L’exhumation de Thorin, un Néandertalien découvert dans la grotte Mandrin en 2015, apporte des éléments clés sur l’énigme de la disparition de cette espèce, qui peupla l’Eurasie pendant près de 300 000 ans. Ce fossile, daté d’environ 40 000 ans, ouvre une nouvelle perspective sur la coexistence des Néandertaliens et de l’Homo sapiens, et dévoile les circonstances mystérieuses de leur remplacement progressif par notre espèce.
La grotte Mandrin : un site archéologique exceptionnel
Située dans la vallée du Rhône, la grotte Mandrin a été préservée par les sables du mistral pendant 80 000 ans, conservant des traces d’occupations humaines successives. Les recherches menées par Ludovic Slimak et son équipe ont révélé non seulement des fossiles de Néandertal, mais aussi des signes d’occupation par les Homo sapiens il y a environ 54 000 ans. Cette chronologie montre que les deux espèces ont pu se côtoyer, offrant un aperçu rare des interactions entre Néandertaliens et Homo sapiens.
La découverte d’outils en silex, dont des pointes, laisse supposer que les premiers Homo sapiens utilisaient déjà des arcs pour chasser, repoussant ainsi la date supposée de l’invention de l’archerie de plusieurs dizaines de milliers d’années. Ce détail, crucial dans l’étude des technologies préhistoriques, suggère une avancée technologique insoupçonnée de la part des premiers Homo sapiens installés dans la région.
Néandertal et Homo sapiens : une rencontre fascinante
L’étude de Thorin, surnommé d’après le roi nain de Tolkien, met en lumière des différences et similitudes frappantes entre Néandertaliens et Homo sapiens. Les traces de suie retrouvées dans la grotte, analysées avec des techniques modernes, montrent des périodes d’occupation intensive par les Néandertaliens. Ces résultats indiquent que loin de se retirer ou de disparaître brusquement, les Néandertaliens auraient cohabité avec l’Homo sapiens, donnant lieu à des échanges culturels et peut-être même à des accouplements.
L’ADN de Thorin, révélateur de liens avec des populations néandertaliennes d’Europe du Sud, confirme la diversité génétique de cette espèce et dessine une « branche méditerranéenne » de Néandertal. Cette découverte change notre compréhension de l’histoire de cette espèce, dont l’extinction pourrait avoir été bien plus progressive que les théories précédentes ne le laissaient penser.
L’énigme de l’extinction des Néandertaliens
La disparition de l’Homme de Néandertal reste une question complexe pour les chercheurs. Bien qu’ils aient survécu aux variations climatiques et aux périodes de glaciation, les Néandertaliens ont finalement cédé la place à Homo sapiens, qui présentait sans doute des avantages en termes d’adaptabilité et de culture matérielle. La présence de pointes de silex sophistiquées et d’indices sur l’usage d’arcs chez Homo sapiens montre des innovations techniques qui auraient pu contribuer à leur succès.
Les dernières découvertes suggèrent que l’extinction de Néandertal ne fut pas un simple remplacement rapide mais un processus étalé sur des milliers d’années, marqué par une compétition inégale et, potentiellement, par une intégration partielle des Néandertaliens dans les groupes d’Homo sapiens. En effet, les analyses génétiques récentes montrent que les populations modernes, en dehors de l’Afrique, possèdent environ 2 % d’ADN néandertalien, preuve de contacts inter-espèces.
Un reportage d’Arte captivant sur l’origine et la fin d’une espèce
Un documentaire d’Arte (voir ci-dessous) riche en découvertes archéologiques, archéologiques, et paléogénétiques, dévoile l’une des plus grandes énigmes de la Préhistoire. Les fouilles de la grotte Mandrin, les analyses ADN, et l’étude des outils mettent en évidence la complexité de l’histoire humaine, marquée par des rencontres, des échanges et des confrontations entre espèces.
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2 réponses à “Thorin, le Néandertalien de la Drôme : Retour sur une découverte majeure sur la disparition de l’Homme de Néandertal”
Le destin des Néandertaliens est si fascinant que les chercheurs ont du mal à se retenir de bâtir des récits à partir des maigres indices dont ils disposent. Leurs narrations sont parfois contradictoires : tout auteur d’une découverte, vite déclarée « significative », propose la sienne. Ainsi, selon certains, les Néandertaliens habitaient en extérieur et non dans des grottes (cf. l’abri néandertalien présenté lors d’une intéressante exposition au Muséum de Nantes et au Chronographe de Rezé en 2020) ; là, on va nous décrire Néandertal à partir de ce qu’on a trouvé dans la grotte Mandrin… Au bout du compte, on ne connaît que quelques centaines de restes, incomplets pour la plupart, principalement trouvés en Europe.
Qu’enseignent-ils vraiment sur d’éventuels rapports entre Sapiens et Néandertaliens ? Une seule chose : en moyenne, 2 % du patrimoine génétique de l’homme contemporain serait d’origine néandertalienne. Preuve certaine d’au moins quelques contacts entre les deux espèces, mais pas de la nature de ces contacts. Des esprits romantiques imaginent des idylles entre des Roméo et des Juliette des deux espèces. Hélas, le viol n’est sûrement pas une invention contemporaine.
Je suis poilu comme un singe, fort comme un taureau et super intelligent: la preuve vivante que mes deux ancêtres ont partagé le même lit.