Le travailleur breton habitant les abords du Golfe du Morbihan est pris entre deux feux : d’un côté, le foncier est inabordable du fait de la hausse des prix de l’immobilier associé à la hausse des coûts des matériaux, de l’autre, les logements dits « sociaux » pullulent dans les programmes immobiliers ambitieux. C’est ainsi qu’à Plescop, petite ville tranquille au nord de Vannes, la municipalité a lancé un programme de 630 logements neufs ! Ces logements couvriront tout le camaïeu des solutions d’habitations : petits collectifs, individuels, maisons mitoyennes, etc… Parfait et fort à propos dans un secteur où la tension sur les maisons et appartements est proverbial ! Cerise sur le kouign amann : l’ensemble portera un nom en breton : Park Nevez !
La première tranche de ce programme géré par Bretagne Sud Habitat concerne 147 logements collectifs et individuels. Les premiers travaux viennent même d’être lancés ! Or, la loi impose 30% de logements sociaux dans tout programme immobilier. Et c’est là que l’inquiétude commence… La mairie de Plescop annonce la couleur sur son site internet : « Ce nouveau quartier affirme notamment la volonté de garantir une mixité sociale au sein d’un environnement respectueux de la nature. » Mixité sociale…. ou mixité ethnique ? Est-ce que les logements sociaux seront attribués prioritairement à certains types de population comme c’est déjà le cas ailleurs ou tout le monde, autochtones compris, aura-t-il sa chance ? Les familles indésirables à Ménimur ou Kercado seront-elles « évacuées » vers la campagne afin de désengorger ces quartiers en pleine dérive mafieuse comme c’est déjà largement le cas dans la ruralité morbihannaise ?
Bretagne Sud Habitat (rebaptisé localement Morbihan Habitat) annonce, sur son site internet, un prix de terrain à 57 800€ (hors frais de notaire) pour 303m², « ceci est le plus petit terrain que nous ayons » nous indique Morbihan Habitat contacté par téléphone. Bigre ! Ce prix correspond tout de même à la coquette somme de 190€ le m² ! Le prix médian en Bretagne n’étant que de 100€/m², on est là dans le haut de panier.
Nous annonçons à la conseillère Morbihan Habitat un budget maximum pour notre petit ménage ouvrier fictif de 170 000€, poliment, elle nous indique que cela ne suffira pas. Bien entendu, aucun constructeur ne réalise une maison à 110 000€ sans compter les frais de notaire, les maisons bas de gamme commençant environ à 1400€/m². Or, à Park Nevez, le cahier des charges est clair : il faut une grosse part de bio-matériaux dans la construction des logements, etc… en clair, de nouveaux obstacles à l’accession à la propriété des ouvriers ou employés, le tout au nom de « l’Environnement » !
La messe est dite : Park Nevez sera un N-ième programme pour bobos du tertiaire ou jeunes couples parisiens des professions intellectuelles qui veulent quitter « l’enrichissement » de l’Ile de France et la vie urbaine pour une existence en Bretagne pas trop loin de la mer. La gare de Vannes étant à deux pas, ces derniers pourront se rendre à l’agence de com’ du 12è arrondissement une ou deux fois par semaine, sans que cela soit trop contraignant.
Le travailleur breton modeste, quant à lui, ne peut plus accéder au logement à 30km (sinon plus) autour de Vannes. Chassé de chez lui par le « haut » et par le « bas », par la boboïsation et la non priorité autochtone dans l’accès au logement social.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine