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A la découverte des Saints Bretons. Le 8 octobre, c’est la Saint Pierre Keriolet et la Saint Morgan

Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.

Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».

En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.

Le 8 octobre, c’est la Saint Pierre Keriolet et la Saint Morgan

Morgan. De mor, « grand », et -gann adouci de kann, « brillant, pur » ; la traduction « né de la mer » est erronée. Au pays de Galles, le petit-fils de Meurig ap Twedrig a donné son nom au comté du Morgannwg ou Glamorgan, dont la capitale est Cardiff.

Pierre de Kériolet naît à Auray le 14 juillet 1602. Dernier d’une famille de 4 enfants dont il est le seul garçon, il passe son enfance au château de Kerlois, sur la commune de Pluvigner. Malgré une bonne éducation chrétienne, il pose, tout jeune, des problèmes à ses parents par sa méchanceté et sa violence. Ne pouvant l’éduquer comme il le souhaite, ils l’inscrivent au collège des Jésuites à Rennes, mais cela ne retient en rien son intérêt pour les loisirs et le libertinage.

Il a 22 ans environ quand , après avoir volé ses parents, il s’enfuit de chez eux: c’est le début d’une vie d’aventures inimaginables.

Il décide alors de rejoindre le Grand Turc et de se faire mahométan. Pour ce faire, il prend un bateau sur le Danube, mais ne peut dépasser la Hongrie, il tente de s’embarquer pour Constantinople depuis Venise, en vain. Il s’installe alors à Paris, se lance dans la débauche et la sorcellerie : il est tout dévoué à Satan.

Quand il décide de revenir en Bretagne, il est plus violent que jamais et se fait rapidement beaucoup d’ennemis. Sa fureur du duel, malgré l’interdiction du roi, le pousse même à provoquer les soldats du gouverneur de Bretagne.

Cette rage le pousse à se faire soldat ; il participe ainsi aux guerres italo-allemande. Mais, en rebellion contre la discipline militaire, il quitte l’uniforme à peine un an après son enrôlement.

Son père meurt à cette époque, lui laissant ainsi qu’à ses soeurs un héritage important. Pierre de Kériolet se fait alors Huguenot et obtient de sa famille des avantages importants sur l’héritage en échange de son retour à l’Eglise catholique, et devient ainsi le maître d’une immense fortune.

Plus tard, il a l’ambition de devenir magistrat au parlement de Bretagne, la plus haute cour de justice de la province. Il acheta la charge, passa un petit examen qu’il ne put éviter et le réussit ! Ce fut un immense scandale: Kériolet, juger les autres ! Il put à tout loisir semer la discorde en envenimant les plaintes jusqu’à régler les affaires à l’épée.

Dans le même temps il multipliait les aventures, se plaisant à « cajoler les plus belles et tromper les plus sottes ». Quand il entrait dans une église, c’était pour se moquer des fidèles, singer le prêtre et tourner en dérision toute chose sacrée.

Cependant, tout n’était pas mauvais chez cet homme  : toujours il fit preuve de bonté envers les pauvres, ne refusant jamais l’aumône bien qu’il refusât toujours qu’on le remercie ou qu’on appelle sur lui la banadiction de Dieu. Par ailleurs, il récitait chaque jour un « je vous salue Marie » : par habitude d’enfance, superstition, promesse faite à sa mère? Nul ne le sait.

Une nuit, il eut une vision de l’enfer qui le troubla profondément ; il se confesse, commence à fréquenter l’église et rentre même au couvent, à la Chartreuse d’Auray. Mais au bout de huit jours il en sort et devient pire qu’avant.

Nous sommes en 1635. Pierre de Kériolet mène belle et grande vie : vie pleine d’impiété, de débauche, de reniement.

