque totalement absente.
Conséquence : selon Marc Delahaye, directeur du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Normandie cité par le quotidien local La Presse de la Manche le 25 septembre dernier, « on serait à -8 % en volume sur la côte ouest selon les derniers calculs ».
Cette raréfaction n’a pas fait par ailleurs monter les prix du bulot pour autant. Après un prix moyen d’environ 4 euros le kilo en 2023, le cours du coquillage est retombé à 2,30 euros en 2024 à la criée de Granville. Une baisse des coûts qui s’explique en grande partie par la décision de plusieurs acteurs de la grande distribution d’importer des bulots d’Écosse ou encore d’Irlande. En raison d’un bulot français « devenu trop cher par rapport à son image de marque », ajoute Marc Delahaye.
Actuellement à Granville, selon le titre de presse, une vingtaine de navires sur la soixantaine que compte le port de pêche sont directement impactés par cette raréfaction du bulot. Par chance pour la filière pêche locale, la saison de la coquille Saint-Jacques, première espèce débarquée à la criée de Granville, est de retour. Mais ne permettra malheureusement pas de redresser la barre pour certains bulotiers.
Crédit photo : Capture YouTube (photo d’illustration)
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3 réponses à “Granville (50). Le port de pêche survivra-t-il à la raréfaction des bulots ? [Vidéo]”
Un peu coriaces les bulots, les laisser 4 h dans de l’eau salée avec une cuillerée de vinaigre pour évacuer le sable, cuire à feu doux avec bouquet garni. Un jour un aimable campagnard qui me louait un gîte m’a fait un cours sur « le premier port bulotier » de France , je l’ai écouté poliment. A défaut de bulots qu’ils arment à la Course en Manche!
Dans le reportage on nous apprends, si les chiffres sont exacts, qu’entre 6 et 9000 tonnes de bulots sont pêchés chaque année et l’explication pour sa raréfaction est le réchauffement des eaux de la baie. Il a bon dos le réchauffement. À environ vingt grammes la bestiau ça fait environ cinquante individus au kilo, soit 50 000 à la tonne. Multiplié par 9000 çà nous fait 450 000 000 (450 millions) de bulots qui finissent dans les assiettes. Au lieu de songer à obtenir une indication géographique protégée les pêcheurs devraient plutôt envisager de protéger la ressource.
Comme d’autres ont fait pour la coquille St Jacques que nos voisins anglais viennent rafler en baie de Seine!