Le bras de fer se poursuit entre la Hongrie et la Commission européenne sur la question de la maîtrise de l’immigration illégale.
Lundi 7 octobre, le ministre hongrois des Affaires européennes, Janos Boka, a annoncé sur le réseau social X qu’il avait rédigé un courrier à destination d’Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des affaires intérieures, pour lui demander de retirer la Hongrie des règles de l’UE en matière d’asile.
In a letter to @YlvaJohansson Hungary, like NL🇳🇱 requested opt-out from EU’s asylum & migration acquis should a Treaty amendment take place in the future & will initiate the appropriate procedures to this effect. At the same time, HU🇭🇺 remains committed to the Schengen Area. 1/2 pic.twitter.com/cvxUhBAKIB
— Bóka János (@JanosBoka_HU) October 7, 2024
Dans sa lettre, Janos Boka réclame un amendement des traités de l’UE permettant à certains pays d’être exemptés des règles régissant les frontières des États membres. « La Hongrie estime que le rétablissement d’un contrôle national plus fort sur l’immigration est désormais la seule option pour endiguer efficacement l’immigration clandestine », peut-on lire sous la plume du ministre hongrois des Affaires européennes.
Selon ce dernier, les entrées irrégulières de migrants constituent « une menace pour la sécurité nationale » de la Hongrie. Mais la procédure visant à déroger aux règles de l’UE sur l’asile a, en réalité, peu de chances d’aboutir car une dérogation à un traité européen ne peut être consentie qu’avec l’accord des 27 États membres. Et, comme le rappelle le média Euractiv, Bruxelles avait précisé ne pas prévoir de « changements immédiats » suite à la requête des Pays-Bas au mois de septembre dernier.
C’est dans ce contexte toujours aussi tendu entre Budapest et Bruxelles que le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a tenu une conférence de presse mardi 8 octobre au Parlement européen à Strasbourg. Une intervention durant laquelle il a abordé la question de l’immigration clandestine. En expliquant que, selon lui, l’UE était aujourd’hui confrontée à une situation bien plus grave qu’en 2011, année où la Hongrie avait pris la présidence du Conseil pour la première fois de son histoire.
Pour Viktor Orbán, la crise migratoire de 2015 n’est pas terminé et « les risques pour la sécurité de l’espace Schengen sont très sérieux ». « Vous pouvez proposer n’importe quel type de pacte migratoire, mais la migration ne peut être stoppée que par la mise en place de contrôles », a-t-il ajouté.
Le Premier ministre hongrois, qui prône par ailleurs la mise en place de « hotspots en dehors de l’UE » pour freiner l’immigration illégale, n’a pas manqué, en conclusion de son intervention, de noter que les lignes avaient bougé en Europe ces dernières années : « Depuis 2015, tout le monde a dit que j’étais un idiot ou que j’étais mauvais pour avoir ce point de vue. Mais au bout du compte, tout le monde finira par être d’accord avec moi ».
À noter enfin qu’une partie des députés européens ont entonné le chant communiste italien « Bella Ciao » au sein de l’hémicycle suite à l’intervention de Viktor Orbán le lendemain, mercredi 9 octobre :
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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