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Le Collier de l’Hermine : Histoire et actualité 2024 d’une distinction bretonne

La cérémonie de la remise des Colliers de l’Hermine 2024 aura lieu à Argentré-du-Plessis ce 5 octobre à 14 heures. Les 4 nominés cette année sont Saig Jestin, Lukian Kergoat, Éamon Ó Ciosáin et Irène Frachnon. Retour sur la symbolique de cette cérémonie .

Le Collier de l’Hermine (Urzh an Erminig en breton)  est une distinction honorifique unique en Bretagne, visant à célébrer et honorer les personnes ayant œuvré de manière remarquable pour la préservation et la promotion de la culture bretonne. Depuis sa création en 1972, cette médaille représente un symbole de reconnaissance pour les personnalités ayant contribué à la valorisation de l’identité bretonne, tant en Bretagne qu’au-delà de ses frontières. Plongeons dans l’histoire de cette distinction emblématique et découvrons son actualité.

Les Origines du Collier de l’Hermine

Le Collier de l’Hermine trouve ses racines dans l’Ordre de l’Hermine, créé en 1381 par le duc Jean IV de Bretagne. Cette distinction avait pour but de récompenser les chevaliers bretons pour leur loyauté et leur bravoure. À l’époque, l’hermine, symbole de pureté et d’honneur, était l’emblème du duché de Bretagne. Elle incarnait les valeurs de fidélité et d’engagement, des qualités chères aux Bretons.

Avec l’union de la Bretagne à la France en 1532, l’Ordre de l’Hermine fut dissous, et ce n’est qu’au XXe siècle que l’idée de faire renaître cette distinction émergea. En 1972, l’Institut culturel de Bretagne relance cette distinction sous le nom de Collier de l’Hermine, cette fois pour récompenser non plus des actes de bravoure militaire, mais des contributions culturelles significatives. .

Le Collier de l’Hermine : symbolisme et signification

Le collier lui-même est orné de motifs représentant des hermines stylisées et des triskèles, des symboles celtiques traditionnels évoquant le dynamisme et la continuité. Le ruban jaune et noir, couleurs de la Bretagne, fait également partie intégrante du collier. Les récipiendaires du Collier de l’Hermine reçoivent ainsi bien plus qu’une médaille ; ils deviennent les ambassadeurs de la culture bretonne et de ses valeurs, qu’ils sont chargés de promouvoir et de transmettre aux générations futures. Le collier est une œuvre artistique créée par Pierre Toulhoat, qui est remise chaque année à des lauréats, quelle que soit leur nationalité. En 2021, on comptait 149 récipiendaires, désignés sous le nom d’Herminés.

La liste des récipiendaires est variée : artistes, écrivains, linguistes, militants culturels ou encore chefs d’entreprises, tous ayant contribué de manière significative à l’épanouissement de l’identité bretonne.

L’origine de cette distinction remonte à 1972, lorsqu’un sénateur, Georges Lombard, succéda à René Pleven à la présidence du Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB). Afin de marquer ce passage de relais et honorer Pleven, en poste depuis 1951, Lombard décida de rétablir l’ordre instauré par le duc Jean IV. C’est ainsi que le Collier de l’Hermine fut décerné pour la première fois lors d’une cérémonie au palais des congrès de Pontivy, le 29 septembre 1972, en présence de figures politiques, culturelles et économiques de la Bretagne.

Après une interruption de quinze ans, l’Institut Culturel de Bretagne reprit en 1988 la gestion de cette distinction. Depuis lors, le Collier est remis presque chaque année à quatre personnalités (parfois plus), en reconnaissance de leurs actions en faveur de la culture bretonne.

L’Ordre de l’Hermine est administré par un conseil composé d’un chancelier et de deux vice-chanceliers. Actuellement, ces fonctions sont assurées par Yann Choucq, Yves Lainé, et Riwanon Kervella. Le siège de l’ordre est situé à Ti ar Vro, à Vannes, où l’Institut Culturel de Bretagne a également ses bureaux.

Depuis sa création, l’Ordre de l’Hermine a honoré des personnalités de tous horizons – artistes, écrivains, militants culturels, et bien d’autres. Parmi les premiers récipiendaires, on trouve René Pleven, récompensé en 1972, suivi de figures notables comme Alan Stivell, icône de la musique bretonne, ou encore Yann-Fañch Kemener, chanteur traditionnel.

L’ordre n’a cessé de s’enrichir de figures marquantes de la Bretagne et au-delà, y compris des étrangers ayant contribué au rayonnement de la culture bretonne. Par exemple, l’Italien Gabriele Pescatore, qui fut honoré dès 1973, ou encore l’Américain Lois Kuter en 1995.

Chaque année, la liste des lauréats est publiée, mettant en lumière les actions et les initiatives culturelles d’individus qui œuvrent au développement de l’identité bretonne dans un contexte toujours en évolution.

En 2023, l’Ordre de l’Hermine a honoré Nathalie Beauvais, chef engagée pour la gastronomie bretonne, Joël Cornette, historien, ainsi que Monique Le Boulc’h et Ronan Le Coadic, tous deux acteurs de la promotion de la culture et de la langue bretonnes. Chaque cérémonie de remise de prix est l’occasion de rappeler l’importance de ces contributions pour la Bretagne et son identité.

