L’idée d’interdire le deuxième parti le plus populaire d’Allemagne, le parti de droite Alternative für Deutschland (AfD), a refait surface à la suite des récents succès électoraux du parti. Bien qu’un groupe de législateurs ait manifesté son soutien pour que le parlement fédéral (Bundestag) examine une telle motion, nombreux sont ceux qui hésitent à porter l’affaire devant la cour constitutionnelle, craignant que la cour ne rejette l’interdiction, ce qui profiterait à l’AfD sur le plan politique.
Après la première victoire du parti aux élections régionales en Thuringe et son excellente deuxième place en Saxe et dans le Brandebourg, les forces dominantes s’inquiètent à juste titre de leur capacité à empêcher l’AfD d’avoir une influence politique. Mais au lieu d’écouter les électeurs et de mettre en place de meilleures politiques, comme une position plus ferme sur l’immigration, elles tentent de rendre la vie aussi difficile que possible à leurs rivaux politiques afin de saper leur crédibilité et leur popularité, notamment en désignant le parti comme une « organisation extrémiste présumée », en retenant des fonds publics, en publiant de faux rapports dans les médias et en acceptant d’empêcher l’AfD d’approcher le pouvoir.
Ces dernières années, de nombreux hommes politiques ont suggéré d’interdire purement et simplement le parti, et la question est revenue sur le devant de la scène. Marco Wanderwitz, membre de centre-droit de la CDU au Bundestag, a recueilli plus que les 37 signatures nécessaires pour que le parlement envisage de soutenir une telle motion. Si une telle motion était adoptée, la Cour constitutionnelle déciderait alors si l’AfD constitue une menace pour l’ordre démocratique et l’État de droit du pays.
Dans leur projet de motion, les signataires – les députés de la CDU, des sociaux-démocrates (SPD), des Verts et du parti d’extrême gauche Die Linke – demandent également que l’AfD soit exclue du financement de l’État. « L’AfD est un parti raciste, antisémite et d’extrême droite. Il s’oppose aux principes fondamentaux de l’ordre démocratique libre », peut-on lire dans le projet. Selon l’agence de presse allemande dpa, les législateurs prévoient de présenter la motion aux groupes parlementaires après le 8 octobre.
Cependant, selon la publication conservatrice Junge Freiheit, il semble que la plupart des députés du Bundestag soient réticents à demander à la Cour d’imposer une interdiction, principalement parce que les experts en droit constitutionnel estiment que l’AfD ne remplit pas les conditions requises pour une interdiction, notamment parce qu’elle ne combat pas l’ordre fondamental démocratique libre « de manière agressive et combative ». Si la Cour le jugeait ainsi, ce serait une défaite humiliante pour les autres partis du Bundestag.
« L’échec serait une catastrophe », a déclaré Konstantin Kuhle, du parti libéral FDP, avertissant qu’un rejet par la Cour ne profiterait qu’à l’AfD sur le plan politique. Gesine Schwan, du SPD, a également déclaré qu’une telle décision serait « contre-productive », tandis qu’Alexander Throm, de la CDU, a déclaré que son parti voulait « combattre l’AfD politiquement et dénoncer son extrémisme » et que, par conséquent, la CDU voterait contre la motion au Bundestag.
Sahra Wagenknecht, qui s’est séparée de Die Linke et a fondé son propre parti nationaliste de gauche, qui est arrivé en troisième position lors des dernières élections régionales, a qualifié la proposition de « motion la plus stupide de l’année », affirmant qu’il s’agirait d’un « cadeau de campagne électorale » pour l’AfD.
Néanmoins, le vice-chancelier Robert Habeck des Verts a déclaré que si suffisamment de preuves sont fournies contre l’AfD, la motion devrait être soutenue.
Le parti de droite est actuellement en deuxième position dans les sondages, avec 19 %, un an avant les élections fédérales. Les plus grands perdants des récentes élections régionales, les Verts, les sociaux-démocrates et Die Linke, ont perdu la confiance de leurs partisans, puisque seuls 30 % des électeurs soutiennent encore la coalition de trois partis de gauche et de gauche libérale au sein du gouvernement fédéral.
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