C’est alors qu’il entend parler d’évènements étranges qui se passent dans la ville de Loudun : on entend dire que toutes les religieuses d’un couvent sont possédées par le démon et que l’on y fait des exorcismes. Par curiosité malsaine, Kériolet accourt, accompagné de deux compagnons de libertinage. Quatre jours durant il assiste aux exorcisme et en est impressionné. Le cinquième jour, il est pris à partie par une séculière que l’on exorcisait : elle s’adresse à lui, lui cite des faits précis de sa vie, lui rappelle son voeu non accompli d’aller en pèlerinage à Notre-Dame de Liesse et son séjour à la Chartreuse. Intrigué, Kériolet interroge :

« Pourquoi ai-je quitté la Chartreuse ? »

« Dieu ne pouvait souffrir un homme si impur dans une si sainte maison. Blasphémateur et athée ! Est-il possible qu’un tel homme reçoive miséricorde ? Ô injustice divine ! » lui est-il répondu.

Vaincu, Kériolet fait une confession publique, puis se confesse au père Archange, l’exorciste de Loudun. Nous sommes le 3 janvier 1636, Kériolet a 34 ans et vient d’être touché par la grâce. Le lendemain, le démon lui parlera à nouveau, disant que sa conversion est une conquête de Marie.

Sur le chemin qui le ramène en Bretagne, Kériolet se fait mendiant, et de retour dans son château de Kerlois, il mène une vie austère faite de prière, de jeûne et d’aumônes. Onze ans après les apparitions de Sainte Anne à Nicolazic, le pèlerinage est en pleine expansion et Kériolet va aider à son développement par sa générosité.

Kériolet : aumônier des pauvres

Le 7 mars 1637, il est ordonné diacre, et le 28 mars de la même année, Monseigneur de Rosmadec l’ordonne prêtre. L’impossible est devenu réalité : le bandit de Kerlois est devenu prêtre.

Cependant, sa conversion ne signifia pas la fin des tentations. Il dut lutter beaucoup et prier de toutes ses forces pour ne pas succomber.

Sa maison devint un véritable hôpital pour les mendiants. Il avait une attention particulière pour les malades et les infirmes, voyant le Christ dans chacun d’entre eux.

Les années passaient, et autant Kériolet avait inspiré la peur, autant il inspirait dorénavant le respect et la vénération. On voulait le voir, le consulter : mais il se dérobait toujours, voulant demeurer l’aumônier des pauvres. Il voulait toujours réconforter et apaiser et était rempli de miséricorde pour les pêcheurs.

En 1658, il tomba malade. Ce fut une rude épreuve, car touché par la grâce, il craignait cependant de paraître devant Dieu à cause de sa vie passée et des péchés qui le tourmentaient sans cesse. Il alla mieux et continua sa mission malgré une grande fatigue.

Il venait de plus en plus souvent au Sanctuaire de Sainte Anne où les Carmes lui avait réservé une cellule.

Dans la nuit du 21 au 22 septembre 1690, il tomba gravement malade. Le 5 octobre il reçut le sacrement des malades et mourut le 8 octobre : il avait 58 ans.

On accourut de tous les environs pour assister à ses obsèques. Il fut enterré dans la chapelle de Sainte Anne, entre la grille du Choeur et les marches de l’Autel et l’on grava sur son tombeau :
« Ci-gît Pierre de Kériolet conquête de Marie.
Il en fut le fidèle et zélé serviteur. »

Lorsque la chapelle fut détruite pour faire place à la basilique actuelle, ses restes furent déposés sous l’autel au fond de la basilique, côté nord, face au tombeau d’Yvon Nicolazic.

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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3 réponses à “A la découverte des Saints Bretons. Le 8 octobre, c’est la Saint Pierre Keriolet et la Saint Morgan”

  1. FIFI dit :

    voilà un récit qui signifie bien que seules les voies de DIEU sont impénétrables !!!
    MERCI AMITIES

  2. Jobig dit :

    Pierre Le Gouvello de Kériolet n’a pas été canonisé ni même béatifié. On ne peut le nommer comme saint, mais prier pour sa béatification.

  3. René Le Honzec dit :

    J’en ai encore appris sur Pierre de Keriolet, merci! Je ne manque jamais de réciter un Pater et un Ave(en breton!) devant son tombeau lorsque je vais à Sainte-Anne, après avoir fait de même en face devant celui de Nicolazic…Il y a un livre d’intentions pour sa béatification avec beaucoup de remerciements récents. Comme quoi Pierre est toujours d’actualité!

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