Le conseil des ministres italiens vient d’approuver le nouveau « décret sur les flux » qui détermine le quota maximum de citoyens non-européens pouvant entrer sur le territoire pour des raisons professionnelles (saisonnières ou non). Ce chiffre est établi en fonction des « besoins du marché du travail » et des relations diplomatiques entre l’Italie et les pays de provenance de ces migrants économiques.
Grâce à ce décret qui est voté année après année, Rome a légalisé l’entrée de 136.000 ressortissants étrangers pour l’année 2023, 151.000 étrangers pour l’année 2024, et attend 165.000 ressortissants étrangers pour l’année 2025, à embaucher principalement dans les secteurs du tourisme et de l’agriculture. Si cette année, plusieurs dispositions ont été introduites pour limiter les fraudes, ces chiffres peuvent paraître étonnants, surtout après les déclarations de Giorgia Meloni se félicitant de la réduction de 62% les entrées de clandestins dans le pays en 2024 par rapport à l’année précédente. Tout en oubliant de préciser que 2023 fut une année particulièrement noire, puisqu’elle enregistrait une hausse de 50% par rapport à 2022 et de 130% par rapport à 2021. On est donc, en 2024 et en matière d’immigration clandestine, retourné aux valeurs de 2022. Peut-on pour autant crier victoire ?
Apparemment oui, pour le parti dit d’extrême droite au pouvoir, car l’invasion migratoire n’est appréhendée que sous l’angle de la légalité. Non à l’immigration illégale, oui à l’immigration légalisée. On se souvient des mots du ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida en mars 2023 :
« Nous travaillerons cette année pour faire entrer légalement quelques 500.000 immigrés en situation régulière. (…)
À ceux qui nous accusent d’être contre l’immigration nous leur répondons que nous ne sommes pas contre l’immigration mais contre l’illégalité. L’immigration illégale est l’ennemie de l’immigration légale. »
Et tant pis, si le résultat est le même en matière d’identité et de sécurité.
Plutôt que de résoudre les problèmes cruciaux que sont le coût et les conditions de travail de certains secteurs, on importe de la main-d’œuvre à bas prix . La litanie « l’immigration est l’armée de réserve du capital » ne s’est jamais mieux portée, tout comme l’expression « grand remplacement« . Car en ce qui concerne la démographie, c’est la même démarche : plutôt que d’encourager la natalité en soutenant les familles italiennes et de repenser le système de retraite, on importe des étrangers qui prendront la place des autochtones.
Ce système ne fonctionne sans autre fin que son propre fonctionnement. Aucune vision à long terme n’émerge, car les révolutions à mener sur les politiques économiques et sociales – mesures natalistes, revalorisation de certains emplois et de la formation des métiers manuels, réduction drastique du coût du travail qui étrangle les employeurs – sont à établir sur le temps long. Une mesure du temps inconcevable pour nos dirigeants qui ne pensent qu’aux prochaines élections.
Alors en attendant, on mise tout sur l’immigration, à droite comme à gauche.
Audrey D’Aguanno
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2 réponses à “Le nouveau « décret sur les flux » de migrants approuvé en Italie : 165.000 travailleurs étrangers attendus en 2025”
au moins en italie ils doivent repartir chez eux après avoir rempli leur mission
La déclaration du ministre Lollobrigida (ce nom rappellera quelque chose aux vieux *) est sidérante.
L’Italie, pour moi le plus beau pays du monde et la langue la plus musicale – mais je ne suis jamais sorti d’Europe, évolue tout de même un peu avec Giorgia. Pas assez, c’est sûr.
* pardon, « aux personnes en situation de seniorité »