Ainsi, l’Ordre de l’Hermine continue de jouer un rôle essentiel dans la reconnaissance et la valorisation de la Bretagne et de sa culture, en honorant ceux qui se consacrent à son rayonnement.

Aujourd’hui, le Collier de l’Hermine continue de jouer un rôle essentiel dans la promotion de la culture bretonne. Chaque année, de nouveaux récipiendaires sont sélectionnés pour leurs contributions exceptionnelles. En 2023, par exemple, le Collier a été décerné à plusieurs personnalités engagées dans la valorisation de la langue bretonne, les arts traditionnels, et la préservation de l’environnement en Bretagne.

Cette distinction s’adapte également aux enjeux contemporains, en honorant des initiatives en lien avec l’écologie, la technologie et les nouveaux médias. Les lauréats du Collier de l’Hermine ne sont pas seulement des gardiens de la tradition, mais aussi des acteurs du changement, qui s’efforcent d’intégrer la culture bretonne aux défis du XXIe siècle.

Les Nominés du Collier de l’Hermine 2024 : Quatre figures engagées

Saig Jestin : L’Homme des Talus et Défenseur du Bocage Breton

Saig Jestin a consacré sa vie à préserver les talus, éléments emblématiques du paysage breton, dont il a été témoin de la destruction massive dans les années 1960-70 lors des opérations de remembrement. Enseignant au lycée agricole de Pommerit-Jaudy dans les années 1980, il a formé ses élèves à reconstruire ces talus et à en comprendre l’importance écologique et culturelle. Avec eux, il a contribué à restaurer trois kilomètres de talus dans le Trégor, sensibilisant ainsi la communauté et les élus à l’importance de ces structures.

Jestin a fondé l’association Skol ar C’hleuzioù (l’École des Talus), qui organise des chantiers ouverts à tous pour restaurer le bocage breton. En parallèle, il a créé des sentiers de randonnée à travers le bocage, agrémentés de panneaux explicatifs bilingues. Ancien maire de Pouldouran et défenseur de la langue bretonne, Jestin est également le sujet du film documentaire Saig Jestin Medisin ar c’hleuzioù, qui retrace son parcours et son engagement.

Lukian Kergoat : Linguiste et Gardien de la Langue Bretonne

Né en 1948 à Plogonnec, Lukian Kergoat est un linguiste et universitaire renommé pour son engagement en faveur de la langue bretonne. Après des études d’histoire et de géographie, il devient maître de conférences en breton à l’Université Rennes 2, où il dirige le département et contribue à l’essor de l’enseignement en breton. Il a également créé un centre de terminologie pour normaliser le vocabulaire technique utilisé dans les écoles Diwan.

Kergoat a œuvré pour l’officialisation de la signalisation bilingue en Bretagne et a mis en place des groupes de travail pour développer des ressources pédagogiques en breton. Auteur prolifique, il a écrit de nombreux ouvrages et recueils sur les proverbes et expressions bretonnes, participant activement à la valorisation et la transmission de cette langue.

Irène Frachon : Lanceuse d’Alerte et Héroïne du Scandale du Mediator

Pneumologue au CHU de Brest, Irène Frachon est connue pour avoir révélé le scandale du Mediator, un médicament coupe-faim commercialisé par le laboratoire Servier. En 2007, elle expose les risques graves liés à ce médicament, qui a causé des centaines de décès. Son combat a abouti à la condamnation de l’entreprise et l’a propulsée comme une figure emblématique de la lutte contre les abus des industries pharmaceutiques.

Auteur du livre Mediator 150 mg, combien de morts ?, Frachon a inspiré le film La Fille de Brest ainsi qu’une pièce de théâtre. Elle continue de sensibiliser le public aux dangers de certains médicaments grâce à des initiatives comme une bande dessinée sur le Mediator.

Éamon Ó Ciosáin : Promoteur du Breton en Irlande et Chercheur en Histoire Celtique

Éamon Ó Ciosáin, né à Dublin en 1959, est un linguiste et historien ayant consacré sa carrière à la promotion du breton en Irlande. Professeur à l’Université Nationale d’Irlande à Maynooth, il a enseigné le breton et le français pendant plus de quinze ans, tout en contribuant à la traduction de textes gaéliques en breton. De 1980 à 1988, il a également enseigné l’irlandais en Bretagne.

Ó Ciosáin a travaillé sur l’histoire des migrations irlandaises en Bretagne et a collaboré avec divers artistes et chercheurs pour créer des œuvres célébrant les liens entre les cultures celtiques. Engagé dans les médias communautaires, il participe régulièrement à des émissions sur la culture irlandaise et bretonne, partageant ses observations sur les politiques linguistiques dans les deux régions.

Le Collier de l’Hermine demeure une distinction essentielle pour ceux qui s’engagent à promouvoir la culture et l’identité bretonnes. En perpétuant l’esprit de l’Ordre de l’Hermine médiéval, il s’est modernisé tout en restant fidèle à ses valeurs fondatrices. Plus qu’une simple médaille, le Collier de l’Hermine est aujourd’hui un symbole vivant et actuel de la Bretagne, une région fière de son héritage et tournée vers l’avenir.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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